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Syrie: Bachar al-Assad autorise le multipartisme

Les éventuels nouveaux partis devront rester dans l'ombre du parti Baas de Bachar al-Assad qui demeure "dirigeant de l'Etat et de la société".
Les éventuels nouveaux partis devront rester dans l'ombre du parti Baas de Bachar al-Assad qui demeure "dirigeant de l'Etat et de la société".
Le président syrien Bachar al-Assad a promulgué jeudi un décret autorisant le multipartisme, tout en continuant sa répression sanglante qui a fait encore au moins 40 tués mercredi. L'opposition qualifie cette déclaration d'opération "cosmétique". Les violences ont été condamnées pour la première fois par le Conseil de sécurité de l'ONU.

"Le président Assad a promulgué jeudi un décret présidentiel sur la loi des partis", rendant la mesure applicable immédiatement, a rapporté l'agence officielle SANA.

Le texte fixe les conditions de création et de fonctionnement de nouveaux partis, qui ne devront pas reposer sur des bases religieuses ou tribales, ni être issus d'une organisation non syrienne. Ils ne devront comporter aucune formation militaire ou paramilitaire, et leurs principes, objectifs et financement devront être clairement établis, a précisé SANA.

Dans l'immédiat, ces éventuels nouveaux partis devront toutefois évoluer dans l'ombre du parti Baas, qui détient les rênes du pouvoir depuis 1963 et auquel la Constitution garantit le statut de "dirigeant de l'Etat et de la société".

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"Une provocation"

La fin de la toute-puissance du parti Baas était l'une des principales revendications du mouvement de contestation engagé mi-mars en Syrie, avec la libération des prisonniers politiques et la levée de l'état d'urgence, obtenue en avril.

L'avocat et opposant Anouar al-Bounni, président du Centre syrien d'Etudes et recherches légales, considère que les mesures annoncées ne sont qu'une opération "cosmétique destinée à l'opinion publique interne et externe". Selon lui, "tant que la Constitution n'est pas amendée ou changée, les lois promulguées ne sont pas valables et sont toutes mort-nées". Il a estimé que "ce qu'offre le pouvoir ne répond aucunement aux revendications de la société".

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a de son côté estimé que le décret syrien autorisant le multipartisme était "presque une provocation" dans le contexte de la répression en cours.

Jeudi, le président russe Dmitri Medvedev a lui estimé que la situation en Syrie était "dramatique" et qu'elle provoquait "une inquiétude énorme" en Russie. Il a également indiqué dans un entretien accordé à la radio Echo de Moscou et la chaîne internationale russe RT qu'il insistait auprès de Bachar al-Asssad pour qu'il "mette en oeuvre des réformes et fasse la paix avec l'opposition".

Un pays de plus en plus polarisé

La violence de la répression, que le régime manie en parallèle avec les mesures d'ouverture, a radicalisé les manifestants. Ceux-ci réclament désormais pour beaucoup le départ du président Bachar al-Assad.

Mercredi soir, après des semaines de blocage, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une déclaration - mais pas une résolution - qui "condamne les violations généralisées des droits de l'homme et l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes".

Le texte ne fait aucune référence à une enquête du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur la répression, comme l'avaient demandé plusieurs pays européens. Il exige en revanche que les responsables de la répression, qui a déjà fait plus de 1600 morts selon les organisations de défense des droits de l'homme, "rendent des comptes".

Parallèlement, les Etats-Unis ont affirmé chercher de nouveaux moyens de pression sur Bachar al-Assad, qu'ils n'estiment pas "indispensable" pour la stabilité de la région.

ats/sbo

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Enterrements dans des parcs publics à Hama

Sur le terrain, la répression s'est poursuivie, sans pour autant empêcher de nouvelles manifestations, essentiellement à la sortie des mosquées après la prière du soir pendant le ramadan. "Près de 30 corps de personnes tuées à la suite d'un bombardement de l'armée mercredi ont été enterrés dans plusieurs petits jardins publics", a déclaré jeudi à l'AFP un habitant de Hama (centre) qui a pu fuir la ville, où les communications étaient coupées. Il a fait état d'un "grand nombre de blessés" dans les hôpitaux.

Selon un activiste interrogé par Reuters, quarante personnes ont péri dans les bombardements et sous le feu des mitrailleuses des chars dans le seul quartier d'Al Hader. Cinq autres, dont deux enfants, ont perdu la vie alors qu'elles tentaient de quitter la ville en voiture.

Les blindés syriens opèrent depuis dimanche dernier dans Hama, qui est en pointe dans le mouvement de contestation en cours depuis la mi-mars contre le régime du président Bachar al-Assad.