La note de la dette à long terme de l’Italie a été abaissée de "A+" à "A" et la note à court-terme de "A-1+" à "A-1", a indiqué lundi l'agence de notation Standard and Poor's dans un communiqué. La perspective de ces notes est "négative", ce qui signifie que l'agence d'évaluation financière envisage encore de les abaisser.
Décision inattendue
Cette décision inattendue menace d'alimenter les craintes de contagion de la crise de la dette dans la zone euro. Aux yeux de l'agence, l'Italie reste dans la catégorie des émetteurs obligataires solides mais susceptibles d'être affectés par des changements de la situation économique.
Standard and Poor's est la première agence à dégrader la notation de l'Italie qui n'avait jamais été abaissée depuis le début de la crise de la dette, contrairement à celle des autres pays fragiles de la zone euro. L'agence Moody's, qui envisage également de dégrader la note de l'Italie, a annoncé vendredi qu'elle prolongeait son examen et pensait rendre sa décision dans "le mois à venir".
Standard and Poor's justifie sa décision par "l'affaiblissement des perspectives de croissance de l'Italie" ainsi que "la fragilité de la coalition au pouvoir et les divergences politiques au Parlement (qui) vont probablement continuer de limiter la capacité de l'Etat à répondre de manière décisive à un environnement macro-économique difficile sur le plan intérieur et extérieur".
Vers une "récession"
Alors que la faible croissance est déjà le talon d'Achille du pays, l'affaiblissement de la demande extérieure en raison du ralentissement économique mondial, les mesures d'austérité et la "pression sur les coûts de financement" vont en effet entraîner une croissance "plus faible" que celle estimée auparavant, selon l'agence. Dans son scénario le plus négatif, Standard and Poor's table même sur une nouvelle "récession" en 2012 en Italie avec un recul du PIB de 0,6% avant une "modeste reprise" en 2013 et 2014.
Conséquence de ces sombres prévisions économiques, les objectifs de réduction du déficit et de la dette fixés par le gouvernement seront "difficiles à atteindre", selon l'agence de notation qui ne pense pas que toutes les économies prévues pourront être réalisées. Par ailleurs, selon Standard and Poor's, les autorités italiennes "restent réticentes" à adopter des réformes structurelles ambitieuses afin de relancer la croissance.
La dégradation de la note de l'Italie intervient moins d'une semaine après l'adoption mercredi dernier par le Parlement d'un plan d'austérité draconien de 54,2 milliards d'euros devant permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette colossale (120% du PIB). Ce nouveau plan très impopulaire avait été annoncé en urgence début août, en échange du soutien de la Banque centrale européenne sur le marché obligataire, le premier plan adopté en juillet ayant été jugé insuffisant par les marchés.
Mais ce tour de vis n'a toutefois pas permis à l'Italie de rassurer les investisseurs qui doutent de la détermination du gouvernement à mettre en oeuvre ces mesures, alors que la mise au point du plan a donné lieu à d'incessantes tergiversations pour tenter de contenter une majorité divisée et affaiblie.
ats/bkel
Une décision "faussée", se plaint Rome
Le gouvernement italien a dénoncé mardi la décision de Standard and Poor's de dégrader la notation de l'Italie, jugeant que l'évaluation de l'agence était "faussée par des considérations politiques" et se basait plus sur les médias que sur "la réalité des choses".
"Les évaluations de Standard and Poor's semblent plus dictées par les articles des quotidiens (sur les coulisses de la politique, ndlr) que par la réalité des choses et elles apparaissent faussées par des considérations politiques", a jugé le gouvernement de Silvio Berlusconi dans un communiqué.
"Le gouvernement a toujours obtenu la confiance du Parlement, démontrant ainsi la solidité de sa majorité", a-t-il ajouté. "Il vaut la peine de rappeler que l'Italie a adopté des mesures qui visent à (atteindre) l'équilibre budgétaire en 2013 et que le gouvernement prépare des mesures de soutien à la croissance dont les fruits se verront à court et moyen terme", a-t-il encore insisté.
Réagissant à ces propos, Standard and Poor's (S&P) a indiqué mardi que son évaluation était "apolitique".