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Le patron d'UBS Oswald Grübel démissionne

Oswald Grübel annonçait pourtant après le scandale de Londres qu'il ne démissionnerait pas.
Oswald Grübel annonçait pourtant après le scandale de Londres qu'il ne démissionnerait pas.
Oswald Grübel tire les conséquences du scandale suscité par l'affaire du courtier londonien qui a fait perdre 2,3 milliards de dollars à UBS. Neuf jours après le choc causé par cette nouvelle, le patron de la première banque helvétique a donné samedi sa démission avec effet immédiat.

Le président du conseil d'administration Kaspar Villiger a regretté la décision d'Oswald Grübel par le biais du communiqué diffusé samedi dans le cadre de la réunion trimestrielle du conseil d'administration d'UBS à Singapour.

Sergio Ermotti, qui dirige les activités d'UBS en Europe, Afrique et Moyen-Orient, assure l'intérim. Ayant rejoint la direction générale d'UBS en avril dernier seulement, le Tessinois, ancien numéro deux de la banque italienne UniCredit, préside également le conseil d'administration de la compagnie aérienne Darwin.

Selon l'ancien conseiller fédéral, "Oswald Grübel estime qu'il est de son devoir d'assumer la responsabilité pour la récente affaire concernant les opérations de négoce non autorisées".

La démission d'Oswald Grübel, qui occupait ses fonctions depuis février 2009 seulement, s'appuie sur le principe qu'un chef doit assumer, a indiqué Jean-Raphaël Fontannaz, porte-parole d'UBS, sur les ondes de la RSR. Il s'agit d'une décision personnelle et aucun actionnaire n'est intervenu, a-t-il précisé.

Pas d'indemnité de départ

Le patron sortant percevra son salaire ces six prochains moins, sans aucune indemnité de départ, a souligné Kaspar Villiger en conférence téléphonique.

Kaspar Villiger
Kaspar Villiger

Fragilisé par la découverte il y a dix jours d'une fraude d'un courtier londonien de 31 ans ayant entraîné une perte de 2,3 milliards de dollars (2,1 milliards de francs), Oswald Grübel était resté muet vendredi quant à son avenir.

Signe d'intenses discussions, la réunion trimestrielle du conseil d'administration, laquelle devait s'achever vendredi, s'est poursuivie durant le week-end.

Premier actionnaire sévère

Mardi, le premier actionnaire d'UBS, le fonds souverain de Singapour GIC, avait diffusé un communiqué d'une rare sévérité, appelant l'établissement bancaire "à réagir fermement afin de rétablir la confiance dans la banque".

Exprimant à Oswald Grübel sa "vive gratitude", Kaspar Villiger a ajouté que la décision du patron de l'établissement "témoigne de la fermeté de ses principes et de son intégrité".

"Ossie", surnom de l'Allemand, a finalement cédé à la pression, alors qu'il avait exclu toute démission jusqu'à vendredi. Répondant à l'appel de GIC, le conseil d'administration a demandé à la direction du groupe d'accélérer la mise en oeuvre de la stratégie axée sur la clientèle d'Investment Bank, la division de banque d'affaires du groupe, unité dans laquelle la fraude est intervenue. Les administrateurs maintiennent ainsi le cap au niveau de la stratégie d'UBS, confirmant le modèle intégré basé sur les activités de gestion de fortune, de banque d'affaires, de gestion d'actifs ainsi que les affaires de détail et avec les entreprises en Suisse.

Redresseur de banques

Ancien de Credit Suisse, Oswald Grübel, 67 ans, a remis UBS sur la voie de la croissance, l'établissement ayant frôlé la faillite à la suite de la crise financière, sans oublier les foudres américaines dans le cadre d'affaires d'évasion fiscale.

Fatale à Oswald Grübel, la fraude du courtier londonien a une nouvelle fois mis à mal la réputation d'UBS, alors que la banque est parvenue à rétablir la confiance de sa clientèle cette année. L'établissement avait ainsi affiché un afflux net de nouveaux capitaux de 22,3 milliards de francs, au premier trimestre, un record depuis la crise financière.

Enquête en cours

Le trader d'UBS inculpé de fraude est actuellement maintenu en détention à Londres. "Le Conseil d'administration est profondément déçu par la perte découlant des opérations de négoce non autorisées et il apportera tout son soutien à l'enquête indépendante", ajoute par ailleurs le communiqué d'UBS.

"Il fera en sorte que des mesures d'accompagnement seront mise en place pour empêcher qu'un tel cas puisse se produite à nouveau à l'avenir".

ap/ats/lan

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Pas une décision facile à prendre, selon Oswald Grübel

Oswald Grübel a fait savoir aux collaborateurs d'UBS que la décision de démissionner de son poste de président de la direction n'avait pas été facile à prendre. L'Allemand se dit pourtant convaincu qu'il vaut mieux pour la banque pouvoir compter sur un nouveau patron à l'avenir.

Pour Oswald Grübel, il était clair qu'il lui incombait d'assumer la pleine responsabilité du cas de fraude par un trader de la banque découvert il y a dix jours à Londres. Son retrait permet aux clients, investisseurs et autorités politiques de concentrer leur attention au plus vite à nouveau sur les "qualités et forces" d'UBS, a-t-il écrit samedi dans une note interne.

Oswald Grübel se dit encore profondément choqué par la perte de 2,3 milliards de dollars (2,1 milliards de francs au cours actuel) causée par l'affaire londonienne. Après avoir restauré la confiance autour d'UBS, il demande enfin aux employés de ne pas douter "des forces" de l'établissement bancaire.