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Corée du Nord: la dépouille de Kim Jong-Il exposée

Le corps de Kim Jong-Il a été placé au mausolée Kumsusan, où repose celui de son propre père, le fondateur de la Corée du Nord communiste Kim Il-Sung, décédé en 1994. [KRT]
Le corps de Kim Jong-Il a été placé au mausolée Kumsusan, où repose celui de son propre père, le fondateur de la Corée du Nord communiste Kim Il-Sung, décédé en 1994. - [KRT]
La télévision nord-coréenne a montré mardi pour la première fois le corps de l'ancien dirigeant Kim Jong-Il. Il était entouré de plusieurs responsables du parti au pouvoir dont le fils cadet du chef décédé, Kim Jong-Un. Le pays louait d'ailleurs son nouveau dirigeant.

La télévision a diffusé des photos de la dépouille de l'ex-numéro un du régime communiste mort samedi, revêtu de son habituelle tunique kaki et reposant dans un cercueil de verre entouré d'un parterre de fleurs rouges et blanches. Les images montraient plusieurs dirigeants nord-coréens présentant leur respect au défunt, dont son fils Kim Jong-Un, portant un costume sombre alors que d'autres responsables avaient revêtu l'uniforme de l'armée.

Le corps de Kim Jong-Il a été placé au mausolée Kumsusan de Pyongyang, où repose également celui de son propre père, le fondateur de la Corée du Nord communiste Kim Il-Sung, décédé en 1994.

Lundi 3 - Kim Jong-il en visite en Chine:-Le dirigeant nord-coréen (à gauche) arrive en Chine lundi. Il effectue ainsi une de ses rares visites à l'étranger, chez son voisin et allié, hôte des discussions en suspens sur sa dénucléarisation, et rencontre à cette occasion le dirigeant chinois Hu Jintao. [KEYSTONE - Lan Hongguang]
Lundi 3 - Kim Jong-il en visite en Chine:-Le dirigeant nord-coréen (à gauche) arrive en Chine lundi. Il effectue ainsi une de ses rares visites à l'étranger, chez son voisin et allié, hôte des discussions en suspens sur sa dénucléarisation, et rencontre à cette occasion le dirigeant chinois Hu Jintao. [KEYSTONE - Lan Hongguang]

Clair soutien chinois

Le président chinois Hu Jintao s'est lui rendu mardi à l'ambassade de Corée du Nord à Pékin pour transmettre en personne ses condoléances après la mort de Kim Jong-Il, Pékin appelant le peuple nord-coréen à s'unir derrière son nouveau leader Kim Jong-Un. La Chine, plus important des rares alliés de la Corée du Nord, avait déjà fait part lundi de ses "profondes condoléances" après le décès samedi d'une crise cardiaque du leader nord-coréen, qui a légué le pouvoir à son fils. De nombreux Nord-Coréens vivant en Chine tenaient aussi mardi à faire le déplacement à l'ambassade pour témoigner leur émotion après la mort du "Cher Leader".

La presse officielle chinoise a bien sûr mis à sa une la mort du leader nord-coréen. Cette information arrivait aussi en tête des sujets de discussion sur les très populaires sites de microblogs chinois. Une transition politique en douceur et la poursuite de la stabilité en Corée du Nord sont cruciales, ont jugé dans leur ensemble les médias chinois. Le quotidien China Daily a affiché une grande photo de Kim Jong-Il, avec en gros titre: "Un ami nous quitte". "La stabilité de la République populaire démocratique de Corée est un bienfait à la fois pour sa population et pour la région", a estimé ce journal dans un éditorial vantant les longs liens d'amitié entre Pékin et Pyongyang.

Transition en douceur réclamée

"La Chine doit garantir une transition en douceur en Corée du Nord", a titré de son côté le journal nationaliste Global Times, en promettant que Pékin serait un "soutien fort" du régime dirigé par le fils héritier. Kim Jong-Un étant "relativement jeune, des pays s'attendent à ce que des changements radicaux interviennent et agiront même en ce sens", a mis en garde le journal dans un éditorial. "Etant un petit pays, la Corée du Nord est susceptible d'être soumise à des pressions dans le contexte géopolitique actuel.

La Chine se doit d'être un puissant et ferme soutien pour une transition en douceur en Corée du Nord", a-t-il poursuivi. Les analystes s'attendant à ce que la Chine renforce son soutien à la Corée du Nord pour éviter une déstabilisation chez son voisin qui déboucherait notamment sur un afflux de réfugiés.

Le Quotidien du peuple, organe officiel du Parti communiste chinois, a rapporté la mort de Kim Jong-Il, mais sans la commenter. Kim Jong-Il avait effectué plusieurs visites en 2010 et 2011 en Chine, principal pourvoyeur d'aide économique de Pyongyang. L'influence chinoise sur son voisin nord-coréen, dont l'économie est aux abois, a augmenté alors que la Corée du Sud et les nations occidentales ont interrompu leur aide face à la menace nucléaire nord-coréenne.

agences/cab

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Washington face à l'incertitude

La mort de Kim Jong-Il bouscule une politique américaine fondée sur l'attente patiente de changements en Corée du Nord. L'administration Obama se retrouve désormais à la recherche d'indices sur l'évolution possible de ce pays, à la capacité nucléaire.

"C'est un moment critique", juge Victor Cha, qui fut chargé de la Corée du Nord à la Maison Blanche sous George W. Bush. Et pour les Etats-Unis qui ont fait pression pendant des années sur le régime, l'heure est à "regarder, attendre et se préparer".

"Tous les experts", rappelle-t-il, "disaient que le scénario le plus probable pour un effondrement du régime nord-coréen serait la mort soudaine du dirigeant". Cette issue n'est pourtant qu'une hypothèse parmi d'autres, et rien ne permet à ce stade de savoir laquelle va se vérifier.

Bien des spécialistes soulignent qu'à la différence de Kim Jong-Il décédé samedi, son fils Kim Jong-Un, désigné comme successeur par son père en 2009, n'a eu que peu de temps pour se préparer. Ils jugent probable une période de "régence" assurée par l'armée, avec des risques de rivalité entre factions.

"Ce que vont dire les chefs militaires nord-coréens dans le ou les jours à venir va être décisif", a estimé lundi sur CBS Bill Richardson, ancien ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, et un habitué des négociations avec Pyongyang.

Les Etats-Unis paraissaient, à la veille de la mort du dictateur, sur le point de reprendre des négociations avec la Corée du Nord, notamment en vue d'accorder une aide alimentaire au pays, durement frappé par la désorganisation de son économie. Un tel dialogue, espérait-on, pouvait rouvrir la voie à des discussions sur la dénucléarisation de la péninsule.

"La mort de Kim Jong-Il va sans doute retarder la reprise des négociations, le nouveau pouvoir devant d'abord évaluer à quel point il souhaite s'ouvrir au monde extérieur", juge Bruce Klingner, de la fondation Heritage, un centre de réflexion conservateur.