Sorties CD: Noël à toutes les sauces
Avec "Noël! Noël!! Noël!!!", Michel Legrand regroupe 12 artistes pour une compilation des plus grands succès de Noël. Le talent montant de la chanson française Florent Marchet tente lui aussi le pari d'un album complètement dédié à la fête de la nativité, tout comme le crooner canadien Michaël Bublé. Enfin, Justin Bieber y va de sa compil', pour rendre Noël moins ringard... ou pas.
De tradition anglo-saxonne, le disque de Noël traîne une réputation ringarde en francophonie. Michel Legrand, légende vivante a qui l’on doit notamment les Demoiselles de Rochefort ou les Parapluies de Cherbourg, a convaincu une douzaine d'artistes contemporains de s'amuser à enregistrer un disque de Noël accompagnés d'un orchestre symphonique et d'un groupe de jazz. Il en est né "Noël! Noël!! Noël!!!"
Et franchement, la brochette a de quoi séduire. -M-, Olivia Ruiz, Iggy Pop, Emilie Simon, Mika, Madeleine Peyroux, Renan Luce, Coeur de Pirate, sans oublier évidemment la participation de la Première dame de France, Carla Bruni, venue interpréter un "Jolis sapins" qui swingue.
Emotion au rendez-vous
Certes, "Noël! Noël!! Noël!!!" a tout du simple produit commercial, mais il n’en est pas moins une source de bonne humeur et parfois même d'émotion.
Mika et sa pêche légendaire qui interprète un "Vive le vent" jazzy, -M- entonnant une "Douce nuit" avec amplitude ou Jamie Cullum introduisant l'album avec "Let it snow" font de ce disque un très agréable moment d'écoute.
Même si elle ne va pas entrer dans les annales de la musique, la compilation de Michel Legrand répond pleinement aux attentes: à savoir plonger l'auditeur dans l'esprit de Noël.
Florent Marchet, un cd pour surfer sur son succès
Encensé pour son dernier album "Courchevel", le jeune prodige de la chanson française Florent Marchet tente de surfer sur la vague de son succès en sortant un album de Noël, "Noël's songs".
Au menu des quinze titres, le dandy ressorts des chansons archi-connues - ou pas du tout - d'Edith Piaf, Barbara ou Jean-Louis Murat, qu'il arrange à sa manière, avec des orchestrations plutôt efficaces. Il se lance aussi dans la composition originale avec "Les lumières de Noël."
Si "Noël's songs" reste une enième compil' de Noël, saluons toutefois certaines audaces prises par Florent Marchet, notamment oser se contenter de fredonner "Petit papa Noël". Et qu’est-ce que c’est mieux sans les paroles!
Michael Bublé: le ringard réussi
Le crooner canadien Michael Bublé s'essaie lui aussi au disque de Noël avec le sobrement intitulé "Christmas". Accompagné d'un orchestre swinguant, il reprend les classiques de l'époque sur un rythme jazzy.
Parfois d'une émotion nostalgique ("Holy Night"), parfois d'une désuétude charmante ("Santa Claus is coming to town") les quinze titres de l’album prouvent que le ringard peut dans certains cas être gage de réussite.
Mention particulière à la reprise de "All I want for Christmas is you" de Mariah Carey, presque meilleure que l'originale.
Bieber aurait pu s’en passer
Certes, le nom de "l'artiste" suffit à comprendre que "Under the Mistletoe" est un disque de Noël qui s’adresse à un public d’ados. Mais Justin Bieber - dont la voix parfois chevrotante trahit sa mue - répond sans doute aux attentes de ses fans.
Pour le reste cet album mélangeant reprises des classiques et compositions originales (pour l'entendre fredonner "C’est le plus beau moment de l’année... je devrais jouer dans la neige, mais je préfère rester sous le gui" dans le titre "Mistletoe", ça valait pas forcément la peine de se donner tout ce mal) n'est franchement pas une réussite, même si le chanteur tente de s'acheter une crédibilité grâce à des duos avec Mariah Carey, Usher ou Busta Rhymes.
Au final, Mistletoe ne s'adresse qu'aux fans. Les autres - et ils sont nombreux - doivent absolument passer leur chemin.
Victorien Kissling
Publié
Les sorties CD à venir
Little Willies (Norah Jones), "For the good times" (6 janvier 2012)
Lana Del Rey, "Born to die" (20 janvier)
Death by Chocolate, "From birthdays to funerals" (20 janvier)
Nada Surf, "Stars are indifferent to astronomy" (21 janvier)
Leonard Cohen, "Old ideas" (24 janvier)
Air, "Le voyage dans la Lune" (4 février)
Mark Lanegan, "Blues funeral" (7 février)
Cranberries, "Roses" (14 février )
Katie Melua, "Secret symphony" (2 mars)
Leona Lewis, "Heart Glass" (23 mars 2012)
L'info musique de la semaine
La célébrité augmente le risque de mourir jeune dans le rock et la pop, mais la théorie selon laquelle le péril serait plus grand à 27 ans, âge auquel est morte cet été la chanteuse Amy Winehouse, est fausse, selon une étude publiée mardi par le British Medical Journal (BMJ).
Morte en juillet dernier d'un "stop and go", une absorption massive d'alcool après une période d'abstinence, la diva trash britannique a rejoint le mythique et macabre Club 27, après Jim Morrison, Janis Joplin, Brian Jones, Jimi Hendrix ou encore Kurt Cobain. Tous morts tragiquement à l'âge de 27 ans.
Une équipe de statisticiens de la santé, conduite par Adrian Barnett (université de technologie de Queensland, Australie) a mis à mal la théorie d'un âge maudit.
Ces chercheurs ont compilé les données concernant 1.046 musiciens dont un album est arrivé numéro un des ventes au Royaume Uni entre 1956 et 2007 : le premier était Frank Sinatra (Songs for Swinging Lovers!) et le dernier Leona Lewis (Spirit).
Durant cette période, 71 musiciens sont décédés, soit 7% de l'échantillon.
Les chercheurs n'ont pas observé de pic de mortalité à l'âge de 27 ans, mais ont constaté que les musiciens avaient deux à trois fois plus de risques de mourir prématurément que le reste de la population britannique.
"La célébrité peut augmenter le risque de décès chez les musiciens, mais le risque ne se limite pas à l'âge de 27 ans", ont-ils affirmé, estimant "peu probable que le Club 27 soit un phénomène réel".
Ils soulignent cependant que Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison n'ont jamais eu d'album numéro un des ventes au Royaume-Uni et n'ont donc pas été inclus dans l'étude.
Le décès d'Amy Winehouse a relancé la fascination pour le Club 27, favorisant l'explication selon laquelle les musiciens deviennent souvent célèbres dans les premières années après leur 20e anniversaire, leurs comportements à risque culminant 4 ou 5 ans plus tard.
Une autre explication serait que les musiciens, en quête d'immortalité, prennent inconsciemment plus de risques, voire se suicident, pour rejoindre l'élite des rockers disparus.