Georges Papandréou, le Premier ministre socialiste, a annoncé jeudi soir à ses députés qu'il renvoyait à vendredi 06H00 gmt l'annonce de son nouveau cabinet, pour prendre en compte leurs remarques. La prestation de serment de la nouvelle équipe est prévue à 10H00 gmt, a précisé une source gouvernementale à l'AFP.
Le Premier ministre concluait ainsi 6h de débats avec son groupe parlementaire, qu'il avait auparavant appelé solennellement à l'unité, face à une contestation croissante du plan d'austérité, qui comporte de nouveaux sacrifices pour les Grecs déjà éprouvés par plus de deux ans de récession, et de hausse du chômage.
Ministre des Finances menacé
Mais l'adoption de ces mesures, lors d'un vote au parlement prévu fin juin, est la condition sine qua non posée par les bailleurs de fonds, UE et FMI, pour débloquer une nouvelle aide financière au pays, une nouvelle fois au bord de la faillite. "Le défi est devant nous, le moment est historique. Soit l'Europe va écrire l'histoire, soit l'Histoire va effacer l'Union européenne", a lancé Georges Papandréou.
Le groupe socialiste, qui dispose d'une courte majorité de 155 députés sur 300, a semblé finalement faire corps derrière son chef, longuement applaudi, alors que 35 députés avaient mené une bronca dans la matinée, exigeant la tenue de cette réunion avant le remaniement. Le remaniement, a souligné Georges Papandréou, vise à donner "plus d'efficacité et de cohésion" au gouvernement.
Les médias grecs tablaient sur un départ de son poste de l'actuel ministre des Finances Georges Papaconstantinou, estimé des créanciers du pays mais devenu le bouc émissaire des députés socialistes. Ce proche de Georges Papandréou est l'artisan du plan de redressement de l'économie lancé en contrepartie du prêt de 110 milliards d'euros accordé au pays en mai 2010 par l'UE et le FMI. Mais cette mise sous perfusion n'a pas permis au pays de retrouver la confiance des marchés.
Pression du FMI
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué jeudi qu'il conditionnait la poursuite de son aide à la Grèce à l'adoption des mesures de politique économique que lui a promises le gouvernement d'Athènes. Le FMI a néanmoins dit être optimiste sur l'apport des financements prévus par les partenaires européens de la Grèce.
Les ministres des Finances de la zone euro ont exigé de la Grèce une deuxième vague de rigueur avant de remettre la main au portefeuille, mais ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur les modalités de leur aide. Les responsables européens ont repoussé jeudi à mi-juillet au plus tôt la finalisation d'un nouveau plan d'aide financière.
En attendant, pour ne pas priver la Grèce de l'argent frais dont elle a besoin, les ministres devraient quand même donner leur feu vert, lors d'une rencontre à Luxembourg dimanche et lundi, au versement "début juillet" de la prochaine tranche de prêts prévue dans le cadre du premier plan d'aide, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Chaque versement est en effet conditionné à un examen scrupuleux de la situation de la Grèce. Et les ministres européens doivent encore accepter de débloquer début juillet la tranche de douze milliards d'euros promise par les Européens et le FMI. Ils se pencheront ensuite, au plus tôt à mi-juillet à Bruxelles, sur les modalités du deuxième plan de soutien financier, qui complèterait ou se substituerait au premier, avec l'objectif de couvrir les besoins de la Grèce, sans doute jusqu'à fin 2014. Un chiffre tournant autour de 100 milliards d'euros est évoqué.
ats/cab
Mobilisation internationale
Au vu de la montée de la tension politique mais aussi sociale en Grèce, après d'imposantes manifestations mercredi, les pays de la zone euro ont resserré les rangs jeudi pour tenter de trouver une solution de sortie.
Le commissaire européen aux affaires économiques Olli Rehn a indiqué qu'Athènes pouvait d'ores et déjà compter sur le déblocage début juillet de la cinquième tranche de 12 milliards d'euros du prêt de mai 2010.
"Cela signifie que le financement de la dette souveraine grecque peut maintenant être garanti jusqu'en septembre", a dit Olli Rehn.
A Paris, le président français Nicolas Sarkozy, qui voit la chancelière allemande Angela Merkel vendredi, a demandé de l'"esprit de responsabilité et sens des compromis", pour "défendre la monnaie unique".
A Washington, la Maison Blanche s'est jointe à ces manifestations de soutien, assurant qu'il était "important" que le gouvernement grec poursuive les réformes économiques et que l'UE était capable de surmonter la crise actuelle.