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Absence de consensus sur l'antidote au franc fort

Suite à une discussion de deux heures avec les acteurs du marché, le ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann n'a pu dégager aucune issue concrète. [Peter Schneider]
Suite à une discussion de deux heures avec les acteurs du marché, le ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann n'a pu dégager aucune issue concrète. - [Peter Schneider]
La table ronde de mercredi sur le franc fort n'a débouché sur aucune mesure concrète pour faire baisser les prix importés. Mais le ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann et les différents acteurs du marché qu'il a invités ont qualifié la réunion de claire et constructive.

"J'ai constaté qu'il y avait une grande volonté autour de cette table" pour faire baisser les prix en Suisse, a déclaré le conseiller fédéral, à l'issue de de deux bonnes heures de discussion à Berne.

Le ministre a estimé qu'il fallait agir à tous les niveaux pour que les différences de change soient enfin répercutées sur le consommateur helvétique. Une urgence à l'heure où la devise helvétique enchaîne les records face à l'euro et au dollar et que la Banque nationale suisse (BNS) annonce de nouvelles mesures pour enrayer le phénomène(lire: Franc fort).

A cet égard, la Commission de la concurrence (Comco) et le Surveillant des prix ont un rôle à jouer et doivent "exploiter à fond leur marge de manoeuvre" pour que la pression sur les prix s'exerce davantage. Le ministre a ajouté qu'il était prêt à envisager d'accroître les ressources des deux autorités.

En marge de la conférence, le président de la Comco, Vincent Martenet, et le Surveillant des prix, Stefan Meierhans, se sont félicité tous deux de ce signal positif. "Monsieur Prix" a cependant indiqué à l'ats aller déjà au-delà de son mandat, qui s'attache en théorie seulement aux prix administrés et aux monopoles.

A qui profite le crime?

La BNS est entrée en jeu mercredi pour tenter de soulager le franc suisse. [Ennio Leanza]
La BNS est entrée en jeu mercredi pour tenter de soulager le franc suisse. [Ennio Leanza]

"On n'arrive pas bien à cerner à qui profitent les gains de change sans apporter de plus-value", a critiqué pour sa part Monika Dusong, présidente de la Fédération romande des consommateurs (FRC) à l'issue de la réunion.

Importateurs et distributeurs ont pour leur part assuré qu'ils ne tiraient en rien profit de la fermeté de la devise helvétique. "Nous faisons des pertes de 300 millions de francs", a ainsi affirmé lors du point de presse le patron de l'importateur automobile Amag, Morten Hannesbo.

Quant à Herbert Bolliger, président des coopératives Migros, il a estimé que son entreprise baissait les prix autant qu'elle le pouvait, mais que le problème se situait au niveau des prix d'achat. "Nous devons pouvoir nous battre avec les mêmes armes que nos concurrents étrangers", a-t-il réclamé.

Pour Johann Schneider-Ammann, les coupables sont effectivement à chercher du côté des fabricants étrangers sur lesquels la pression doit s'accroître. Ce sont eux qui dictent les prix à leurs partenaires suisses, sur la base de cours de change qui ne sont plus d'actualité.

Un avis que nuance Stefan Meierhans. Ce dernier a déclaré à l'ats qu'on ne pouvait pas "blanchir tout le monde" et que cela dépendait des branches ou des produits.

Taux de référence

Les représentants des distributeurs et des importateurs se sont en outre clairement prononcé pour la fixation d'un taux de référence du franc. "L'économie a besoin d'une certaine sécurité dans sa planification", a plaidé Herbert Bolliger.

Johann Schneider-Ammann a certes assuré qu'il "avait de la compréhension" pour cette requête, mais a tenu à souligner qu'elle émanait de l'industrie et d'elle seule. En outre, c'est la BNS qui est responsable en première ligne sur ce point, a-t-il relevé.

Bien que la réunion n'ait abouti à aucune solution concrète, le ministre de l'économie s'est dit satisfait. "Le seul fait que tous soient venus est déjà un signal clair", a-t-il déclaré.

Le ministre présentera mercredi prochain au Conseil fédéral diverses mesures afin de lutter contre la cherté du franc. Un durcissement de la loi sur les cartels est en particulier envisagée.

ats/cmen

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