Par rapport au troisième trimestre 2010, le produit intérieur brut (PIB) des 17 pays utilisant la monnaie unique est en hausse de 1,4%, soutenu notamment par une production industrielle étonnamment solide en août. L'Allemagne et la France ont joué leur rôle de locomotive, avec respectivement 0,5% et 0,4% de croissance du PIB, selon des estimations publiées mardi par l'office européen des statistiques Eurostat.
Mais la crise de la dette pourrait bien freiner ces deux moteurs en minant la confiance des entreprises et des consommateurs dans la l'ensemble de la zone euro. Du nord au sud de l'Europe, le constat est le même, celui d'une économie qui tourne désormais au ralenti, quand elle ne se contracte pas.
Contractions des PIB grec et portugais
Si la contraction du PIB grec (-5,2% en rythme annuel) était largement attendue, celle des Pays-Bas (-0,3% au 3e trimestre) constitue une mauvaise surprise, tout comme le recul de 0,1% enregistré par la France au deuxième trimestre selon les chiffres révisés de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
L'Autriche a aussi bien résisté à la morosité ambiante au troisième trimestre. Le PIB autrichien a progressé de 0,3%. En revanche, la croissance a stagné en Espagne et en Belgique et s'est contractée au Portugal (-0,4%).
Au niveau mondial, la zone euro décroche, faisant moins bien qu'aux Etats-Unis, où la croissance au troisième trimestre a atteint 0,6% par rapport au trimestre précédent, et au Japon où le PIB s'est envolé de 1,5% sur la même période après, il est vrai, un recul au trimestre précédent.
Nervosité croissante des marchés
Signe de la nervosité croissante des investisseurs face à la propagation de la crise de la dette de la zone euro, les écarts de rendements entre les obligations françaises, belges et autrichiennes par rapport aux Bunds allemands ont atteint mardi des niveaux sans précédent depuis la création de l'euro.
Le coût exigé sur le marché pour se prémunir contre un risque de défaut sur les obligations françaises, italiennes, espagnoles et belges a parallèlement atteint un nouveau record en raison des craintes des investisseurs de voir la crise de la dette échapper à tout contrôle. Un mélange toxique d'inflation, de ralentissement des exportations et d'augmentation du chômage fait craindre aux économistes une récession en Europe à partir du quatrième trimestre.
La Banque européenne pessimiste
La question d'une plongée en récession (deux trimestres consécutifs de contraction de l'activité économique) ne peut encore être formellement posée, mais elle est sur toutes les lèvres.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, à peine arrivé à la tête de l'institution monétaire européenne, avait lui aussi prédit une "récession légère". La détérioration des perspectives dans la zone euro pourrait d'ailleurs contraindre la BCE à actionner de nouveau le levier des taux après la baisse surprise d'un quart de point annoncée au début du mois.
Dans l'intermédiaire, les indicateurs annonçant une dégradation de l'activité se sont multipliés, comme la production industrielle, publiée lundi, qui a chuté de 2% en septembre.
agences/olhor
NOUVELLE LOI LIMITANT LA SPECULATION
Face à la défiance des marchés, l'Union européenne s'est dotée mardi d'une loi qui limitera la spéculation sur la dette des Etats européens, en interdisant dès le 1er décembre les "CDS à nu" sur les titres de dette souveraine et en encadrant les "ventes à découvert" à partir de 2012.
Les CDS, instruments financiers théoriquement utilisés pour se protéger contre le risque de défaut d'une entreprise ou d'un pays, ont été accusés d'amplifier la crise en servant à parier sur le défaut de paiement des Etats.
A partir du 1er décembre, il ne sera plus possible à un acteur financier d'acheter un CDS (credit default swap) ayant pour sous-jacent un titre de dette émis par un Etat européen, sans être détenteur de ce titre.
La Commission européenne est de son côté partie en guerre contre les agences de notation, accusées d'avoir accentué la crise de la dette, avec la volonté d'encadrer plus strictement leurs activités. Le Parlement a adopté un nouveau règlement réduisant la dépendance des institutions financières face aux notes des trois grandes agences mondiales, Standard & Poor's, Moody's et Fitch Ratings.
La Commission veut notamment obliger les investisseurs à mener leur propres évaluations, à constituer un index européen des notations et à forcer à une rotation de ces notations ou à une prise en compte simultanée de plusieurs notes.
Dans le cas d'un pays, les notations deviendraient plus régulières, leur méthodologie serait détaillée et leur publication interviendrait obligatoirement en dehors de l'heure d'ouverture des marchés.
Les notes seraient également suspendues lorsqu'un Etat a requis une aide internationale et que le programme qui y est associé est en cours de négociation. La mesure interdit aussi à une banque ou tout autre investisseur d'être un actionnaire important dans deux agences à la fois.
Pas de 3e plan de rigueur en France
Le ministre français de l'Economie François Baroin a affirmé que la France n'aurait pas besoin de mettre en place un 3e plan de rigueur, dans un entretien au quotidien les Echos à paraître mercredi. "Nous ne travaillons pas sur un troisième plan", a-t-il déclaré, répondant ainsi à Bruxelles qui estime que la France devra faire preuve de plus de rigueur.