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L'initiative pour un salaire minimal ferait un carton

En cinq mois, l'initiative a déjà récolté 80'000 signatures sur les 100'000 qu'elle doit atteindre dans une année. [Ruben Sprich]
En cinq mois, l'initiative a déjà récolté 80'000 signatures sur les 100'000 qu'elle doit atteindre dans une année. - [Ruben Sprich]
Une large majorité de la population (85%) soutient l'idée de fixer un salaire minimal, selon un sondage mandaté par l'Union syndicale suisse (USS). L'initiative lancée par cette dernière en début d'année prévoit d'ancrer dans la loi un salaire minimal de 22 francs de l'heure, soit 4000 francs par mois.

La population semble même vouloir aller plus loin que l'initiative, puisque le niveau moyen du salaire minimal souhaité par les personnes interrogées atteint 4487 francs, a indiqué mardi l'USS devant les médias à Berne.

Ce résultat n'étonne pas l'organisation syndicale, puisque presque 70% des sondés sont persuadés qu'en Suisse nombreux sont ceux qui ne peuvent pas vivre de leur travail.

Le sondage, réalisé en mai par l'institut Link auprès de 1002 personnes, "démontre qu'il n'y a pas de grande différence d'opinion entre Romands et Alémaniques sur la question du salaire minimal, ni entre hommes et femmes", a souligné le président de l'USS, Paul Rechsteiner. Il met en outre en exergue "la nécessité d'agir de tout urgence", selon le syndicaliste.

400'000 travailleurs concernés

"Environ 60% des travailleurs suisses ne sont en effet pas protégés par des salaires minimums", a expliqué Daniel Lampart, économiste en chef de l'USS et coauteur d'un rapport d'experts sur le sujet. "Et un salarié sur dix, soit 300'000 femmes et 100'000 hommes, touche un salaire de moins de 22 francs de l'heure", s'est-il alarmé.

Selon Daniel Lampart, "les bas et moyens salaires sont sous pression. Ils n'ont augmenté que de 0,2 à 0,4% par an entre 1998 et 2008, alors que la productivité grimpait de 0,9% annuellement". "Les hauts et très hauts salaires ont eux profité de cette situation", puisqu'ils représentaient 5,9% des salaires versés en Suisse en 1997 contre 9,4% à l'heure actuelle, a-t-il relevé.

L'économiste conclut que la fixation de salaires minimums est un instrument indispensable pour parvenir à une répartition plus équilibrée des revenus, lutter contre la sous-enchère salariale et éviter que la main-d'oeuvre indigène ne se fasse évincer par celle venue de l'étranger. "Il est totalement faux de penser que les salaires minimums ont un effet négatif sur l'emploi ou les prix. Il s'agit simplement d'encadrer le marché de l'emploi afin d'assurer de meilleures conditions", a-t-il assuré.

Déjà 80'000 signatures

Ainsi, l'USS prône un introduction des salaires minimums à travers un renforcement des conventions collectives de travail (CCT), puis via la loi. Elle exige une paie minimale de 22 francs de l'heure, soit 4000 francs pour les personnes qui travaillent 42 heures par semaine ou 3800 francs pour 40 heures hebdomadaires.

"Il faut encourager encore plus les conventions collectives car les CCT et la loi ne s'excluent pas. Avec la loi, l'Etat fixe la valeur qu'il entend accorder aux CCT. Ici de même, une avancée est nécessaire, pas seulement avec le salaire minimum légal", a fait observer Paul Rechsteiner. "Des salaires de qualité sont la condition pour que l'économie suisse, performante, connaisse une évolution positive", a conclu le président de l'USS.

Lancée il y a cinq mois, l'initiative de l'USS a déjà récolté 80'000 signatures, annonce l'organisation. Elle a jusqu'au 25 juin 2012 pour atteindre la barre des 100'000. L'USS prévoit d'accélérer encore la récolte de paraphes avec des journées d'action menées dans toute la Suisse entre fin juin et début juillet.

ats/sbo

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