Charlie Winston se joue des obstacles avec "Running Still"

En routinière, Rihanna sort son sixième disque en autant d'années de carrière. Enfin Christophe Willem s'oublie rate la marche et se rabaisse au rang d'artiste tout juste sorti d'une TV-réalité.

Le phénoménal succès de "Hobo" et son personnage de vagabond n'ont pas intimidé Charlie Winston au moment de livrer son 2e album: "Running Still".

Exit les accessoires. L'Anglais délaisse sa panoplie (le chapeau et le gilet) d'il y a deux ans et fait la démonstration qu'on peut survivre au catapultage du jour au lendemain sur les rives d'une popularité excessive.

Plus dépouillé que son prédécesseur, "Running Still" tend cette fois vers l'essentiel. Pour ce faire, il abandonne le blues du Mississippi et s'oriente vers des sonorités pop/rock. Mais l'emphase "winstonnienne" est bien là.

Le vrai départ?

C'est au sympathique "Hello Alone" que Charlie Winston confie la mission d'assurer la transition d'avec "Hobo". La filiation est évidente... Mais passée l'ouverture, "Speak to Me" enfonce rapidement le clou et avertit que la page est tournée. Ce titre ne contient a priori aucun instrument analogique.

"Where Can I Buy Happinness?" confirme ensuite cette nouvelle donne musicale, mais rappelle que l'artiste n'a pas renié les thématiques qui lui sont chères.

Toujours servi par sa magnifique voix, malgré quelques miaulements rauques répétitifs, Charlie Winston signe un très beau nouveau départ sans artifices.

Rihanna: des kilomètres au compteur

A seulement 23 ans, Rihanna fait déjà figure de routinière en livrant son 6e album studio: "Talk That Talk". Celle qui s'est permis le luxe (ou l'outrage) de ravir le trône de reine du R'n'B à Beyoncé capitalise sur son succès et ratisse large. Elle explore indifféremment R'n'B, dancehall et électro.

"Talk that Talk" est sans surprise un blockbuster musical sans âme. En tête d'affiche, Rihanna y déroule sans le moindre effort.

On y relèvera une absence de marque: la voix de Rihanna. Cette dernière se découvre travestie par une débauche d'effets sonores en post-production.

Retour au nineties

"You da One" démarre l'écoute avec de bonnes intentions. Mais "Where have you Been" et "We found Love" provoqueront ensuite un déchirant débat intergénérationnel. Ceux qui se souviennent de la pauvreté abyssale de la dance du début des années 90 désapprouveront. Les moins de 25 ans y percevront par contre un souffle rafraichissant sur l'électro.

Une fois ce cap franchi, le producteur Jay-Z vient en personne prêter main forte à la princesse barbadienne pour remettre les pendules à l'heure. Il faut dire que vu la rentabilité des productions Rihanna, il ne lui en tient pas rigueur d'avoir fauché la pole position à beyoncé.

A une exception près ("Drunk on Love", copie de "Intro" de The xx), l'album aligne ensuite des titres convenus et attendus. La révolution attendra.

Christophe Willem se perd

Alors que les vainqueurs des télé-réalités musicales tentent par tous les moyens de faire oublier cette parenthèse honteuse, Christophe Willem se prend étonnament les pieds dans le tapis.

"La tortue" avait pourtant réussi son envol, aidé par la forte cote de popularité acquise sur M6 en 2006. Les albums "Inventaire" et "Caféine", en collaboration avec des artistes confirmés, lui même ont offert la reconnaissance artistique et populaire.

Le départ était trop beau. "Prismophonic" aligne les poncifs et sonne comme un album que l'artiste n'aurait jamais du signer: celui de "Christophe de la Nouvelle Star".

Jérôme Zimmermann