"La Syrie de demain doit être pluraliste et non dominée par les islamistes", a martelé samedi à Paris Randa Kassis, porte-parole de la coalition et membre du parti Hadatha. "Il n'y a pas que les islamistes, les fanatiques, il y a nous", a confirmé Bassam a-Bitar, un chrétien membre d'Alenfetah, parti basé à Washington.
Chrétiens assyriens ou syriaques, musulmans sunnites kurdes ou arabes, tous laïcs, une quarantaine d'opposants syriens venant de Washington, de Berlin, du Qatar ou de Norvège réfléchissent ce week-end dans la capitale française à de nouvelles voies au sein de la nouvelle Coalition des forces laïques et démocratiques syriennes (CFLD).
Dialogue prôné avec les islamistes
Ils se disent déterminés à ne pas laisser les islamistes dominer l'opposition en exil six mois après le début de la contestation. Les observateurs retiennent communément la prépondérance de trois mouvements (en Syrie): les "nationalistes" arabes, les "libéraux" et les "islamistes".
Très actifs depuis le début de la contestation, les Frères musulmans sont implantés de longue date dans le pays. "Le problème des islamistes, c'est l'aspect répressif de leur idéologie. Nous n'allons pas remplacer l'esprit répressif (de Bachar al-Assad) par un autre", a encore estimé Randa Kassis. Mais conscients que l'opposition a tout à gagner à unifier ses forces, des opposants laïcs prônent aussi un dialogue constructif avec les "éléments les plus modernes" parmi les islamistes.
"Laïcs et islamistes n'arrivent pas à se mettre d'accord, c'est un processus lent, mais il y a des éléments des deux côtés qui peuvent réussir à faciliter le dialogue", selon Bassam a-Bitar.
Plusieurs morts samedi
Sur le terrain, deux personnes, un homme et une femme, auraient été tuées samedi par des tirs des forces de sécurité syriennes, lors de perquisitions dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH.
L'agence de presse officielle syrienne Sana a rapporté qu'un membre des forces l'ordre avait été tué et un autre blessé dans une embuscade à l'entrée de la localité de Khan Cheikhoune. Sana indique aussi que cinq membres des forces de l'ordre ont été blessés à Homs, au centre, au cours d'une autre embuscade.
Au moins 22 personnes avaient déjà péri vendredi en Syrie, journée marquée traditionnellement par des manifestations hostiles au régime.
Sur le plan diplomatique, une délégation de députés russes est arrivée samedi à Damas pour rencontrer Bachar al-Assad, allié de Moscou, ainsi que des opposant, pour tenter d'amorcer un processus de négociations, selon les agences syrienne Sana et russe Interfax.
Manifestation à Genève
A Genève, environ 200 personnes ont marché samedi dans les rues de la ville en soutien avec le peuple syrien. Elles ont dénoncé le silence de l'Occident par rapport aux massacres actuels. Les manifestants sont partis de la Place des Nations en scandant "Bachar assassin, Bachar criminel" ou encore "Bachar au tribunal". Un large drapeau syrien avait été déployé en tête du cortège.
"L'impuissance flagrante de l'Europe, des Etats-Unis et de l'ONU devient chaque jour qui passe une complicité avec le régime sanguinaire et corrompu d'al-Assad", a déclaré Hafid Ouardiri, de la Fondation de l'Entre-connaissance qui avait coorganisé cette manifestation. Quant à Ueli Leuenberger, le président des Verts suisses, il a de son côté appelé la Suisse à agir rapidement.
agences/olhor