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Nombreux otages français et suisses depuis 30 ans

Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière ont été libérés comme plusieurs autres Français, mais neuf autres demeurent détenus.
Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière ont été libérés comme plusieurs autres Français, mais neuf autres demeurent détenus.
Après la libération de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, neuf Français demeurent retenus dans le monde. D'Ingrid Betancourt à Florence Aubenas en passant par les otages au Liban, la France a payé un lourd tribu depuis 30 ans. Côté suisse, quelques affaires ont aussi marqué les esprits.

L'AFFAIRE BETANCOURT

Ingrid Betancourt
Ingrid Betancourt

Ingrid Betancourt

est sans nul doute l'otage qui a reçu le plus d'échos médiatiques dans le monde. La Franco-Colombienne a passé plus de six ans et demi en captivité dans la jungle colombienne, aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Ingrid Betancourt a été enlevée le 23 février 2002 alors qu'elle faisait campagne dans une zone où la guérilla était très présente. L'ancienne sénatrice a été libérée le 2 juillet 2008 lors d'une opération militaire menée par l'armée colombienne. Auparavant, plusieurs tentatives de libération avaient échoué. Durant sa détention, les médias et les politiciens français se sont fortement mobilisés, ce qui a également fait d'elle une otage de valeur pour les FARC.

LES OTAGES AU LIBAN

Marcel Carton, Jean Paul Kauffmann et Marcel Fontaine ont été retenus plus de 3 ans au Liban. [AFP - Pascal Georges]
Marcel Carton, Jean Paul Kauffmann et Marcel Fontaine ont été retenus plus de 3 ans au Liban. [AFP - Pascal Georges]

Marcel Carton

et

Marcel Fontaine

sont les otages français qui ont été retenus le plus longtemps au Moyen-Orient. Les deux diplomates ont été enlevés au Liban le 22 mars 1985 par le Hezbollah et ils n'ont été libérés que le 4 mai 1988, soit après 3 ans, 1 mois et 13 jours. Leurs ravisseurs exigeaient l’arrêt du soutien français à Bagdad dans la guerre que se livraient l’Iran et l’Irak.

Le reporter Jean-Paul Kaufmann a été enlevé par le Jihad islamique libanais le 22 mai 1985 et n'a été relâché que le 4 mai 1988, en même temps que Marcel Carton et Marcel Fontaine, après près de 3 ans de détention. Il avait été capturé en même que le sociologue et chercheur au CNRS Michel Seurat, décédé en captivité.

Autre otage au Liban, le journaliste d'Antenne 2 Jean-Louis Normandin a passé 1 an et 8 mois dans ce pays, du 8 mars 1986 au 27 novembre 1987. Capturés en même temps, ses collègues Philippe Rochot et Georges Hansen sont libérés eux en juin 1986. Le journaliste Roger Auque a lui été détenu près d'un an par le Hezbollah en 1987.

LES OTAGES EN IRAK

Otages en Irak: Christian Chesnot et Georges Malbrunot enfin libérés
Otages en Irak: Christian Chesnot et Georges Malbrunot enfin libérés

Christian Chesnot

, journaliste à France Inter, et

Georges Malbrunot

, reporter au Figaro, ont été enlevés le 20 août 2004 avec leur chauffeur irakien par l'Armée islamique en Irak. Les ravisseurs ont lancé un ultimatum au gouvernement français: annuler la loi sur la laïcité dans les 48 heures, en échange de leur liberté. Paris s'y est refusée. Après 124 jours de détention, ils sont relâchés le 21 décembre 2004. Selon certains médias, une rançon a été versée, ce que les autorités françaises ont démenti fermement. Un grand nombre de personnes se sont mobilisées durant leur détention, souvent à l'initiative de Reporters sans frontières. Ainsi, chaque jour, des messages de rappel ont été diffusés sur France Inter, lus par des personnalités connues.

Florence Aubenas au cours de sa conférence de presse
Florence Aubenas au cours de sa conférence de presse

Florence Aubenas

, journaliste au Nouvel Observateur, a passé 157 jours en détention. Elle a été capturée avec son cameraman Hussein Hanoun al-Saadi à l'université de Bagdad le 5 janvier 2005, peu après la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Florence Aubenas effectuait alors un reportage sur les réfugiés de Falloujah. Elle a été libérée le 12 juin 2005, suite à une forte mobilisation populaire et médiatique.

Bernard Planche, qui travaillait pour une ONG active dans le secteur économique et social, a été enlevé le 5 décembre 2005 par des inconnus armés dans le quartier résidentiel de Mansour, à l'ouest de Bagdad, alors qu'il sortait de chez lui pour aller travailler. Il a été libéré le 7 janvier 2006.

LES OTAGES ENCORE EN CAPTIVITE

L'armée nigérienne peine à contrôler l'ensemble de son territoire. [Issouf Sanogo]
L'armée nigérienne peine à contrôler l'ensemble de son territoire. [Issouf Sanogo]

Un agent des renseignements français kidnappé le 14 juillet 2009 en Somalie est désormais l'otage qui est depuis le plus longtemps en captivité. Il est présenté sous le nom de

Denis Allex

, un pseudonyme, et est probablement détenu à Mogadiscio par des islamistes somaliens du groupe Hezb al-Islam. Il est apparu dans une vidéo en juin 2010, où ses ravisseurs l'obligent à demander à la France de cesser tout soutien politique ou militaire au gouvernement somalien.

Quatre Français sont aux mains du groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis le 16 septembre 2010. Capturés au Niger, Thierry Dole, Marc Ferret, Daniel Larribe et Pierre Legrand faisaient partie d'un groupe de cinq Français, un Togolais et un Malgache travaillant pour le groupe français Areva. Ces deux derniers ainsi qu'une otage française malade ont été libérés en février 2011. En avril, une vidéo des otages demandant à Nicolas Sarkozy de retirer ses troupes d'Afghanistan a été diffusée.

Trois humanitaires, deux femmes et un homme, ont été enlevés au Yémen le 28 mai 2011. Leur identité n'a pas été communiquée. Ils travaillaient dans ce pays pour le compte de l'ONG française Triangle Génération Humanitaire. Les autorités yéménites ont dit par la suite les avoir localisés, en vie, sans pouvoir donner le nom des ravisseurs. Aucune revendication n'a été émise.

Gilad Shalit enlevé il y a 4 ans par le Hamas. [reuteurs]
Gilad Shalit enlevé il y a 4 ans par le Hamas. [reuteurs]

Le ministère français des Affaires étrangères signale aussi parmi ses ressortissants retenus en otage le nom de

Gilad Shalit

, le soldat israélien qui possède aussi la nationalité française. Le militaire est retenu depuis le 25 juin 2006 à Gaza. Son enlèvement est revendiqué par les Brigades Ezzedine Al-Qassam, les Comités de résistance populaire et un groupe inconnu se faisant appeler l'Armée de l'islam. Ces groupes ont annoncé leur intention d'échanger Gilad Shalit contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël.

LES OTAGES TUES

Le sociologue et chercheur au CNRS Michel Seurat a été enlevé avec le reporter Jean-Paul Kaufmann par le Jihad islamique libanais le 22 mai 1985. Il est décédé en captivité à Beyrouth en 1986. Ses restes ont été retrouvés dans la banlieue de Beyrouth, recouvert d'un simple drap de laine.

Antoine de Léocour et Vincent Delory, deux Français de 25 ans enlevés début janvier 2011 à Niamey, au Niger, ont été tués quelques jours plus tard lors d'une fusillade durant une opération de l'armée nigérienne coordonnée par des militaires français près du Mali. Le rapt, qui avait eu lieu dans un restaurant, n'avait pas été revendiqué mais les soupçons se s'étaient portés sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

En août 2010, Nicolas Sarkozy a confirmé l'assassinat du travailleur humanitaire Michel Germaneau par Al-Qaida au Maghreb islamique. L'otage de 78 ans était détenu depuis avril par une branche de l'organisation islamiste al-Qaida. Il avait été enlevé "pour venger six frères tués dans la lâche opération de la France", aux côtés des forces mauritaniennes contre une unité de l'organisation djihadiste au Mali.

En juin 2011, Stéphane Frantz di Rippel, le directeur du Novotel d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, et d'un autre Français, Yves Lambelin, enlevés quelques jours auparavant par des inconnus, ont été retrouvés morts dans une lagune. Abidjan était alors en proie à des combats entre fidèles de Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril, et partisans d'Alassane Ouattara, désormais à la présidence.

Frédéric Boillat

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Les otages suisses les plus marquants

Le 19 juillet 2008, Rachid Hamdani et Max Göldi ont été arrêtés en Libye, officiellement pour infractions aux lois sur l'immigration et le séjour. Quatre jours plus tôt, Hannibal Kadhafi, le fils de leader libyen, avait été arrêté à Genève, soupçonné de maltraitance envers ses domestiques. Un long bras de fer s'est alors engagé entre la Suisse et la Libye, qui exigeait notamment des excuses publiques. Finalement, après plusieurs mois de détention entre l'ambassade et des prisons, les otages sont libérés: Rachid Hamdani le 22 février 2010 et Max Göldi le 10 juin 2010.

Deux Suisses, Werner Greiner et son épouse Gabriella Burco, ont été enlevés au Mali avec deux autres touristes allemand et britannique le 22 janvier 2009. L'enlèvement a rapidement été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Gabrielle Burco a été libérée le 17 avril en même temps que la touriste allemande et Werner Greiner a été libéré le 12 juillet, alors que l'otage britannique avait été décapité à la fin du mois de mai. L'affaire aurait coûté 5,5 millions de francs à la Confédération.

Plusieurs groupes de touristes représentant 32 personnes au total, dont quatre Suisses - Sibylle Graf, Silja Staeheli, Marc Hediger et Reto Walther, a été enlevé en février 2003 dans le Sahara au sud de l'Algérie. En mai de la même année, 17 d'entre eux ont été libérés. Les Suisses, avec le reste du groupe, ne l'ont été que le 18 août 2003, au Mali. Si la solution d'une rançon a été évoquée, les conditions de libération des otages restent toujours obscures, comme l'identité des ravisseurs.

En avril 2002, le Suisse Maurice Boillat - au service de projets de développements menés par des organisations religieuses - et son épouse ont été enlevés en République démocratique du Congo, dans la province du Kivu, par des rebelles Mai Mai. Ils ont été libérés, le 26 avril 2003, sans qu'aucune rançon ne soit versée.

L'ingénieur Peter Zollinger, employé d'une société zurichoise, est tombé aux mains d'une bande armée tchétchène en Ingouchie, dans la région du Caucase, le 4 novembre 1997. Il a finalement retrouvé la liberté en juin 1998, après 228 jours de détention. Le paiement d'une rançon de l'ordre d'un million de dollars évoquée par les médias n'a jamais été confirmée.

En février 1984, le journaliste indépendant Till Lincke et son amie Astrid Hollenstein tombent aux mains de l'Armée populaire de libération du Soudan. Après 353 jours de captivité, ils sont relâchés le 4 février 1985 à Addis Abeba. Aucune rançon n'aurait été payée.

vkiss