La pression s'accentue sur le président de la Banque nationale suisse (BNS). Selon la "Weltwoche", plusieurs transactions de devises auraient été réalisées depuis un compte appartenant à Philipp Hildebrand, et non à sa femme.
Entre mars et octobre 2011, Philipp Hildebrand aurait réglé plusieurs achats et ventes de dollars et euros, d'après un article du journal zurichois "Weltwoche" à paraître jeudi. L'article publie l'extrait d'un relevé de compte de la Banque Sarasin au nom de Philipp Hildebrand.
1,1 million de francs
L'hebdomadaire zurichois affirme également que "rien qu'en mars 2011, il a acquis des dollars américains pour l'équivalent de 1,1 million de francs." Philipp Hildebrand aurait passé à chaque fois personnellement la commande pour les achats et les reventes de devises.
André Simonazzi, vice-chancelier de la Confédération, a indiqué que l'ensemble des transactions de Philipp Hildebrand avaient été vérifiées par le Contrôle fédéral des finances, sans qu'une irrégularité ne soit décelée. Le Conseil fédéral maintient donc sa confiance au chef de la BNS.
"Transaction délicate"
Dans une souci de transparence, la BNS a publié mercredi le rapport du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Dans ce dernier, une seule des transactions du président de la BNS Philipp Hildebrand y est désignée comme "délicate".
Cette transaction concerne l'achat d'un demi-million de dollars américains le 15 août 2011. Deux jours plus tard, la BNS augmentait les liquidités sur le marché du franc, ce qui a bénéficié à l'investissement. La raison de cette transaction est la volonté de Kaysha Hildebrand de posséder de l'argent liquide à hauteur 50% en dollars américains. Faces aux nouvelles accusations, le président de la BNS s'expliquera devant la presse jeudi après-midi.
D'après le rapport de PwC, Philipp Hildebrand n'avait pas connaissance des actions de sa femme. Il les a déclarées a posteriori aux instances de contrôle de la BNS. Selon ces dernières, elles étaient "absolument conformes aux exigences réglementaires".
Rien de nouveau pour la BNS
A la demande du Conseil de banque, le cabinet d'audit PwC avait examiné en décembre les transactions de la famille Hildebrand, après les accusations sur un enrichissement illégal en lien avec l'introduction du taux plancher du franc. Les dernières informations ne contiennent aucun élément que les organes de contrôles n'aient su, a déclaré la Banque nationale suisse mercredi après-midi.
Un employé de la Banque Sarasin a également déposé plainte contre le président de la BNS pour violation de la loi sur les bourses. On ignore si c'est le même qui a transmis les relevés de comptes à un avocat proche de l'UDC. Ce dernier s'est dénoncé à la police cantonale zurichoise le 1er janvier.
Kashya Hildebrand se dédouane
Par ailleurs, l'épouse de Philipp Hildebrand, Kashya, s'est exprimée publiquement pour la première fois sur l'affaire. Cette ancienne trader, tient aujourd'hui une galerie d'art à Zurich. Dans une déclaration écrite envoyée mardi à l'émission "10 vor 10" de la télévision alémanique SF (voir l'édition de mardi), elle souligne avoir toujours suivi les marchés des changes et avoir voulu profiter du niveau très bas du dollar.
Elle se déclare "très étonnée de l'intérêt suscité par cet achat de devises" en août dernier. Cette transaction a été signalée le lendemain à la BNS, "afin que règne la transparence, et il n'y pas eu d'objection à cette transaction". Kashya Hildebrand a justifié son achat de dollars car "70% à 80% des transactions financières de sa galerie se font en dollars". Elle n'a donné aucune indication sur le montant de l'achat de dollars. Selon des médias, il s'agirait de 500'000 dollars.
Selon l'épouse du président de la BNS, le plus important dans cette affaire est le vol de documents bancaires de la famille Hildebrand "afin de déstabiliser la Banque nationale suisse".
ats/pima
Lire aussi: Affaire Hildebrand
La BNS publie son règlement
La BNS a rendu public mercredi après-midi le règlement interne sur les transactions pour compte propre des membres de la direction de la Banque nationale suisse.
Selon le règlement interne de la Banque nationale, les membres de la direction n'ont pas le droit de faire des opérations privées qui "utilisent des informations qui ne sont pas publiques". Les opérations privées qui se basent sur des intentions de la BNS quant à sa politique monétaire sont donc interdites.
Sont également prohibées "les transactions pour compte propre antérieures ou simultanées à des transactions prévues ou décidées par la BNS". Les membres de la direction n'ont ainsi pas le droit d'effectuer des transactions de devises, s'ils ont prévu des mesures quant à la politique monétaire l'été dernier.
Réactions politiques
Le PLR et le PDC mettent en garde contre toute conclusion hâtive, après les révélations de la "Weltwoche" mercredi, selon lesquelles le président de la BNS Philipp Hildebrand aurait lui-même réalisé plusieurs transactions de devises.
Le PS et l'UDC appellent à la transparence. Après la succession de rumeurs, il appartient à la Banque nationale suisse (BNS), à son président Philipp Hildebrand, mais aussi à Christoph Blocher de faire la lumière sur cette affaire et de répondre aux questions ouvertes, estime mercredi Andreas Käsermann, porte-parole du Parti socialiste suisse.
Ce serait en effet Christoph Blocher qui aurait averti le Conseil fédéral des transactions suspectes de la famille Hildebrand.
Le conseiller national et vice-président de l'UDC ne s'est pas exprimé mercredi. Il ne dira rien non plus jeudi, une fois que Philipp Hildebrand aura exposé son point de vue aux journalistes, a indiqué son porte-parole Livio Zanolari, interrogé par l'ats.