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Palestine: le Quartette sort de son silence

Le Quartette appelle à une reprise des négociations dans le mois et à un accord final avant fin 2012. [Seth Wenig]
Le Quartette appelle à une reprise des négociations dans le mois et à un accord final avant fin 2012. - [Seth Wenig]
Après des mois de silence, le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie, UE) a mis moins de quatre heures vendredi pour réagir à la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine à l'ONU, avec une offre détaillée de reprise du dialogue, qui devrait aboutir à un accord en 2012.

Le moment historique des Palestiniens passé, le Quartette s'est empressé de fournir un calendrier de négociation. L'hypothèse d'une déclaration du Quartette avait été évoquée pendant tout l'été, dans le cadre des efforts américains et européens pour proposer une alternative au bras de fer à l'ONU entre Israël et les Palestiniens.

Les discussions ont été incessantes ces derniers jours à New York, y compris dans la nuit de jeudi à vendredi. La déclaration est finalement venue après le dépôt de sa demande par le président palestinien Mahmoud Abbas et la réponse courroucée de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien.

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Un accord en 2012

Arrivé après la bataille, le Quartette tente de rebondir en "regardant vers l'avenir", a expliqué un haut responsable américain: "Le président Abbas a présenté sa lettre, il est impératif d'en prendre note et d'offrir des idées en réponse. Nous devons retourner à l'essentiel, qui est de trouver le moyen de faire repartir les négociations".

Mahmoud Abbas a présenté sa requête à Ban Ki-moon dans une enveloppe portant l'emblème palestinien. [EMMANUEL DUNAND]
Mahmoud Abbas a présenté sa requête à Ban Ki-moon dans une enveloppe portant l'emblème palestinien. [EMMANUEL DUNAND]

Cette approche "simple", selon le mot de plusieurs membres du groupe, consiste avant tout en un calendrier. Israéliens et Palestiniens se rencontreraient une première fois dans un mois pour établir "un calendrier et une méthode de négociations".

L'engagement d'aboutir à un accord définitif fin 2012 "au plus tard" serait pris lors de cette même réunion "préparatoire". Les parties présenteraient ensuite "des propositions complètes d'ici trois mois" sur la sécurité et la question des frontières, et s'engageraient à "des progrès substantiels en six mois".

Silence radio sur les colonies

La déclaration est peu détaillée sur le fond. Elle se réfère au discours de Barack Obama en mai, dans lequel le président américain propose de négocier sur la base des frontières d'avant la guerre israélo-palestinienne de 1967, avec des échanges de territoire acceptés par les deux parties afin de tenir compte des évolutions depuis.

Mais le Quartette n'aborde pas, par exemple, la question épineuse des colonies juives, ni la demande d'Israël d'être considéré comme l'Etat-nation du peuple juif. Le plan prévoit en revanche une conférence internationale à Moscou pour évaluer l'avancée des discussions, "au moment qui conviendra".

Une conférence des donateurs pour la Palestine aurait également lieu, à une date non précisée. Mercredi, le président français Nicolas Sarkozy avait déjà évoqué une telle conférence, qui aurait lieu en France pendant l'automne.

Saisir cette opportunité

L'offre de Nicolas Sarkozy présentait d'autres points communs avec celle du Quartette. Et pour cause, puisque la France a largement pris part à l'élaboration de la déclaration publiée vendredi. Les efforts du président français avaient suscité l'intérêt des Palestiniens, et le rejet des Israéliens.

Vendredi, les Palestiniens ont appelé Israël à "saisir l'occasion offerte par le Quartette", présentant toutefois des conditions. "Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités (...) mais Israël doit prendre les siennes et arrêter la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est", a déclaré à l'AFP le négociateur Saëb Erakat. "Nous sommes en train d'étudier la déclaration" du Quartette, a déclaré de son côté à l'AFP un haut responsable israélien.

Après avoir agité ces dernières semaines la menace d'un veto américain - qui reste d'actualité - contre la démarche des Palestiniens à l'ONU, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a appelé les deux ennemis à saisir la main tendue par le Quartette, et à "tirer profit de cette opportunité de retourner au dialogue".

afp/sbo

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Israël émet des réserves

Le calendrier de négociations avancé par le Quartette "n'est pas sacré", a estimé samedi le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon. "L'important dans la prise de position du Quartette c'est qu'il ne pose pas de conditions à la reprise des négociations concernant la colonisation et les frontières", a-t-il déclaré à la radio publique israélienne.

Tout va dépendre, selon lui, d'une acceptation par les Palestiniens d'"une reprise des négociations sans conditions préalables et sans menaces d'actions unilatérales", en allusion à la démarche à l'ONU en vue de l'adhésion d'un Etat de la Palestine. "Aussi longtemps que les Palestiniens ne viennent pas à la table de négociations, on ne pourra pas avancer", a averti Danny Ayalon, membre du parti nationaliste Israël Beitenou.

De son côté, le ministre de l'Environnement, Gilad Erdan, du parti Likoud du chef du gouvernement Benjamin Netanyahu, a exprimé des doutes sur une reprise des négociations. "Je ne crois guère à une reprise des négociations, bien que le Premier ministre fasse l'impossible pour y parvenir", a-t-il assuré à la radio.