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Corée du Nord: décès du président Kim Jong-Il

Corée du Nord Kim Jong-Un
Kim Jong-Il, à gauche, et son troisième fils Kim Jong-Un, désigné pour lui succéder.
Le président de la Corée du Nord, Kim Jong-Il, dont la santé était réputée chancelante depuis des années, est mort samedi, ont annoncé lundi les médias officiels du régime communiste. Son fils, Kim Jong-Un, a été désigné comme "grand successeur".

Le dirigeant nord-coréen, âgé de 69 ans, "a succombé à un grand épuisement mental et physique" le 17 décembre à 08h30 locales (00h30 en Suisse), a annoncé une présentatrice vêtue de noir et en pleurs de la télévision d'Etat nord-coréenne. (lire aussi: Décès de Kim Jong-Il)

Celui qui était surnommé le "Cher Leader", dont la mobilité était réduite depuis un accident cérébral en 2008, est décédé d'un "infarctus du myocarde sévère et d'une crise cardiaque" dans son train au cours d'un de ses traditionnels déplacements sur le terrain, a-t-elle ajouté, soulignant qu'une autopsie avait été réalisée dimanche.

Kim Jong-Un désigné successeur

Le leader de la Corée du Nord, Kim Jong-il menace les Etats-Unis de représailles "physiques" [Reuters]
Le leader de la Corée du Nord, Kim Jong-il menace les Etats-Unis de représailles "physiques" [Reuters]

Son fils cadet, Kim Jong-Un, né en 1983 ou 1984, a été désigné pour prendre sa succession à la tête de l'unique dynastie communiste de l'Histoire, selon l'agence de presse officielle de Corée du Nord KCNA. Cette dernière a appelé les Nord-Coréens à le reconnaître désormais comme leur leader.

"A l'avant-garde de la révolution coréenne se trouve à présent Kim Jong-Un, grand successeur de la cause révolutionnaire du Juché et chef remarquable de notre parti, de notre armée et de notre peuple", a rapporté l'agence officielle nord-coréenne.

Vers un triumvirat familial

Régime communiste autarcique, la Corée du Nord a lancé en 2010 un processus de transfert du pouvoir au profit de Kim Jong-un. Dépourvu d'expérience, ce dernier a été élevé à des postes de responsabilités politiques et militaires en septembre 2010. La soeur de Kim Jong-il et son mari ont aussi été promus en 2010, ce qui pourrait être le signe de la constitution d'un triumvirat familial permettant à cette dynastie de poursuivre un règne entamé dès la création du pays au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Les experts de la Corée du Nord considèrent que Kim Jong-un a l'intelligence et la fermeté nécessaires à la conduite du régime, même si son âge et le faible délai qui lui a été laissé pour se préparer à la succession de son père constituent des handicaps.

Les funérailles de Kim Jong-Il, parvenu au pouvoir en 1994 à la mort de Kim Il-Sung, son père et fondateur du régime, ont été fixées au 28 décembre à Pyongyang. Les autorités de l'Etat stalinien ont décrété un deuil du 17 au 29 décembre. Le nom de Kim Jong-Un figure en tête de la liste des personnalités composant la commission d'organisation des funérailles de son père, ce qui semble signifier qu'il la présidera.

agences/nr/vkiss


LES REACTIONS INTERNATIONALES

Sur cette image de 2000, Kim Jong-Il vient de signer une déclaration d'intention avec son homologue sud-coréen Kim Dae-jung [KEYSTONE - Yonhap]
Sur cette image de 2000, Kim Jong-Il vient de signer une déclaration d'intention avec son homologue sud-coréen Kim Dae-jung [KEYSTONE - Yonhap]

A Séoul, le gouvernement

sud-coréen

était placé en état d'alerte à l'annonce de la mort du dirigeant nord-coréen, les deux pays restant techniquement en état de conflit armée depuis l'armistice précaire signé à l'issue de la guerre de Corée (1950-53). La Corée du Sud a d'ailleurs annoncé lundi que la Corée du Nord avait procédé dans la journée au test d'un missile de courte portée, apparemment sans lien avec le décès du dirigeant. Le Conseil de sécurité national sud-coréen devait se réunir en urgence lundi. Signe de l'inquiétude, la Bourse de Séoul a fini en baisse de 3,43%.

Pour sa part, le gouvernement japonais a exprimé lundi ses condoléances après la mort du dirigeant de la Corée du Nord, pays avec lequel il n'a jamais entretenu de relations diplomatiques. "Le gouvernement japonais espère que cette situation ne va pas avoir de conséquences négatives sur la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Osamu Fujimura, lors d'un point de presse. Le gouvernement a d'ailleurs convoqué une réunion d'urgence de sécurité. Le Premier ministre nippon Yoshihiko Noda a annulé un discours qu'il devait prononcer en milieu de journée à Tokyo et a immédiatement rejoint son bureau pour s'entretenir avec ses principaux ministres.

De leur côté, les Etats-Unis surveillaient attentivement la situation: "Nous surveillons de près les informations sur la mort de Kim Jong-Il. Le président (Barack Obama) a été mis au courant, et nous sommes en contact étroit avec nos alliés en Corée du Sud et au Japon. Nous restons engagés à la stabilité dans la péninsule coréenne, et à la liberté et la sécurité de nos alliés", a affirmé Jay Carney dans un court communiqué.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a exprimé lundi l'espoir "qu'un jour le peuple de la Corée du Nord pourra retrouver sa liberté". "La mort d'un homme ce n'est jamais réjouissant mais la souffrance d'un peuple m'attriste, c'est cela qui est important", a souligné Alain Juppé, en marge d'une conférence de presse à Bordeaux (sud-ouest), précisant que les autorités françaises seront "très vigilantes sur les conséquences de cette succession".

Le décès de Kim Jong-Il constitue une "chance pour des changements en Corée du Nord", a estimé lundi un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, lors d'un point-presse. Il a notamment cité parmi les attentes allemandes suscitées par cette mort, le renoncement de Pyongyang à son programme nucléaire et l'amélioration de la situation sociale et économique.

La fin de l'année 2011 va sonner le glas de l'aide suisse au développement en Corée du Nord, suite à une décision du Parlement helvétique. Mais la Suisse va rester active dans ce pays d'Extrême-Orient dans le cadre de l'aide humanitaire. Les Chambres ont voté en 2008 la fin de d'aide au développement, en arguant que le régime ne respectait pas les droits de l'homme. Une motion soulignait que la "Corée du Nord est un Etat totalitaire et les droits de l'homme y sont bafoués".

La Chine, un des rares alliés de la Corée du Nord, a fait part lundi de ses "profondes condoléances", a rapporté l'agence Chine nouvelle. L'influence économique chinoise sur son voisin nord-coréen dont l'économie est aux abois a augmenté alors que la Corée du Sud et les nations occidentales ont interrompu leur aide face à la menace nucléaire nord-coréenne.

La Russie, rare pays à maintenir des relations diplomatiques et économiques avec la Corée du Nord, a également adressé lundi ses condoléances, a indiqué un porte-parole du Kremlin.

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Menace nucléaire

Durant les 17 années de pouvoir de Kim Jong-il, la Corée du Nord a sombré dans la crise économique et la famine. Elle a en outre développé un programme d'armement nucléaire et de missiles dirigés contre la Corée du Sud et le Japon. Le régime nord-coréen a testé un engin nucléaire en 2006 et en 2009. De ce fait, les Etats-Unis et leurs alliés asiatiques le considèrent comme l'une des principales menaces contre la sécurité régionale.

En 2010, la Corée du Nord a dévoilé l'existence d'un programme d'enrichissement d'uranium susceptible de lui fournir une deuxième voie d'acquisition de l'arme atomique en plus de son programme à base de plutonium, le seul connu jusqu'alors.