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L'Europe prête à donner de l'air à la Grèce en crise

Evangelos Venizelos, le nouveau ministre grec des Finances (à g.) en compagnie notamment de Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe. [Francois Lenoir]
Evangelos Venizelos, le nouveau ministre grec des Finances (à g.) en compagnie notamment de Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe. - [Francois Lenoir]
La zone euro a renvoyé dimanche soir la balle dans le camp de la Grèce. Les ministres des Finances ont décidé d'attendre que le parlement grec vote un nouveau programme d'austérité avant de débloquer la cinquième tranche de l'aide à Athènes et de valider un second plan d'aide au pays.

Alors que la date de ce vote n'est pas encore arrêtée, les ministres des Finances de la zone euro se sont donnés jusqu'à début juillet pour prendre une décision sur ces deux dossiers, faute de quoi la Grèce ferait défaut sur sa dette dans les jours suivants.

Ils ont en revanche d'ores et déjà clarifié la manière dont les créanciers privés seraient associés à un second plan de soutien. Il s'agira d'une participation informelle et volontaire, correspondant à ce que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avaient décidé à Berlin vendredi.

Participation des banques

"Les ministres des finances de la zone euro sont d'avis que tout financement supplémentaire pour la Grèce sera de source publique et privée (...). Une participation du secteur privé à un second plan d'aide à la Grèce se fera sur une base volontaire et informelle via un "roll-over" d'obligations grecques arrivant à maturité", peut-on lire dans un communiqué d'une page publié à l'issue de la réunion qui a duré huit heures et s'est achevée tard dans la nuit.

Cette modalité est connue comme l'"initiative de Vienne", par laquelle des banques privées avaient accepté en 2009 de ne pas se désengager d'Europe centrale au plus fort de la crise.

Après la valse-hésitation au cours de la semaine sur l'opportunité de débloquer la cinquième tranche d'aide de 12 milliards d'euros, prévue dans le cadre du plan de 110 milliards approuvé en mai 2010, les ministres ont décidé de rester fermes. Ils ont à nouveau appelé à une unité politique nationale en Grèce "compte tenu de la longueur, de la magnitude et de la nature des réformes requises".

Vote du Parlement attendu

Surtout, ils ont "rappelé avec force au gouvernement grec que d'ici la fin du mois, il doit faire en sorte que tous soient convaincus que tous les engagements pris par les autorités grecques soient remplis", selon les mots du président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à la sortie de la réunion.

"Vous ne pouvez pas imaginer une seconde que nous nous engagions à financer sans savoir si le gouvernement grec a endossé les obligations qui sont celles de la Grèce", a-t-il encore indiqué aux journalistes.

"Pour prendre la décision (sur le déblocage des prêts) début juillet, nous aurons besoin d'avoir la décision du Parlement grec" sur un nouveau plan d'austérité et de privatisations, a renchéri le ministre belge, Didier Reynders.

L'opposition aux barricades

Ce plan, sur lequel le Parlement grec doit se prononcer d'ici fin juin, est si impopulaire que le Premier ministre socialiste Georges Papandréou a été obligé de remanier son gouvernement pour améliorer les chances qu'il soit adopté. Il a encore réclamé dimanche un "accord national" des partis politiques à un "moment crucial" pour le pays. Mais l'opposition s'y refuse jusqu'ici, et réclame des élections anticipées.

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a confirmé que les fonds ne seraient pas débloqués pour le moment, même si des discussions s'engageront entre les département du Trésor des principaux Etats membres et les créanciers privés de la Grèce.

Papandréou à Bruxelles

Les ministres des Finances de la zone euro doivent quant à eux se retrouver dès lundi à Luxembourg pour avancer sur les autres dossiers que devront valider les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept lors d'un sommet, jeudi et vendredi.

Au menu: renforcement des capacités de prêt du Fonds européen de stabilité financière (FESF) créé en mai dernier, formalisation par un traité du Mécanisme européen de stabilité (MES) qui s'y substituera à partir de 2013 et réforme du Pacte européen de stabilité et de croissance.

Dès lundi également, le Premier ministre grec George Papandréou doit se déplacer à Bruxelles pour y rencontrer les président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, alors que la réaction des marchés et celle de la rue à Athènes seront scrutés avec attention.

ats/sbo


QUATRIEME JOUR DE MANIFESTATION A ATHENES

5000 manifestants maintenaient samedi la pression sur le Gouvernement et conspuaient le plan d'austérité. [REUTERS - John Kolesidis]
5000 manifestants maintenaient samedi la pression sur le Gouvernement et conspuaient le plan d'austérité. [REUTERS - John Kolesidis]

Des milliers de personnes de tous âges ont manifesté sur la place Syntagma devant le Parlement à Athènes pour le quatrième dimanche consécutif à l'appel du mouvement paneuropéen des "indignés" contre l'austérité.

Cette manifestation a rassemblé vers 21H30 locales (18H30 GMT) près de 5'000 personnes, selon la police contre 15'000 dimanche dernier et 40'000 il y a trois semaines. Deux heures plus tôt, au début du rassemblement, la police a estimé à 3000 le nombre des manifestants.

Aux cris de "Voleurs", en sifflant et en brandissant des drapeaux grecs, les manifestants se sont rassemblés devant le Parlement où quelques heures plus tôt le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a demande le vote de confiance des députés à son nouveau gouvernement, nommé vendredi lors d'un remaniement ministériel.

L'ouverture du débat sur le vote de confiance au Parlement doit se terminer mardi soir, jour où les "indignés" ont prévu une nouvelle manifestation.

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