Alain Berset est le quatrième Fribourgeois à accéder au Conseil fédéral, 5 ans après le retrait de Joseph Deiss. Le socialiste a été élu au 2e tour du scrutin avec 126 voix, soit 3 de plus que la majorité absolue. Son adversaire vaudois Pierre-Yves Maillard a obtenu 63 suffrages, contre 54 à l'UDC fribourgeois Jean-François Rime. A lire, le minute par minute de la matinée: Conseil fédéral
Entré au Conseil des Etats en 2003, le Fribourgeois de 39 ans devient l'un des plus jeunes ministres de l'histoire. A Berne, Alain Berset s'est très vite imposé comme poids lourd dans son groupe et comme Romand écouté aux Etats. Sa connaissance des dossiers économiques en a fait un orateur incontournable depuis que la crise financière a éclaté. A lire, le portrait du nouvel élu: Conseil fédéral
"Je me réjouis d'affronter ces défis et d'oeuvrer à la solution des problèmes dans l'intérêt du pays et de la cohésion nationale", a déclaré le nouvel élu à la tribune, qui s'est notamment exprimé un instant en romanche. A lire, toutes les réactions au vote: Après l'élection de Berset
Le discours d'Alain Berset après son élection:
Au micro de la RTS, Pierre-Yves Maillard a félicité Alain Berset pour son élection "avec un résultat très clair". S'il a assuré avoir fait une bonne campagne, le Vaudois s'est dit déçu pour son canton et a affirmé qu'il continuerait à défendre ses idées.
Le vaincu UDC Jean-François Rime s'est montré bon perdant et a félicité Alain Berset, "qui est un très bon collègue, un politicien capable, et je me réjouis pour mon canton. Mais je suis déçu pour mon parti et pour la disparition de la concordance". Le président de l'UDC Toni Brunner a lui été plus critique, jugeant que la concordance avait été brisée. "Ce n'est pas un bon jour pour la Suisse", a renchéri Ueli Maurer.
Attaques de l'UDC après la réélection de Widmer-Schlumpf
Le premier moment sensible de la journée a été la réélection d'Eveline Widmer-Schlumpf. La représentante du Parti bourgeois-démocratique a sans peine conservé son siège à Berne, obtenant 131 voix sur 239 valables, contre 104 pour l'UDC, 63 pour le Thurgovien Hansjörg Walter et 41 pour le Fribourgeois Jean-François Rime.
L'UDC a alors adopté une stratégie d'attaque. "En élisant Eveline Widmer-Schlumpf, vous avez rompu la concordance", a justifié le chef de groupe Caspar Baader à l'adresse de la gauche, du PDC et de "plusieurs libéraux-radicaux".
L'UDC a ainsi voulu conquérir tant le siège socialiste de Simonetta Sommaruga que le fauteuil libéral-radical de Johann Schneider-Ammann et la place laissée libre par Micheline Calmy-Rey. Le parti a pour cela lancé le seul Jean-François Rime dans la course, mais en vain.
En audio, l'analyse politique de l'élection:
Eveline Widmer-Schlumpf présidente
C'est la plus ancienne membre du gouvernement qui a été réélue le plus aisément. La démocrate-chrétienne Doris Leuthard a obtenu 216 voix. L'UDC Ueli Maurer a lui réussi le score de 159 votes.
Dans l'ordre, le libéral-radical Didier Burkhalter, la socialiste Simonetta Sommaruga et l'autre PLR Johann Schneider-Ammann ont aussi passé le cap aisément avec respectivement 194, 179 et 159 voix. La chancelière de la Confédération Corina Casanova a elle été reconduite par 189 voix sur 206.
Après le vote, les sept nouveaux conseillers fédéraux sont revenus dans la salle et ont prêté serment devant le Parlement, sous les applaudissements des députés. Eveline Widmer-Schlumpf, 59 ans, a ensuite été élue pour la première fois à la présidence de la Confédération, par 174 voix sur 211 bulletins. C'est la troisième fois de suite qu'une femme dirige le pays.
Ueli Maurer a lui été élu vice-président. A noter que la répartition des départements sera connu dans les prochains jours.
A voir, la photo de famille du nouveau gouvernement:
Les adieux de Micheline Calmy-Rey
En début de matinée, Micheline Calmy-Rey a fait ses adieux au Conseil fédéral après neuf ans passés au Département des affaires étrangères et deux présidences de la Confédération. Tout sourire, la Genevoise a été applaudie par les parlementaires, qui se sont levés, et a reçu un bouquet de fleurs.
Durant une quinzaine de minutes, en français et en allemand, la socialiste démissionnaire a livré un plaidoyer en faveur du rôle de la Suisse dans le monde et de sa manière de le tenir.
Succès sur Twitter
Par ailleurs, l'élection a été abondamment traitée par les réseaux sociaux. Sur Twitter, le mot-clé "#CF2011", lié à l'événement, a été mentionné plus de 1500 fois en 24 heures. A lire, le compte rendu des activités sur Twitter: Election sur Twitter
Frédéric Boillat et Cécile Rais
LES CONSÉQUENCES DE L'ÉLECTION
Fin de la majorité féminine:
Alain Berset remplaçant Micheline Calmy-Rey, le gouvernement n'aura compté quatre conseillères fédérales qu'un peu plus d'un an. Le 22 septembre 2010, Simonetta Sommaruga avait rejoint Micheline Calmy-Rey, Doris Leuthard et Eveline Widmer-Schlumpf.
Changement de départements: Il faudra encore patienter jusqu'à vendredi pour connaître le département dont héritera Alain Berset. Le socialiste pourrait reprendre les Affaires étrangères des mains de Micheline Calmy-Rey. Mais certains prêtent à Didier Burkhalter des vues sur le DFAE. L'UDC Ueli Maurer pourrait aussi être lassé du Département militaire.
Les Lémanique disparaissent: l'Arc lémanique perd avec Micheline Calmy-Rey son unique représentant. En revanche, la région de Berne et des alentours se voit renforcer. Avec le Neuchâtelois Didier Burkhalter, le Fribourgeois Alain Berset et les Bernois Simonetta Sommaruga et Johann Schneider-Ammann, les environs sont bien représentés.
Gouvernement rajeuni: A 39 ans et 8 mois, Alain Berset compte parmi les plus jeunes conseillers fédéraux de l'Histoire. Depuis 1945, seule Ruth Metzler a fait mieux: elle avait 34 ans lors de son élection en 1999. Cette arrivée à la place de Micheline Calmy-Rey (66 ans) fait baisser la moyenne d'âge du gouvernement, de 56 ans et 5 mois à 54 ans et 7 mois.
Un quatrième Fribourgeois:
Avec quatre représentants au gouvernement depuis 1848, Fribourg n'en fait pas moins figure de parent pauvre. Le canton est en effet loin de Zurich (20 conseillers fédéraux), Vaud (14) ou Berne (14). Neuchâtel (9), le Tessin (7), Soleure et Saint-Gall (6), Genève, Lucerne et Argovie (5) font également mieux.
Pas de changement linguistique: la répartition linguistique qui prévaut depuis l'élection de Doris Leuthard en 2006 n'est pas modifiée, à savoir deux francophones contre cinq alémaniques. Cette constellation s'est imposée six fois depuis 1848. La présence de trois Romands au Conseil fédéral, qui a prévalu entre 1999 et 2006, est plutôt inhabituelle. Sans être la norme, la présence de trois Latins, deux francophones et un italophone, est plus fréquente.
Election complémentaire à Fribourg: une élection doit être organisée pour remplacer Alain Berset au Conseil des Etats. Elle se déroulera le 11 mars 2012. Un éventuel second tour de scrutin est prévu le 1er avril. Les candidatures pour cette élection doivent être déposées à la Chancellerie d'Etat jusqu'au lundi 16 janvier.