Le magistrat a décidé – comme la TSR l'avait déjà annoncé la semaine dernière – de ne pas renvoyer devant la justice le policier vaudois qui avait tué un jeune voleur de voiture le 18 avril 2010 sur l'autoroute A1.
Les faits s’étaient produits à un barrage policier, dans un tunnel, près d’Estavayer-le-Lac, après un vol de voiture dans un garage de Lyss (BE). Le policier avait tiré sept coups de feu en direction d’un véhicule. Son passager, un jeune homme de 18 ans, atteint par une balle, avait été tué sur le coup.
Directives respectées
Pour le procureur, les conditions ne sont pas réunies pour condamner l’agent. "Il a été retenu, précise le Ministère public dans un communiqué, que l’agent avait respecté les directives policières en matière de barrages routiers et d’engagement de l’arme et qu'il avait des raisons concrètes de se sentier menacé (…)". Pour le procureur, le gendarme vaudois n’a pas eu l’intention de tuer. Il n’aurait pas visé le conducteur, mais le capot, ignorant la présence d’un passager, lequel se tenait affaissé sur son siège.
"En raison de la vitesse et de la trajectoire du véhicule, le premier tir a touché le bas du pare-brise avant et entraîné le décès du passager", a précisé le magistrat. Les trois tirs suivants ont touché le bas du véhicule.
Famille "outrée"
Aucune absence de scrupules permettant de retenir une mise en danger au sens de la loi ne peut être mise retenue pour ces trois derniers tirs. Le Ministère public précise encore que l'agent a immédiatement déclaré qu'il était effondré par l'issue tragique des évènements.
Dans un communiqué, la famille de la victime présumée se dit "outrée". Elle a déjà fait connaître sa volonté de recourir. Elle estime que le policier a tiré pour arrêter les voleurs, non pas parce qu'il se sentait menacé. Pour la famille, "c'est comme si l'Etat avait tué leur fils et frère une seconde fois", note son avocat Jean-Pierre Garbade dans un communiqué de presse. Quelle que soit l'issue de la procédure pénale dans le canton de Fribourg, la famille compte engager une action en réparation contre l'Etat de Vaud.
De son côté, la police vaudoise a fait part de "sa satisfaction". "Mes pensées vont encore une fois vers la famille du jeune homme", déclare le commandant de la police Jacques Antenen dans un communiqué. "Mais je pense également à mes collaborateurs, et à leurs familles, qui ont aussi été des victimes indirectes de cette affaire". Il rappelle avoir d'emblée contesté "toute idée de bavure".
Gilles Clémençon avec ats