Les conséquences d'une démission du président de la BNS dans le contexte actuel seraient graves, a déclaré Eveline Widmer-Schlumpf vendredi soir dans l'émission de télévision alémanique Arena (voir la vidéo ci-dessous, à partir de 05:35, en allemand). "Nous perdrions un président qui a sans conteste réalisé un excellent travail, qui dispose d'un bon réseau, et qui peut être très utile à la Suisse."
Cette prise de position intervenait au terme d’une journée de vendredi riche en nouveaux éléments dans l’affaire et durant laquelle le Conseil fédéral a notamment contredit la version du vice-président de l’UDC Christoph Blocher (lire: Affaire Hildebrand).
Erreur "excusable"
Philipp Hildebrand a certes commis un écart moral, a noté Eveline Widmer-Schlumpf. Mais une telle erreur est "excusable si on se rend compte qu'on ne doit pas faire cela et qu'il faut changer la réglementation en conséquence". Il en irait tout autrement s'il s'était rendu responsable d'une faute sur le plan légal, a-t-elle ajouté. "Il serait alors complètement indiscutable que nous devrions en accepter toutes les conséquences."
La présidente de la Confédération a en outre exigé une enquête serrée sur les circonstances qui ont mené à la publication des données bancaires de Philipp Hildebrand. Elle juge qu'il faut découvrir ce qui s'est passé exactement et qui tirait les ficelles.
L'émission Arena du 06 janvier 2011
ats/bkel/vkiss
L'UDC Hermann Lei ne regrette pas
Le conseiller d'Etat thurgovien et avocat Hermann Lei ne regrette pas d'avoir transmis les données bancaires volées du président de la Banque nationale suisse (BNS) Philipp Hildebrand. "J'aimerais souligner que l'informateur s'est tourné vers moi en détresse, parce qu'il a découvert que Philipp Hildebrand est un probable spéculateur de devises", a déclaré samedi Hermann Lei dans une interview dans le "St-Galler Tagblatt". D'après l'avocat, l'informateur n'a pas pu parler de ses soupçons ni été soutenu au sein de la banque Sarasin.
Ces déclarations contredisent la présentation des faits de la banque. Cette dernière avait affirmé vendredi que l'ex-collaborateur ne s'était adressé ni à son supérieur, ni à la division conformité (compliance) de la banque. D'après ses propres déclarations, l'homme s'est confié à un avocat qu'il connaissait bien. Hermann Lei a confirmé cette information dans l'interview, ajoutant qu'il connaît l'informateur depuis l'école et que celui-ci est au courant de sa "position critique" envers Philipp Hildebrand. L'employé de banque l'avait prié de lui arranger un contact avec une personne politiquement influente, selon Hermann Lei. "J'ai suivi son voeu". Le but était d'"obtenir une enquête grâce à une interpellation au Conseil national", a précisé l'avocat.
L'informateur voulait parler avec Christoph Blocher et avait demandé à Hermann Lei de l'accompagner: "nous voulions une nette et discrète clarification de la transaction". Ils ont convenu avec le vice-président de l'UDC de ne pas en parler aux médias, a poursuivi le conseiller d'Etat. Il admet cependant que c'est lui qui a averti l'hebdomadaire "Weltwoche" sur les éléments étranges du cas Hildebrand. Pour lui, il ne s'agit pas d'une bavure: "je suis une sorte de messager", dit-il, comme Christoph Blocher avant lui. Il estime que le plus haut gardien de la monnaie suisse ne devrait pas spéculer.