Réunir Dave Stewart (la moitié d'Eurythmics) et Mick Jagger (celui qui a la grande bouche) gageait d'une rencontre suscitant un intérêt poli.
SuperHeavy: le carrefour des poids-lourds
La curiosité s'amplifie toutefois d'un cran par la présence d'une jeune pousse confirmée à la "grande" voix soul (Joss Stone) et celle d'un compositeur indien rendu populaire par une BO (A.R.Rahman qui a sévi dans Slumdog Millionnaire).
Cerise sur le gâteau, ce casting mainstream s'offre la caution d'une icône du reggae en la personne de Damian Marley (rejeton de Bob). Résultat: le supergroupe SuperHeavy est né, prêt à mélanger les influences de chacun.
Un brassage inégal
Si les associations artistiques sont légion, rares sont celles qui présentent pareil grand écart au niveau des influences et des profils. La difficulté réside aussi dans le fait que SuperHeavy tente le métissage sur la durée d'un album studio plutôt qu'un single.
A l'écoute, la peau de banane est évitée mais la galette est inégale et frise parfois la soupe en raison du brassage. SuperHeavy devient toutefois plutôt fréquentable quand il s'affirme sur le terrain du reggae/dancehall.
Prime à l'enthousiasme, Jagger and co ne l'ont pas joué dilletante et ont pris un plaisir qui s'avère contagieux.
The Rapture: In The Grace Of Your Love
Les New-Yorkais de The Rapture ont mis cinq ans pour accoucher dans la douleur de "In The Grace Of Your Love", 4e disque qui marque un tournant radical dans leur carrière entamée en 1998.
Le virage est tel que l'album divise et se fait parfois sévèrement tailler un costard. Plus New Wave, il déconcerte les amateurs du Punk électro décharné et hargneux des précédents albums. Mais la prise de risques est ici à considérer comme une marque de maturité.
Ayant perdu son bassiste au passage, The Rapture a fait appel au producteur français Philippe Zdar (Cassius, Phoenix). Une présence qui ne gâche rien.
L'état de grâce
Accrocheur, "In The Grace Of Your Love" revisite la pop et la dance en les rendant plus efficaces que jamais. L'opération est qui plus est facilitée par Luke Jenner, au chant aussi hypnotique que les boucles sonores.
En résumé, The Rapture nous livre un patron de ce à quoi la musique dansante devrait ressembler. "Sail Away", "Miss You", "Come Back To Me", "In The Grace Of Your Love", "How Deep Is Your Love?" et "Can You Find A Way?" sont des bombes mélodiques faites pour gesticuler les yeux fermés et les bras levés.
Revenu de (très) loin, The Rapture gravit du même coup d'autres sommets.
Kasabian: "Velociraptor!" à l'attaque
En 2009, "West Ryder Pauper Lunatic Asylum", 3e album de Kasabian, avait conquis foule et critique et propulsé le groupe de rock indé dans le peloton des formations majeures en Grande-Bretagne, avec 1 million d'albums écoulés.
"Velociraptor!" a pour conséquent la lourde tâche d'asseoir le statut du groupe et prouver que l'embellie vécue il y a deux ans ne doit rien au hasard.
Mission largement accomplie! Mais sans mention. Kasabian a en effet annoncé avoir signé un classique, statut qu'on n'accordera pas aussi aisément à "Velociraptor!". L'album dispose toutefois d'un grand potentiel de séduction.
Le pouvoir d'attraction
Avec "Velociraptor!", on pensait Kasabian prêt à tout bouffer sur son passage en marquant le terrain par une fournée de nouveaux hymnes, tels que ceux qui foisonnaient sur le 3e album.
Les ondes calibrées pour les stades ne manquent en effet pas ("Velociraptor", "Re-Wired"). Mais loin d'être enragé, le groupe s'aventure avec succès sur des terrains plus sombres ("Switchblade Smiles", l'excellent "Acid Turkish Bath (Shelter From The Storm)" ou encore l'halluciné "La Fée Verte").
Peu de titres sont par conséquent à écarter dans cet album dont la force d'attraction s'amplifie à mesure des écoutes.
Jérôme Zimmermann
Les nouveautés musicales
Nneka, "Soul is Heavy" (23 septembre)
James Morrison, "The Awakening" (23 septembre)
Blink 182, "Neighborhoods" (23 septembre)
Jean-Louis Murat, "Grand Lièvre" (26 septembre)
Camille, titre inconnu (3 octobre)
Björk, "Biophilia" (7 octobre)
Arthur H, "Baba Love" (10 octobre)
Noel Gallagher, "Noel Gallagher's High Flying Birds" (17 octobre)
Coldplay, "Mylo Xyloto" (24 octobre)
Corneille, nouvel album (24 octobre)
No Doubt, titre inconnu, (novembre)
L'info musicale de la semaine
Un duo d'Amy Winehouse avec le chanteur américain Tony Bennett enregistré peu avant la mort tragique de la star britannique de la soul en juillet, est sorti mercredi, le jour où elle aurait fêté son 28e anniversaire.
Les deux artistes ont enregistré en mars le classique "Body and Soul" au studio de légende d'Abbey Road à Londres. Il s'agit de l'un des derniers titres enregistrés par Amy Winehouse avant sa mort le 23 juillet à Londres à l'âge de 27 ans.
La chanson, qui figure sur le prochain album de Tony Bennett, 85 ans, "Duos II" qui sort le 20 septembre, est d'ores et déjà disponible sous forme de "single". Les droits d'auteur doivent être reversés à la fondation que les parents d'Amy Winehouse, Mitch et Janis, ont lancée mercredi.
"The Amy Winehouse Foundation" est destinée à aider les jeunes confrontés à des problèmes d'addiction, à la maladie, au handicap, à la pauvreté. La chanteuse, qui a connu un immense succès avec son titre "Rehab" évoquant son refus d'aller en cure de désintoxication, n'a cessé de connaître des problèmes d'alcool et de drogue au cours de sa carrière météorique.
"Amy a touché des millions de personnes à travers le monde et je sais qu'elle continuera à le faire, à travers cette fondation", a déclaré Mitch, son père. "C'est une source de réconfort de savoir qu'Amy aurait été fière de cela", a confié sa mère Janis.
Selon sa famille, Amy Winehouse ne se droguait plus au moment de son décès et l'autopsie n'a pas trouvé trace de substances illégales. L'enquête officielle sur les causes de sa mort doit s'ouvrir le 26 octobre.
afp