Mario Monti, économiste respecté de 68 ans, a entamé vers 10h30 des consultations avec les principaux partis politiques et les partenaires sociaux qui dureront toute la journée ainsi que mardi, avant la présentation attendue d'une liste restreinte de 12 ministres.
Les marchés ont applaudi le choix de Mario Monti, avec une forte hausse de la bourse de Milan (+2% peu après l'ouverture) et une nouvelle détente des taux obligataires à 10 ans à 6,35%. L'Italie a en outre réussi sans problèmes à placer 3 milliards d'euros d'emprunts d'Etat à 5 ans lundi. Les taux à 10 ans avaient dépassé les 7% la semaine dernière, un record qui avait alimenté les craintes d'une faillite de la troisième économie de la zone euro.
Un gouvernement de technocrates
Le Premier ministre désigné, surnommé parfois le "cardinal" pour sa prudence, devrait constituer dans les 48 heures une équipe constituée en majorité de technocrates mais qui pourrait inclure une trentaine de secrétaires d'Etat "politiques" afin de s'assurer un ample soutien au parlement.
Il verra lundi les petites formations politiques puis mardi matin les plus grands partis et l'après-midi les syndicats et le patronat. La presse a souligné que l'arrivée de Monti représentait un "changement d'époque" pour l'Italie après 17 ans de "berlusconisme", le "professeur" symbolisant "le défi du sérieux" et une "autre Italie".
Une programme équilibré
Mario Monti, fort d'une réputation de compétence et d'indépendance comme commissaire européen pendant dix ans (1994-2004), s'est fixé pour ambitieux programme d'à la fois "assainir" les comptes italiens et "de reprendre le chemin de la croissance tout en restant attentif à l'équité sociale".
Selon les commentateurs, "Super Mario" veut discuter avec les forces politiques d'un programme de gouvernement dosant savamment des mesures acceptables pour la majorité de droite sortante et celles réclamées par l'opposition de gauche.
La grande inconnue sera la durée de cet exécutif. Le président Giorgio Napolitano a déjà dit qu'il voudrait éviter des élections anticipées au printemps prochain alors que l'Italie doit d'ici avril 2012 placer pour 200 milliards d'euros d'obligations d'Etat.
La menace Berlusconi
Mais par bravade ou volonté d'éviter une explosion de son parti, Silvio Berlusconi a averti que sa formation PDL, qui reste malgré les récentes défections, la plus grande à la Chambre des députés avec plus de 200 sièges, "peut retirer son soutien à n'importe quel moment" à Mario Monti.
Silvio Berlusconi, qui reste en charge des affaires courantes jusqu'à la prestation de serment du futur gouvernement, pourrait notamment utiliser sa capacité de nuisance si le gouvernement Monti ne se contentait pas de mettre en oeuvre les mesures demandées par l'Union européenne et se mettait aussi à réformer la loi électorale.
Sur le plan économique, Mario Monti devrait annoncer rapidement un nouveau tour de vis budgétaire, comme le demande l'Union européenne qui juge que Rome ne tiendra pas son objectif d'équilibre budgétaire en 2013 malgré les plans d'austérité adoptés ces derniers mois, en raison d'une croissance au point mort.
Réforme des retraites
Dans ce cadre, il pourrait rétablir la taxe foncière sur la résidence principale abolie par Silvio Berlusconi et mettre en place un impôt sur la fortune, que même le patronat appelle de ses voeux mais auquel le Cavaliere, troisième homme le plus riche d'Italie, s'est toujours opposé.
Un autre grand chantier devrait être aussi la réforme des régimes retraites. Afin de relancer la croissance, il devrait libéraliser le marché du travail, au risque de fâcher les syndicats. Pendant que l'Italie attendait son nouveau gouvernement, le nouveau Premier ministre grec Lucas Papademos se préparait à prononcer dans la soirée un important discours de politique générale.
agences/vkiss