L'épidémie de diarrhée partie d'Allemagne et qui s'étend en Europe s'est encore aggravée jeudi, avec un nouveau décès qui porte le bilan à 18 morts et des centaines de nouveaux cas en Allemagne. De nouveaux cas continuent d'être signalés dans le reste de l'Europe, notamment aux Pays-Bas, et jusqu'aux Etats-Unis. Sept cas ont été répertoriés au Royaume-Uni, a annoncé jeudi l'Agence nationale de protection de la santé. Tous les malades ont apparemment transité par l'Allemagne.
Sur le plan de la recherche, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé jeudi que la souche de bactérie Escherichia coli entérohémorragique est une nouvelle souche jamais détectée auparavant. Les premières analyses génétiques suggèrent qu'il s'agit d'une mutation des deux bactéries Escherichia coli, porteuse de gènes mortels qui expliqueraient pourquoi cette épidémie est si vaste et dangereuse. (Lire également: Epidémie mortelle)
Hilde Kruse, experte en sécurité alimentaire de l'OMS, a déclaré que "c'est une souche unique, qui n'avait jamais été détectée auparavant chez des patients". Cette nouvelle souche a "des caractéristiques variées, qui la rend plus virulente et productrice de toxines".
Le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) a lui confirmé l'identification de la bactérie. Il s'agit d'une souche rare d'une bactérie Escherichia coli, "0104:H4 (Stx2-positive, eae-négative, hly-négative, ESBL, aat, aggR, aap)", selon un communiqué de de l'ECDC, basé à Stockholm.
La Russie interdit l'importation de légumes de l'UE
De son côté, la Russie a interdit jeudi l'importation des légumes frais en provenance de l'Union européenne en raison de l'épidémie mortelle causée par la bactérie ECEH. "L'interdiction des importations de légumes frais, qui concerne tous les pays de l'Union européenne, prend effet ce (jeudi) matin", a déclaré le chef de l'agence de protection des consommateurs Gennady Onishchenko.
Moscou critique l'UE Les légumes déjà importés de l'UE "seront saisis dans toute la Russie", a-t-il ajouté. "J'appelle les gens à oublier les légumes importés au profit des produits locaux", a-t-il poursuivi, estimant que les normes sanitaires étaient suivies en Russie avec plus de professionnalisme que dans l'UE.
L'épidémie "montre que la législation sanitaire européenne, que certains pressent la Russie d'adopter, ne marche pas", a-t-il jugé. La Commission européenne a réagi en indiquant qu'elle allait demander à la Russie des explications sur l'embargo annoncé.
"C'est disproportionné", a déclaré Frédéric Vincent, un porte-parole de la Commission européenne pour les questions de santé publique. "La Commission va écrire aux autorités russes pour demander des explications. Cela représente entre 3 et 4 milliards d'euros de produits européens exportés chaque année, le premier produit étant des pommes", a-t-il ajouté.
Les concombres espagnols blanchis
José Luis Rodriguez Zapatero s'est entretenu jeudi par téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel, qui a promis "que l'Allemagne allait étudier des formules dans le cadre européen afin d'indemniser les agriculteurs affectés", selon un communiqué du gouvernement espagnol.
Angela Merkel a "regretté le préjudice subi par les producteurs espagnols", a ajouté le communiqué.
La Commission européenne a elle levé mercredi soir la mise en garde lancée contre les concombres espagnols soupçonnés d'être à l'origine de l'épidémie. Les recherches ont recommencé avec de nouveaux outils pour lutter contre une des plus graves épidémies de ce type jamais observées dans le monde.
Elle se manifeste par des hémorragies du système digestif, et dans les cas les plus graves, par des troubles rénaux (syndrome hémolytique et urémique, SHU). La Commission européenne a parlé de "crise de consommation partout" en Europe, avec "une diminution radicale de la consommation de fruits et légumes, et pas seulement des concombres", selon un de ses porte-parole.
agences/cer/mre
L'UE demande la levée de l'interdiction russe
La Commission "a protesté cet après-midi auprès de la Fédération de Russie contre l'embargo imposé plus tôt dans la journée à toutes les exportations de légumes depuis l'Union européenne vers la Russie, et a demandé le retrait immédiat de cette mesure", a indiqué l'exécutif européen.
La protestation contre cette mesure, qualifiée de "disproportionnée", a été formulée dans une lettre du commissaire européen en charge de la Santé John Dalli aux autorités russes, a indiqué la Commission.
La Commission a également fait valoir que l'épidémie est circonscrite "à une zone géographique limitée - principalement le nord de l'Allemagne" et qu'elle a "tenu pleinement informés sur la situation de l'épidémie de manière transparente tous ses partenaires commerciaux, dont la Russie, et continuera de le faire".