Le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU pour la Somalie, Mark Bowden, a annoncé lors d'une conférence de presse à Nairobi que les deux zones concernées, Bakool et Lower Chabelle, étaient frappées par la pire famine qu'ait connue la région depuis vingt ans. Selon l'ONU, jusqu'à 350'000 personnes souffrent de famine dans ces deux provinces.
Plusieurs années de sécheresse, qui touchent aussi le Kenya et l'Ethiopie voisins, ainsi que l'instabilité politique chronique en Somalie, teintée de violences, ont rendu très difficile l'accès à ces zones par les travailleurs humanitaires, selon l'ONU.
Chaque jour compte
Au début de l'année 2010, Al Chabaab, un groupe islamiste qui contrôle une grande partie du sud du pays, a notamment interdit l'accès à certaines zones placées sous son contrôle aux humanitaires, les accusant d'être des espions occidentaux ou des croisés chrétiens. Mais face à l'étendue des dégâts, ce groupe a récemment décidé de lever cette interdiction.
Pour l'ONU, ce changement d'attitude s'est produit trop tard et c'est en partie pour cette raison que la situation s'est dégradée plus rapidement dans ces deux régions. "Si nous n'agissons pas maintenant, la famine va s'étendre aux huit régions du sud de la Somalie d'ici deux mois, en raison des faibles récoltes et de la multiplication des foyers d'infections", a estimé Mark Bowden.
"Chaque jour de retard dans l'acheminement de l'aide est au sens propre une question de vie ou de mort pour les enfants et les familles des zones touchées par la famine", a-t-il ajouté.
Selon l'ONU, près de la moitié des 3,7 millions d'habitants de la Somalie sont désormais en situation de danger. La crise humanitaire dans le pays fait affluer quotidiennement 1400 personnes dans le camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya, qui accueille aujourd'hui plus de 380'000 personnes alors qu'il a été construit pour en héberger 90'000.
Plus de onze millions de personnes, une augmentation de 30% depuis le début de l'année selon l'ONU, manquent de nourriture dans la Corne de l'Afrique en raison de la sécheresse et des conflits armés. Outre la Somalie, l'Ethiopie et le Kenya, la sécheresse touche Djibouti et l'Ouganda.
Des millions de dollars réclamés
Face à cette situation, l'ONU a demandé mercredi 7,9 milliards de dollars, contre 7,4 milliards précédemment, pour l'aide humanitaire en 2011 destinée à des millions de personnes dans une trentaine de pays, dont ceux de la Corne de l'Afrique.
Ces 500 millions de dollars supplémentaires incluent les 120 millions de dollars réclamés par la FAO (organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture) pour affronter la crise dans cette région de l'Afrique.
Chaque année à cette période, l'ONU revoit ses besoins en fonction de l'évolution des crises humanitaires dans le monde. "Le développement le plus inquiétant est la sécheresse dans la Corne de l'Afrique", souligne l'ONU dans le document publié à l'occasion de la réévaluation de l'appel de fonds.
ats/vkiss
Les Etats-Unis "très inquiets"
Le même jour, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a elle aussi réclamé dans un communiqué une mobilisation mondiale contre la famine dans la Corne de l'Afrique. "Les Etats-Unis ne peuvent résoudre seuls la crise dans la Corne. Tous les donateurs dans la communauté internationale doivent s'engager à des mesures supplémentaires", écrit-elle.
Hillary Clinton réclame des mesures d'aide immédiate et d'autres, plus structurelles, pour "renforcer la capacité de la région à réagir à des crises futures". Les Etats-Unis sont "très inquiets" des risques de famine, souligne-t-elle, en annonçant un effort supplémentaire de 28 millions de dollars pour la Somalie et les réfugiés somaliens au Kenya. Washington avait jusqu'à présent engagé 431 millions de dollars en assistance depuis le début de l'année.