Après l'adoption des mesures, "le président du Conseil remettra son mandat au chef de l'Etat qui procédera aux consultations" habituelles avec les partis de la majorité et de l'opposition, selon un communiqué du Quirinal, siège de la présidence, en vue de la formation d'un nouveau gouvernement.
Le communiqué précise que Silvio Berlusconi a indiqué au président Giorgio Napolitano dans un entretien d'environ une heure, être "conscient des conséquences du résultat du vote" de mardi à la Chambre des députés, où il est apparu qu'il n'avait plus la majorité absolue. Silvio Berlusconi a toutefois "exprimé sa vive préoccupation face à l'urgente nécessité de donner des réponses concrètes aux attentes des partenaires européens avec l'approbation de la loi de finances (2012), amendée à la lumière des observations et propositions de la Commission européenne".
Départ fin novembre?
Le calendrier actuel prévoit l'approbation de ces mesures d'ici au 18 novembre au Sénat et d'ici à la fin du mois à la Chambre des députés. Il pourrait toutefois être modifié. Une fois les mesures adoptées, Silvio Berlusconi démissionnera et le président consultera tous les partis pour voir s'il est possible de constituer un gouvernement avec une nouvelle majorité ou pas.
Le gouvernement a réussi à faire adopter à la Chambre mardi le bilan 2010 de l'Etat italien, uniquement grâce à l'abstention de l'opposition, et n'a recueilli que 308 voix alors que la majorité absolue est de 316 voix. Le chef du principal parti d'opposition de gauche, Pier Luigi Bersani, a aussitôt appelé le Cavaliere, 75 ans, à "prendre acte de la situation et à démissionner".
Liste de prétendants
Même son allié clé de la Ligue du Nord, Umberto Bossi, lui a suggéré de passer la main, par exemple à son dauphin, le secrétaire général du PDL, son parti, Angelino Alfano, qui pourrait diriger un gouvernement élargi aux centristes. Gianni Letta, bras droit de Silvio Berlusconi, a aussi été pressenti.
Des noms comme celui de l'ex-commissaire européen et économiste Mario Monti circulent également pour le poste de chef d'un éventuel gouvernement d'union nationale qui serait soutenu aussi bien par des formations de droite que de gauche.
afp/pima
Un dirigeant très singulier
Silvio Berlusconi a gouverné l'Italie à trois reprises depuis 1994 après avoir bâti un empire médiatique qui en a fait l'un des hommes les plus riches du pays. Né le 29 septembre 1936 à Milan (nord), ce fils d'un employé de banque a montré très tôt des dons exceptionnels pour les affaires.
Vendeur d'aspirateurs, chanteur et animateur de boîtes de nuit dans les années 50, il commence à gagner de l'argent dans l'immobilier avant de s'intéresser à la télévision à la fin des années 70, puis de fonder un empire, Mediaset, dont les trois chaînes sont reçues dans tous les foyers italiens.
Sa holding Fininvest, qui regroupe les participations dans la banque, l'édition ou la télévision, a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 5,5 milliards d'euros en 2009. Elle a permis à Silvio Berlusconi d'occuper pendant dix ans le 1er rang des grandes fortunes en Italie avant que les aléas boursiers ne le fassent glisser un peu plus bas, mais toujours dans les cinq premiers.
Au pouvoir en 1994
Silvio Berlusconi a accédé au pouvoir pour la première fois en mars 1994, quelques mois seulement après avoir fondé son parti de centre-droit, "Forza Italia" (Allez l'Italie), sur les ruines de la Démocratie chrétienne. Lâché par son allié populiste de La Ligue du Nord, son premier gouvernement ne dure que sept mois. Sa deuxième victoire en 2001 lui permet de rester au pouvoir pendant toute une législature (cinq ans), un record dans l'Italie d'après-guerre.
Il connaît la défaite d'extrême justesse face à Romano Prodi en 2006, mais prend sa revanche en 2008 avec une troisième victoire, le "berlusconisme" - mélange de populisme, d'anticommunisme et de battage télévisuel permanent - étant devenu une constante de la vie politique.
Souvent condamné
La justice italienne a poursuivi Silvio Berlusconi plus de dix fois pour corruption, fraude fiscale ou financement politique illicite. Souvent condamné en première instance, il ne l'a jamais été définitivement. Mais trois procédures sont encore en cours contre lui pour fraude fiscale, corruption et... prostitution de mineure.
Coutumier des impairs, dérapages et autres gaffes, il a en effet défrayé la chronique ces dernières années avec ses frasques sexuelles supposées.
Son nom est aussi associé à l'une des plus grandes équipes de football d'Europe, le Milan AC. Deux fois marié, séparé de sa seconde épouse aussi, il est père de cinq enfants.
Berlusconi s'explique
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a livré ses premières déclarations mardi soir, après l'annonce de sa future démission.
"Il faut se préoccuper de la situation italienne, de ce qui se passe sur les marchés, du fait que les marchés ne croient pas que l'Italie soit capable ou ait l'intention d'approuver ces mesures que l'Europe a demandées", a déclaré Silvio Berlusconi, dans un appel téléphonique à une de ses chaînes télévisées, Canale 5.
Silvio Berlusconi a jugé nécessaire de "faire la démonstration au contraire (du fait) que nous sommes sérieux et c'est la première chose dont nous devons nous préoccuper". "Ensuite, il y a les autres choses comme de savoir qui dirige ou pas le gouvernement", a-t-il ajouté.
"Nous traversons un contexte difficile en ce qui concerne les marchés. L'Europe nous a demandé des mesures qui devraient soutenir notre économie et elle nous les a demandées avec beaucoup d'insistance", a rappelé le Cavaliere, estimant qu'il faut "les approuver".