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Crise grecque: Merkel et Sarkozy d'une même voix

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy semblent avoir trouvé un terrain d'entente sur la crise grecque. [EPA/MICHAEL KAPPELER]
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont tenu à afficher leur entente sur la question grecque vendredi. - [EPA/MICHAEL KAPPELER]
Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont souhaité vendredi que le nouveau plan de soutien à la Grèce soit mis en place "le plus rapidement possible". Parallèlement, le premier ministre grec Georges Papandréou a nommé un nouveau gouvernement.

Après avoir multiplié ces dernières semaines les annonces discordantes sur les modalités d'une aide supplémentaire à la Grèce, les deux principaux pays créanciers du pays, la France et l'Allemagne, semblaient vendredi faire des efforts pour ressouder leurs rangs face à la crainte d'une réaction en chaîne dans toute l'Europe, en cas de défaut d'Athènes sur sa dette.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy ont affiché leur entente pour une solution rapide à la dette grecque, avec une participation volontaire des créanciers privés.

Berlin met de l'eau dans son vin

"Nous avons trouvé une solution sur l'implication du privé sur la base du volontariat", a annoncé Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse commune. Et Angela Merkel d'insister: "Nous voulons que le secteur privé participe sur une base volontaire. Je veux insister là-dessus, il n'y a aucune base légale pour une participation obligatoire", a-t-elle ajouté.

Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a du pain sur la planche en vue du 11 juillet. [KEYSTONE - OLIVIER HOSLET]
Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a du pain sur la planche en vue du 11 juillet. [KEYSTONE - OLIVIER HOSLET]

L'euro a rebondi nettement face au dollar, porté par l'accord affiché par Paris et Berlin. L'Allemagne insistait depuis des jours sur l'implication des banques, assureurs et fonds d'investissements au nouveau plan d'aide à Athènes. Elle a revu ses ambitions à la baisse, acceptant un compromis pour éviter la banqueroute de la Grèce, en pleine crise politique et sociale, et une contagion au reste de la zone euro. L'Allemagne s'est ralliée à la position prônée par la BCE et la France qui souhaitaient une solution pour Athènes sur le modèle de "l'initiative de Vienne".

Secteur privé impliqué?

En 2009, l'"initiative de Vienne" avait été prise en pleine crise financière, pour empêcher la fuite de capitaux des pays d’Europe centrale. Pour faire face à la menace d’une grave crise de liquidités, les banques occidentales possédant des filiales dans ces pays s’étaient volontairement engagées à maintenir leur exposition à la dette souveraine ou à la prolonger une fois arrivée à expiration.

Aux termes d’un accord conclu avec la BCE, la Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd) et les autorités européennes, les maisons mères avaient également convenu de recapitaliser leurs filiales si besoin, dans le cadre de plans d’aides financiers fournis par l’UE et le FMI, afin de continuer à prêter.

Les ministres européens des Finances vont se retrouver dimanche et lundi à Luxembourg pour "discuter" du contenu et des conditions du nouveau programme pour la Grèce, avec l'objectif de prendre des décisions à la prochaine réunion de l'Eurogroupe le 11 juillet.

Ce nouveau plan de soutien, qui devrait tourner autour de 100 milliards d'euros, sera également l'objet des discussions au sommet européen de Bruxelles jeudi et vendredi prochain. Le premier plan d'aide conclu en 2010 entre les Européens et le FMI d'un montant de 110 milliards d'euros ne suffit plus, la Grèce s'enfonçant chaque jour un peu plus dans la crise.

L'ancien ministre de la Défense Evangelos Venizelos est devenu le nouveau ministre grec des finances. [John Kolesidis]
L'ancien ministre de la Défense Evangelos Venizelos est devenu le nouveau ministre grec des finances. [John Kolesidis]

Nouveau ministre des Finances

Sur le plan de la politique interne grecque, le premier ministre Georges Papandréou a nommé vendredi un nouveau gouvernement pour tenter de calmer la grogne de la population. Le premier défi pour le nouveau gouvernement sera de faire adopter d'ici la fin du mois un projet de loi d'austérité, vivement contesté par la rue et une partie de la base du parti socialiste au pouvoir, mais jugé indispensable par les créanciers du pays pour débloquer une seconde aide financière à la Grèce, au bord du défaut de paiement.

Jusqu'à présent à la Défense, Evangelos Vénizélos (54 ans) remplace le technocrate Georges Papaconstantinou, artisan du plan international de soutien à la Grèce et du prêt de 110 milliards d'euros accordé en 2010 en échange de mesures d'austérité draconiennes. Il sera également chargé de mettre en oeuvre les réformes demandées par les créanciers du pays, dont il devient l'interlocuteur.

agences/cab

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Le FMI s'inquiète des Etats-Unis et de la crise grecque

Le Fonds monétaire international s'est montré déçu vendredi par l'affaiblissement de la croissance aux Etats-Unis, plus fort que prévu, et inquiet face à l'évolution de la crise de la dette publique en zone euro malgré la bonne santé de l'Allemagne et de la France.

Dans une mise à jour de ses prévisions économiques, financières et budgétaires semestrielles publiée à Sao Paulo, le FMI a abaissé sa prévision de croissance pour la première économie mondiale.

Il ne table plus que sur 2,5% en 2011, contre 2,8% dans ses prévisions d'avril, et 3,0% dans celles de janvier.

Si le FMI a pratiquement maintenu sa prévision pour la croissance mondiale en 2011, à 4,3% contre 4,4% en avril, il constate que "l'activité est en train de ralentir temporairement".

"A l'inverse, la croissance a surpris par sa vigueur dans la zone euro, tirée par des investissements plus généreux en Allemagne et en France", s'est félicité le FMI.

Pour l'ensemble de la zone, le FMI a relevé sa prévision à 2,0% en 2011, contre 1,6%.

L'Allemagne aurait la croissance la plus élevée du G7, à 3,2%. Celle de la France atteindrait 2,1%.

Les plus petites économies à la périphérie de la zone euro n'affichent pas la même santé. Ployant sous leur dette publique, elles menacent la stabilité du secteur bancaire du continent et au-delà, a rappelé le Fonds.

Selon lui, "les responsables politiques doivent s'efforcer de faire des progrès rapides dans la consolidation du système financier".

Dans le reste du monde, le FMI a globalement maintenu ses prévisions. Il a confirmé que le Japon, touché le 11 mars par le plus grand séisme jamais enregistré dans son histoire, verrait son économie se contracter de 0,7% cette année. La Chine resterait en revanche la championne de la croissance, à 9,6%.