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Nouveaux appels à faire baisser le cours du franc

Le président de l'Union patronale suisse Valentin Vogt demande plus de flexibilité pour les entreprises. [Peter Klaunzer]
Le président de l'Union patronale suisse Valentin Vogt demande plus de flexibilité pour les entreprises. - [Peter Klaunzer]
La Banque nationale suisse (BNS) devrait intervenir afin d'assurer un taux de change de l'euro à 1,30 franc. La commission de l'Economie du National a exprimé ce souhait lundi. Les patrons ont quant à eux demandé de pouvoir allonger la durée de travail du personnel et baisser les salaires.

Bien qu'elle demande à la BNS de lutter davantage contre le franc fort, la commission de l'Economie refuse l'idée d'un paquet de mesures pour atténuer la force du franc. La majorité de la commission rejette toute intervention politique directe pour l'heure, a déclaré son président Hansruedi Wandfluh (UDC/BE) lundi devant la presse. Elle s'inscrit ainsi dans la lignée de la position du ministre de l'Economie Johann Schneider-Ammann, qui a annoncé dimanche avoir renoncé à ficeler un deuxième paquet de mesures.

"Des temps difficiles s'annoncent pour les entreprises", a de son côté affirmé l'Union patronale suisse (UPS) lors d'une conférence de presse à Berne. Les défis ne sont pas encore clairement perceptibles. Du coup, ils sont sous-estimés dans la population puisque "dans l'ensemble, la Suisse se porte encore bien", avertit le président de l'UPS Valentin Vogt.

Franc toujours surévalué

Même après les interventions de la BNS, le franc reste "nettement surévalué". Selon Valentin Vogt, les industries d'exportation et du tourisme ne retrouveront leur capacité concurrentielle qu'avec un taux de 1,30 à 1,40 franc pour un euro. Dans l'idéal, le cours du franc corrigé du pouvoir d'achat devrait même se situer au-dessus de 1,40 franc.

Pas question toutefois d'exhorter la BNS à augmenter le taux : l'UPS fait confiance à l'institution pour savoir quand il faut intervenir. De plus, la banque ne peut agir à sa guise contre l'orientation des marchés, rappelle le patronat. Mais si le franc devait conserver sa force actuelle, il s'ensuivrait "des dommages structurels pour toute l'économie avec la suppression d'emplois et des délocalisations" à l'étranger.

Dans l'immédiat, les entreprises doivent pouvoir réagir au problème par des mesures touchant le personnel, affirme l'UPS. Aux yeux du patronat, l'allongement de la durée du travail sans modification de salaire est celle qui affecte le moins les employés. Elle présuppose cependant une demande supplémentaire effective sur les marchés internationaux. Un surcroît de travail sans adaptation de salaire permet aux entreprises d'abaisser les coûts salariaux sans avoir à rogner sur le revenu de leurs collaborateurs.

Mesures sous conditions

La diminution des coûts salariaux est d'environ 5% lors d'un passage de 40 à 42 heures par semaine, calcule l'UPS. Quant aux baisses de salaire, elles n'entrent en ligne de compte que dans des situations de nécessité absolue. Enfin, un versement du salaire en euros devrait pouvoir être envisagé, mais uniquement en dernier recours par les entreprises se trouvant "dans une crise existentielle", insiste le directeur de l'UPS Thomas Daum.

Prolongement du temps de travail, versement des salaires en euros ou réductions des salaires sont des mesures d'urgence qui doivent remplir certaines conditions, a expliqué Valentin Vogt. La première est de ne pas prendre de décisions touchant le personnel sans nécessité. Elles ne doivent pas être prises de façon opportuniste, dans le seul but d'optimiser les résultats.

Ces dispositions doivent aussi respecter la symétrie des sacrifices et le principe de solidarité dans l'entreprise : les cadres n'en seraient pas exemptés. L'UPS prône le dialogue transparent avec les salariés, d'après la devise "convaincre sans imposer". Enfin, ces mesures doivent être revues périodiquement, avec la possibilité de les remanier en profondeur.

ats/dk

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Les patrons défendent la libre circulation

Lors de sa conférence de presse, l'UPS a aussi plaidé pour la garantie de la libre circulation des personnes. Pour l'économie helvétique, pouvoir disposer de personnel qualifié en suffisance est d'une importance capitale. Or le marché intérieur exigu n'est pas capable de répondre à la demande, selon Thomas Daum.

L'UPS rejette en revanche de nouvelles charges pour l'économie : elle dit un non résolu à l'initiative syndicale "6 semaines de vacances pour tous". Dans la situation actuelle, réclamer plus de vacances est totalement déplacé, estime le vice-président de l'UPS Wolfgang Martz. Celui-ci rappelle que de nombreux salariés en Suisse profitent de conventions collectives de travail ou de réglementations d'entreprises allant bien au-delà du minimum légal de 4 semaines.