Un Léopard d'or helvético-argentin arrive en salles

Nombre de critiques ont parlé de film ennuyeux ou creux, mais il n'empêche que "Abrar puertas y ventanas" ("Ouvrir portes et fenêtres") a reçu le Léopard d'or du dernier festival de Locarno.

Une énorme surprise, même pour la réalisatrice Milagros Mumenthaler, auteure de ce long-métrage helvético-argentin qui a été coproduit par la RTS. Née en Argentine avant de grandir en Suisse, Milagros Mumenthaler signe un premier coup d'éclat à l'âge de 34 ans.

Si ce film a triomphé au Tessin, encore complété par le prix d'interprétation féminine (pour Maria Canale), il n'a toutefois pas encore reçu beaucoup d'écho hors des deux pays concernés.

Trois soeurs livrées à elles-mêmes

Le spectateur est propulsé dans une sorte de huis clos pesant dans une grande maison de Buenos Aires. Trois soeurs adolescentes privées de parents viennent de perdre leur grand-mère et tentent de surmonter leur deuil en investissant ce lieu un peu oppressant.

De la tristesse, des conflits, de l'ennui, des relations pas abouties avec des garçons et des crises de rigolade, ces soeurs doivent apprendre seules à devenir adultes. Mais elles quittent peu leurs sous-vêtements et peinent à sortir d'une troublante oisiveté. Un film difficile d'accès donc, qui demandera de la patience à son public.

Dure plongée dans la polisse des moeurs

"Polisse" est un film à l'orthographe défaillante, enfantine et blessée, comme pour souligner les âpres difficultés rencontrées par les enfants de certains milieux difficiles. Ce long métrage basé sur des faits réels se plonge dans le quotidien de la Brigade des moeurs.

La réalisatrice Maïwenn s'intéresse à ces flics qui traquent les pédophiles, les parents maltraitants, les victimes d'inceste, les ados à la dérive. Mais aussi aux douloureux efforts de concilier cette vie-là et la vie privée. Cà et là, des fous rires incontrôlables se font entendre, pour se protéger et surnager, comme un remède à ce milieu sombre.

JoeyStarr passe de voyou à flic

Pour son troisième film, Maïwenn a voulu coller au réel, si bien que ses acteurs, aussi bons soient-ils, disparaissent rapidement derrière leur rôle. On oublie Karine Viard ou Marina Foïs, on voit des flics à la peine, on ne reconnaît pas Audrey Lamy (vue dans "Scènes de ménage"), on blâme une mère indigne.

Et qu'en est-il du rappeur JoeyStarr, de retour après une première collaboration avec Maïwenn, son ex-compagne, dans "Le Bal des actrices"? Ecorché et plutôt touchant, la star de NTM est (presque) méconnaissable dans ce rôle de flic avide de justice. Surtout si l'on se souvient des démêlés de JoeyStarr avec la justice, lui qui a joué ce rôle alors qu'il venait de sortir de prison...

Johnny Bean English sévit à nouveau

Dans la famille des agents secrets britanniques, on a James Bond et Johnny English. Autant le premier est élégant et efficace, autant le second est maladroit et incapable. Mais si 007 manque parfois un peu de modestie, son pendant réussit aussi ses missions malgré les bourdes.

Ce type improbable qu'est Johnny English est interprété par Rowan Atkinson himself, autrement dit Mister Bean. Et Bean, on aime ou on n'aime pas, mais on ne peut pas rester indifférent.

Huit ans après un premier opus qui a rempli les salles, c'est le réalisateur Oliver Parker ("Dorian Gray") qui sort English et ses gags sots du placard, un deuxième film logiquement intitulé "Johnny English, le retour". Pour le pire ou pour le meilleur, comme dit l'adage.

Mister Bean rencontre l'agent Scully

Tout sérieux s'envole avec Rowan Atkinson. Il assomme un golfeur sur le green, il coupe des arbres avec un hélicoptère, il agresse par erreur la mère de sa cheffe qu'il prend pour une tueuse, il se ridiculise dans une réunion de crise au MI6.

Mais les services secrets le sortent de sa retraite chez des moines bouddhistes car il est le seul à pouvoir arrêter un dangereux complot contre un dirigeant chinois.

La seule qui s'en plaint est sa supérieure hiérarchique, qui est campée par une Gillian Anderson noiraude et improbable dans ce rôle. L'agent Scully de "X-Files" dans une comédie bête et drôle, Mulder doit en faire une jaunisse...

Frédéric Boillat