La Française n'avait face à elle qu'un seul candidat, le gouverneur de la Banque du Mexique Agustin Carstens, 53 ans. Tous deux ont fait campagne dans le monde entier avant de plaider leur cause devant le conseil d'administration.
Le soutien apporté dans la matinée par les Etats-Unis à la Française a achevé d'enlever tout suspense. Puis deux pays émergents très critiques des Européens, le Brésil et l'Inde, ont indiqué qu'ils soutenaient Christine Lagarde.
L'importance de ces voix a permis aux 24 membres du conseil d'administration de choisir rapidement Christine Lagarde "par consensus", a indiqué le FMI dans un communiqué. Celle-ci a remercié l'instance pour le "large soutien" dont elle a bénéficié. "Le FMI a été au service de ses 187 pays membres pendant la crise économique et financière mondiale, ce qui l'a amené à évoluer profondément", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
"Une victoire pour la France"
"Mon objectif premier à la tête de notre institution sera de faire en sorte qu'elle continue dans cette voie avec la même détermination et le même engagement". Sa première réaction était venue sur Twitter, cinq minutes après l'annonce officielle: "je suis honorée et ravie que le conseil d'administration me confie le poste de directrice générale du FMI".
Paris s'est félicité de conserver ce poste. La désignation de Christine Lagarde est "une victoire pour la France" et "la présidence française se réjouit qu'une femme accède à cette importante responsabilité internationale", a indiqué l'Elysée dans un communiqué.
Christine Lagarde avait l'avantage d'être très bien connue des grands Etats membres du FMI. En quatre ans au poste de ministre des Finances, elle a régulièrement côtoyé tous les grands argentiers de la planète, et plus encore depuis que la France a pris la présidence du G20 en novembre.
Chasse gardée des Européens
La direction du FMI est la chasse gardée des Européens depuis 1946, grâce à un accord tacite avec les Etats-Unis, qui monopolisent la présidence de la Banque mondiale. Mardi, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a prolongé cette tradition. "Le talent exceptionnel et la vaste expérience de Christine Lagarde apporteront une direction incomparable à cette institution, indispensable à un moment critique pour l'économie mondiale", a-t-il affirmé dans un communiqué.
Christine Lagarde succède à un autre Français, Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné à la mi-mai après trois ans et demi à la tête du FMI. Il paraissait très probable que Strauss-Kahn quitte son poste pour participer à la campagne présidentielle en France en 2012. Mais son arrestation à New York dans le cadre d'une affaire de crimes sexuels a précipité les événements.
Agustin Carstens a salué la désignation de sa rivale, la qualifiant de "dirigeante très compétente". "J'ai hâte de collaborer étroitement avec elle et avec le FMI sous sa direction", a déclaré dans un communiqué Robert Zoellick, le président de l'institution soeur à Washington, la Banque mondiale.
afp/olhor
DES ONG SE MONTRENT AMERES
Des organisations non gouvernementales ont eu des commentaires amers mardi après la désignation de la Française Christine Lagarde comme directrice générale du Fonds monétaire, estimant qu'elle reflétait la perpétuation d'une domination occidentale surannée.
"Ce simulacre de processus de nomination porte préjudice à la crédibilité du FMI", a affirmé l'organisation de lutte contre la pauvreté Oxfam dans un communiqué. Elle a demandé que soit publié le verbatim de l'audition de Christine Lagarde à Washington le 23 juin, ce qui permettrait "de savoir ce à quoi elle s'est engagée devant le conseil d'administration et quelles seront les priorités effectives du FMI sous sa direction".
Oxfam fait partie de la trentaine d'ONG qui avaient créé dès le 12 mai, soit deux jours avant l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, un blog appelé "IMFboss" ("patron du FMI") sur la succession au Français.
Lagarde appelle la Grèce à voter le plan d'austérité
La directrice générale désignée du Fonds monétaire international Christine Lagarde a lancé mardi un appel à "l'entente nationale" politique en Grèce pour voter les mesures d'austérité proposées par le gouvernement sous la pression du FMI et l'Union européenne.
"Si j'ai un message à faire passer ce soir concernant la Grèce, c'est un appel à l'opposition politique grecque pour qu'elle rejoigne dans une entente nationale le parti qui est actuellement au pouvoir. Il y va vraiment du destin d'un pays", a déclaré la Française, désignée peu avant à la tête du FMI, dans sa première déclaration sur le dossier grec. "Je crois qu'il faut à ce moment là faire un peu fi des grandes différences politiques", a déclaré ChristineLagarde, interrogée sur la chaîne française TF1.
Les députés grecs doivent d'ici jeudi voter sur le projet de budget d'austérité soumis par le gouvernement de Georges Papandréou, qui les a exhorté à voter pour que le pays, au bord du gouffre financier, "reste debout".
La future directrice du FMI souhaiterait parler à Strauss-Kahn
La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, qui vient d'être désignée directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré mardi "souhaiter parler" à son compatriote Dominique Strauss-Kahn, pour évoquer avec lui ses futures fonctions.
Interrogée sur la chaîne française TF1 à ce sujet, Christine Lagarde a répondu: "je souhaite lui parler longuement, parce qu'un successeur doit parler à son prédécesseur et que j'ai à apprendre aussi de ce qu'il peut me dire, de son appréciation sur le Fonds".
Selon Christine Lagarde, l'arrestation de "DSK" a "été un coup très brutal pour l'institution" que constitue le FMI. "Chacun l'a sûrement vécu avec douleur", car Dominique Strauss-Kahn était un "directeur général admiré, qui a fait un bon travail".