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Le délateur de l'affaire Hildebrand a tenté de se tuer

sarasin, banque [Gaetan Bally]
L'ex-employé de la banque Sarasin est à l'origine du scandale qui éclabousse le président de la BNS. - [Gaetan Bally]
L’ex-informaticien de la banque Sarasin qui a dérobé des données sur les comptes de la famille du président de la Banque nationale suisse (BNS) Philipp Hildebrand a tenté de se suicider, selon la SonntagsZeitung. Par ailleurs, un échange d'e-mails vient confirmer la version des faits du président de la BNS.

Deux jours avant sa conférence de presse de jeudi dernier, le président de la BNS a appris par la banque Sarasin que le délateur à l'origine de l'affaire était "instable mentalement", écrit dimanche la SonntagsZeitung.

Tentative de suicide

Selon plusieurs sources indépendantes, l'informateur de 39 ans aurait ensuite tenté de se suicider et se trouvait vendredi au service fermé de psychiatrie de l'hôpital cantonal de Münsterlingen (TG). La police cantonale thurgovienne s'est refusée de nier ou de confirmer l'information, pour des raisons de protection de la vie privée. Elle a toutefois exclu le recours à une arme à feu.

Philipp Hildebrand reste à la tête de la BNS tant que le Conseil fédéral lui accorde sa confiance. [KEYSTONE/ Steffen Schmidt]
Philipp Hildebrand reste à la tête de la BNS tant que le Conseil fédéral lui accorde sa confiance. [KEYSTONE/ Steffen Schmidt]

Travaillant au sein de l'institut privé bâlois depuis 2007, l'ex-informaticien avait eu accès en novembre aux données bancaires de Philipp Hildebrand, ainsi qu'une douzaine de personnes, selon Le Matin Dimanche. Il a alors transmis ces informations à l'avocat et député au Grand Conseil thurgovien UDC Hermann Lei. Ce dernier a ensuite joué le rôle d'intermédiaire avec le vice-président de l'UDC Christoph Blocher, qui a porté l'affaire jusqu'au Conseil fédéral.

L'ex-employé de Sarasin est sous le coup d'une plainte pénale déposée jeudi dernier par le Ministère public zurichois pour violation de la loi fédérale sur les banques. Il s'était dénoncé lui-même le 1er janvier 2012 auprès de la police cantonale zurichoise et avait été licencié avec effet immédiat par son employeur mardi dernier. La plainte vise aussi des tiers qui auraient aidé ou incité l'informaticien à dérober les données (lire: Affaire Hildebrand).

La banque s'était excusée auprès de ses clients pour cet acte "inacceptable" et avait condamné fermement l'utilisation illicite de données bancaires confidentielles à des fins politiques.

Mesures de la BNS

L'autorité d'enquête a par contre exclu pour le moment d'ouvrir une enquête pénale contre Philipp Hildebrand, estimant que la présomption d'innocence prévaut. Le président de la BNS bénéficie du soutien du Conseil de banque, organe de surveillance de la BNS, et du Conseil fédéral.

En réaction à l'affaire, le Conseil de banque a pris des mesures. Il a décidé samedi de réétudier le règlement interne et de vérifier toutes les transactions effectuées en nom propre par les membres de la Direction générale depuis 2009 (lire: Affaire Hildebrand).

Benjamin Keller

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L'échange d'e-mails qui dédouane Philipp Hildebrand

Plusieurs médias helvétiques ont publié dimanche un courriel envoyé par Philipp Hildebrand à sa femme qui confirme la version des faits du président de la BNS. Cet e-mail démontre que c’est bel et bien Kashya Hildebrand qui a donné l’ordre d’achat de dollars reproché à son mari.

Le 15 août dernier, celle-ci a adressé un e-mail au conseiller de la banque Sarasin qui gère le compte des Hildebrand pour un achat de dollars d’une valeur de 400'000 francs, les taux de la devise américaine étant extrêmement bas, selon Le Matin Dimanche. Voici la teneur de ce courriel, publié par le journal orange:

"Cher Felix, comme discuté, nous aimerions faire passer notre position FX (Foreign Exchange) de 31% à 50%. (…)"

Problème aujourd’hui reproché à Philipp Hildebrand: cette transaction a été effectuée deux jours avant une importante intervention de la BNS sur le marché des changes et trois semaines avant la fixation d’un cours plancher de 1,20 franc face à l’euro.

Ajouté en copie, Philipp Hildebrand n’a toutefois pu consulter sa boîte e-mail que le lendemain matin en raison d’un déplacement à la Banque centrale européenne à Francfort. Le 16 août, il envoie cette réponse:

"Cher Felix, Chère Kashya, (…) A l’avenir, pour des raisons de compliance (contrôle interne, ndlr), vous n’avez pas l’autorisation d’exécuter des ordres sur des monnaies sans que l’ordre vienne de moi ou que je le confirme. (…) Notez également que les positions en monnaies sur ce compte doivent être tenues au moins six mois, conformément aux règles internes de la BNS. (…)"

Ce courriel tendrait donc à prouver que le président de la BNS n’a commis aucune faute juridique dans l’affaire, comme il l’a clamé jusqu’à présent. D’autant que le directeur des affaires juridiques de la BNS, également ajouté aux destinataires, a confirmé à Philipp Hildebrand que l’opération ne posait pas de problème.

Pour y voir plus clair, la Commission de l’économie du Conseil national procédera lundi aux auditions du président de la BNS, du président du conseil d’administration et de la ministre des Finances et présidente de la Confédération Eveline Widmer-Schlumpf.