"Il faut saluer le fait qu'Oswald Grübel prenne ses responsabilités dans la fraude commise à Londres en partant", a déclaré samedi le président du PLR Fulvio Pelli. Et le libéral-radical se réjouit du choix porté sur Sergio Ermotti pour prendre la tête de la banque à titre intérimaire, car il estime que celui-ci possède l'expérience internationale nécessaire pour assumer cette fonction.
Quant aux attaques de l'UDC à l'encontre du président du conseil d'administration d'UBS, l'ancien conseiller fédéral radical Kaspar Villiger, Fulvio Pelli n'y voit que de la "pure propagande électorale".
Oswald Grübel a fait un "bon job"
Les chefs des autres grands partis se montrent eux beaucoup plus critiques à l'égard de Kaspar Villiger. Il "est toujours en place et c'est lui qui est responsable de la stratégie d'UBS. Il devait imposer des changements de pratiques et ne l'a pas fait", juge le président du PS Christian Levrat dans Le Matin Dimanche.
Le socialiste indique toutefois qu'il lui "laisse encore le bénéfice du doute". Selon lui, le départ du patron d'UBS donne au président de la banque une occasion d'enfin tourner la page du passé. "Il serait aussi temps qu'il s'explique", estime à l'égard de Kaspar Villiger le chef du PDC Christophe Darbellay, cité dans le même journal.
Quant à Oswald Grübel, il était "une solution intermédiaire" - "et dans ce sens, il a fait un bon job". Cependant, au scandale de Londres s'ajoute le fait que le patron démissionnaire "n'a cessé de dire tout le mal qu'il pensait des politiciens. Comme si rien ne s'était passé en 2008".
"Les problèmes restent", selon la presse
"Nous vivons une époque où les patrons de banques passent du statut de sauveur à celui de paria presque aussi rapidement que les entraîneurs de foot", observe Le Matin Dimanche. "Pour consolider UBS, deux têtes grises étaient sorties du bois" avec l'objectif de lui donner une image rassurante. "Un ratage total: le premier tombe, le second voit sa tête réclamée elle aussi."
"Oswald Grübel s'en va, les problèmes restent", écrit de son côté la NZZ am Sonntag. Le journal juge que ce départ est logique mais qu'il apporte en soi assez peu à la banque, dont les problèmes sont de nature moins opérationnelle que stratégique. Il s'interroge en outre sur ce qu'apportera la direction ad intérim de Sergio Ermotti, issu de la branche de la banque d'investissement.
Quant à cette succession, le journal Sonntag reproche au conseil d'administration un manque d'orientation et se demande pourquoi il n'a pas nommé définitivement Sergio Ermotti. Il souligne aussi l'amertume du départ d'Oswald Grübel: le scandale des milliards perdus à Londres aura finalement davantage pesé que sa "performance presque herculéenne" de ramener UBS en zone bénéficiaire.
Des limites pour les bonus et les pertes
La Sonntagszeitung critique pour sa part le manque de conscience du risque de la banque, qui a suivi une stratégie "illusoire" de maximisation des bénéfices. Selon le journal dominical, il est temps que le patron d'UBS introduise enfin des limites: "une limite supérieure en matière de risques, de bonus et de pertes".
Sur le site internet du Tages-Anzeiger, un éditorialiste note que si le retrait d'Oswald Grübel est "cohérent et juste, il serait incohérent et faux pour la banque de ne pas en tirer d'autres conséquences". Il estime que le départ du patron d'UBS doit dès que possible être suivi du départ de son président Kaspar Villiger.
No comment au DFF
Du côté du gouvernement, la ministre des finances Eveline Widmer-Schlumpf a pris connaissance de la nouvelle mais n'a pas tenu à la commenter. "J'espère toutefois que la Suisse redeviendra une place bancaire qui se distingue par sa qualité", a-t-elle dit alors qu'elle se trouvait à Washington pour l'Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale.
Quant au président de la Banque nationale suisse (BNS) Philipp Hildebrand (qui participait aussi à cette assemblée), il pense qu'Oswald Grübel mérite le respect pour la façon dont il a dirigé et restructuré UBS.
Michel Dérobert, secrétaire général de l'Association des banquiers privés suisses (ABPS), estime pour sa part que ce n'était "pas vraiment" Oswald Grübel "qui était en charge de contrôler un trader qui est parti dans cette direction", comme il l'a dit sur les ondes de la RSR. L'"homme de caractère" a pris ses responsabilités et "probablement préféré laisser à d'autres le soin de finir le travail".
ats/sbo