Le "Vol spécial" de Fernand Melgar n’était pas passé furtivement au dernier festival du film de Locarno. Récompensé par deux prix - le Prix du Jury des Jeunes et le Prix du Jury Œcuménique - le documentaire avait surtout suscité la polémique lorsque le président du jury de la compétition, Paulo Branco, l’avait traité de "fasciste".
Tourné à Frambois, centre de détention administrative de Vernier, "Vol spécial" raconte comment se noue le sort des requérants d’asile qui peuvent y rester 24 mois sans avoir commis un délit, en attendant d’être renvoyés dans leur pays.
Un film sans commentaires
Filmé à hauteur d’hommes, le film privilégie le facteur humain, aussi bien au niveau des demandeurs d'asile qu'à celui des employés du centre et des gardiens. Il en dégage une tristesse et une dureté beaucoup plus fortes que dans "La Forteresse", précédent documentaire de Melgar sur la centre d’enregistrement des requérants d’asile de Vallorbe. Le film montre aussi les moments de joie et d'espoir qui existent néanmoins dans ce lieu.
Réalisé sans le moindre commentaire ni entretien, "Vol spécial" est tourné selon la mode du cinéma direct, laissant la parole aussi bien aux détenus qu'aux fonctionnaires. C’est d’ailleurs cette absence de prise de position que Paulo Branco avec dénoncée, regrettant que le film ne "confronte jamais les bourreaux, qui sont quand même ceux qui font exécuter ça et qui amènent finalement à la mort de quelqu'un". Ce à quoi Melgar avait répondu: "après tout, chacun a le droit de s’exprimer, et nous sommes en démocratie." Les spectateurs romands pourront désormais se forger leur propre opinion.
La nouvelle guerre des boutons
La "guerre des boutons" n’aura sans doute jamais aussi bien porté son nom. Le roman de Louis Pergaud, paru en 1912, a déjà été adapté à trois reprises au cinéma, dont la version d'Yves Robert en 1962. Depuis cette semaine, ce nombre s’élève à cinq. A quelques jours d'intervalle, le cinéma français nous gratifie de deux nouvelles adaptations. "La guerre des boutons" de Yann Samuell est sortie mercredi passé et laisse sa place cette semaine à "La nouvelle guerre des boutons" de Christophe Barratier.
Raison de ce doublon? Les droits d’adaptation du roman de Pergaud sont tombés dans le domaine public l’an passé et deux producteurs se sont lancés dans une véritable guerre. Malgré les coups bas que dénoncent les uns et les autres, les deux films sont finalement sortis presque simultanément. Après avoir (re)découvert les aventures de Tigibus et ses camarades version Yann Samuell, les spectateurs romands pour donc (re-re)découvrir ce récit de guerre entre enfants, à la sauce Barratier.
"Mais comment font les femmes"
C’est la question que tous les hommes se posent, selon le réalisateur Douglas McGrath. Et c’est à Sarah Jessica Parker, Greg Kinnear et Pierce Brosnan de donner la réponse. Inspiré du roman d’Allison Pearson, le film raconte l’existence de Kate qui jongle entre son travail, l’éducation de ses enfants, son couple et ses copines.
Résultat: un agenda de ministre rempli d’une liste d’activité longue comme un jour sans pain. Faire une lessive, rdv banque, coiffeur, faire les devoirs des enfants, arrêter le chocolat (demain), e-mail, trouver une baby-sitter moche, épilation, impôts, acheter du chocolat, arrêter de culpabiliser, réserver les vacances d’été, etc... Mais comment font les femmes?
"L’Apollonide - souvenirs de la maison close"
Paris, à l'aube du XXe siècle. Dans une maison close, une prostituée est défigurée par une cicatrice qui lui dessine un sourire tragique. Autour de la "femme qui rit", la vie des autres filles s'organise, leurs rivalités, leurs craintes, leurs joies, leurs douleurs. De l’extérieur, personne n’en sait rien. La maison est close.
En compétition au dernier festival de Cannes, le film en huis-clos de Bertrand Bonello se positionne entre chronique sociale et projet conceptuel.
Victorien Kissling
Les prochaines sorties
LES SORTIES DU 21 SEPTEMBRE
VOL SPECIAL, de Fernand Melgar
LA NOUVELLE GUERRE DES BOUTONS, de Christophe Barratier. Avec Kad Merad, Gérard Jugnot
MAIS COMMENT FONT LES FEMMES?, de Douglas McGrath. Avec Sarah Jessica Parker, Pierce Brosnan, Greg Kinnear
L’APOLLONIDE - SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE, de Bertrand Bonello. Avec Noemie Lvovsky, Hasfia Herzi, Jasmine Tinca
THE BLACK POWER MIXTAPE, de Göran Olsson
LA FEE, de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy. Avec Dominique Abel, Fiona Gordon
LES SORTIES DU 28 SEPTEMBRE (SOUS RESERVE)
UN HEUREUX EVENEMENT, de Rémi Bezançon. Avec Louise Bourgoin, Pio Marmai, Josiane Balasko
LES HOMMES LIBRES, de Ismael Ferroukhi. Avec Tahar Rahim, Michael Lonsdale
WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN, de Lynne Ramsay. Avec Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller, Jasper Newell
ABDUCTION, de John Singleton. Avec Taylor Lautner, Lily Collins, Alfred Molina, Jason Isaacs
THIS IS NOT A FILM, de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb
LA PLANQUE, de Akim Isker. Avec Jalili Naciri, Gilles Bellomi, Ahcen
La news ciné de la semaine
Avatar va devenir une attraction de parcs à thèmes. La planète Pandora, inventée par James Cameron pour son film "Avatar", va se matérialiser dans les parcs d'attractions du groupe Disney, ont annoncé mardi la Fox, Disney et la société du cinéaste, Lightstorm Entertainment.
Le premier parc à accueillir cette planète imaginaire, décrite par le réalisateur comme un éden de nature inviolé, sera Walt Disney World en Floride. Les travaux doivent débuter en 2013.
"Notre objectif est d'aller au-delà des frontières actuelles en matière d'innovation technique et d'expériences, et de donner aux visiteurs l'opportunité de voir, entendre et toucher le monde d'Avatar avec un sens de la réalité sans précédent", a déclaré James Cameron, qui prépare actuellement deux nouveaux films "Avatar" prévus pour décembre 2014 et 2015.
L'accord signé octroie à Disney les droits exclusifs d'exploitation d'Avatar dans les parcs à thème du groupe dans le monde entier.