"Je ne vois aucune raison de refuser" la demande de non-lieu, a déclaré le juge lors d'une audience d'une quinzaine de minutes au tribunal pénal de Manhattan. Dominique Strauss-Kahn a ensuite quitté le tribunal sans s'exprimer. Mais dans un communiqué, il s'est dit "impatient de rentrer à la maison" et a remercié toux ceux qui l'ont soutenu (voir l'encadré contre).
Un homme libre
Un peu plus tard dans la journée, une cour d'appel a rejeté la demande de désignation d'un procureur spécial déposée par les avocats de Nafissatou Diallo, l'accusatrice de DSK. Cela signifie que la décision du juge Michael Obus peut prendre effet et que DSK est un homme libre.
L'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) ne récupérera son passeport français que mercredi, le séisme sur la côte Est des Etats-Unis (lire: Séisme aux Etats-Unis) ayant entraîné la fermeture des services judiciaires mardi à New York, a déclaré son avocat William Taylor lors d'une conférence de presse. Me Taylor avait dans un premier temps déclaré que l'ancien patron du FMI récupérerait son passeport dans la journée (de mardi) après la levée définitive des poursuites pour crimes sexuels aux Etats-Unis.
La décision du juge met fin à trois mois d'une rocambolesque saga judiciaire qui a coûté à DSK son poste de directeur général du FMI et gravement entamé ses chances de briguer la présidence française.
Le procureur Cyrus Vance, qui avait obtenu l'incarcération de DSK en mai, a annoncé lundi avoir demandé au juge l'abandon des poursuites contre lui. S'il est établi que l'ancien patron du FMI a bien eu une relation sexuelle avec son accusatrice, rien ne permet de prouver avec certitude que cette relation était forcée, a expliqué Cyrus Vance.
Le clan Diallo déplore l'abandon d'une innocente
L'ancien ministre français était poursuivi pour sept chefs d'accusation, dont tentative de viol, agression sexuelle et séquestration.
Cyrus Vance a expliqué dans un long argumentaire de 25 pages que Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui accuse DSK de l'avoir contrainte à une fellation dans une suite du Sofitel le 14 mai, avait menti de manière répétée aux enquêteurs.
Mardi après l'audience, l'avocat de Nafissatou Diallo a estimé que le procureur Cyrus Vance avait "abandonné une femme innocente et refusé le droit à la justice dans une affaire de viol".
"Nous sommes déçus que le procureur n'accorde pas le même crédit à tous les justiciables", a-t-il ajouté. "Nous allons maintenant porter ce combat sur le terrain civil", a-t-il poursuivi.
En France, la recommandation du procureur de classer le dossier a été accueillie avec soulagement par les socialistes, candidats à la primaire y compris. Pour autant, l'avenir politique de Dominique Strauss-Kahn sur la scène française reste incertain et nul ne se risque à envisager qu'il soit candidat à la présidentielle de 2012.
SES AMIS SONT SOULAGES ET HEUREUX
Les amis de Dominique Strauss-Kahn en France ont exprimé mardi leur soulagement de voir la justice américaine abandonner les poursuites contre DSK.
Martine Aubry a fait part de son "immense soulagement" à l'idée d'un épilogue favorable à son ancien collègue du gouvernement de Lionel Jospin. "C'est du bonheur, un soulagement (...) On attendait tous qu'il puisse sortir enfin de ce cauchemar", a déclaré sur France Info la candidate à la primaire PS.
Son rival François Hollande, favori des sondages pour la primaire socialiste, a abondé dans le même sens en abordant l'avenir politique potentiel de Dominique Strauss-Kahn, qui était présenté comme un prétendant à l'Elysée avant son arrestation.
Au terme de plus de trois mois de bataille judiciaire de l'autre côté de l'Atlantique, le député candidat à la primaire Manuel Valls, a déploré sur LCI "un immense gâchis pour Dominique Strauss-Kahn lui-même et pour la France".
Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a lui aussi évoqué sur France Inter un "énorme gâchis". "Tant de compétences, de culture, de savoir-faire, de séduction, méritait mieux que cette très pénible affaire. Je me réjouis pour lui et sa femme", a-t-il déclaré.
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, dit sa "joie" et son "soulagement" dans un communiqué. "L'emballement de ces derniers mois, qui s'est fondé sur des rumeurs, sans aucun respect pour les personnes, constitue aujourd'hui une invitation à un sérieux examen de conscience collectif", ajoute-t-il.
A l'UMP, Jean-François Copé s'est déclaré "heureux" et a dit imaginer "le soulagement qui doit être le sien et celui de ses proches". "Pour le reste, j'avais demandé à l'équipe dirigeante de l'UMP de faire preuve de beaucoup de retenue et c'est une ligne que je souhaite conserver", a-t-il ajouté sur France Info.
Quant à Pierre Moscovici, l'ancien aide de camp de DSK rallié à François Hollande, il a fait valoir qu'"il y a peu d'hommes en France, pas seulement à gauche, qui connaissent" les sujets économiques et fianciers autant que lui. "Ses analyses compteront, sa manière de s'engager comptera, son désir d'accompagner l'alternance comptera".
Une voix discordante s'est fait entendre, celle d'Anne Mansouret, élue socialiste et mère de Tristane Banon, qui a porté plainte pour tentative de viol contre Dominique Strauss-Kahn. Elle qui a reconnu avoir couché avec Dominique Strauss-Kahn dans le passé s'est déclarée "profondément indignée".
agences/mej
DSK a hâte de rentrer en France
Dominique Strauss-Kahn a dit mardi avoir "hâte" de rentrer en France après l'épreuve "terrible" et "injuste" qu'il dit avoir subie avec les poursuites pénales aux Etats-Unis pour crimes sexuels.
"J'ai hâte de rentrer dans mon pays mais j'ai encore quelques petites choses à faire avant de pouvoir partir et je m'exprimerai plus longuement quand je serai de retour en France", a déclaré à la presse l'ancien patron du Fonds monétaire international en regagnant son domicile du sud de Manhattan quelques minutes après avoir bénéficié d'un non-lieu.
"C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste. Je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes amis, tous ceux qui m'ont soutenu pendant cette période en m'envoyant aussi des lettres et des e-mails. Il faut qu'ils sachent que leur soutien a été très important", a déclaré Dominique Strauss-Kahn.
"Je m'exprimerai plus longuement à mon retour en France", a-t-il conclu une brève déclaration à la presse au pied de son immeuble.
Les réactions de DSK et de l'un de ses avocats
"Ces derniers mois ont été un cauchemar pour ma famille et moi. Je remercie tous les amis en France et aux Etats-Unis qui ont cru en mon innocence, et les milliers de personnes qui nous ont apporté leur soutien, personnellement ou par écrit. Je suis profondément reconnaissant envers ma femme et ma famille qui ont traversé cette épreuve à mes côtés".
"Nous souhaitons également exprimer notre reconnaissance au juge Obus et à son équipe, et plus particulièrement à toutes les personnes travaillant dans ce tribunal qui ont fait tant d'efforts pour nous protéger ma femme et moi à chaque fois que nous sommes venus ici".
"Enfin, nous sommes évidemment reconnaissants envers le procureur d'être tombé d'accord avec mes avocats sur le fait que cette affaire devait être classée. Nous saluons son professionnalisme et celui des personnes qui ont concouru à cette décision. Nous n'avons plus rien à dire sur cette affaire et nous sommes impatients de retourner chez nous et de reprendre une vie plus normale".
Quant à son avocat, Benjamin Brafman, il a déclaré à l'issue de l'audience qu'il n'y avait pas eu de "rapport forcé" entre son client et Nafissatou Diallo, en évoquant un éventuel comportement déplacé "différent d'un crime". "Ce n'était pas une relation forcée. On peut peut-être avoir un comportement déplacé mais c'est différent d'un crime et cette affaire a été traitée comme s'il s'agissait d'un crime", a déclaré Benjamin Brafman.