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Six semaines de vacances: campagnes lancées

Certains logements de vacances paraissent plus douillets sur catalogue que dans la réalité.
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Réduction du stress ou menace sur les emplois? Les six semaines de vacances font débat. - [luxora1]
La campagne pour l'initiative "6 semaines de vacances pour tous" est lancée. Partisans et opposants se sont affrontés par conférence de presse interposée vendredi à Berne. Les premiers estiment que l'ajout de deux semaines de congé est largement mérité alors que les seconds craignent des suppressions d'emplois.

Composé d'une vingtaine d'organisations, le comité favorable à l'initative a lancé sa campagne devant la presse sous la houlette de Travail.Suisse, auteur du texte lancé en 2007. L'initiative ne résoudra pas tous les problèmes d'un coup, a admis le président de cette faîtière syndicale Martin Flügel, mais elle permettra une meilleure récupération du stress croissant généré par le monde du travail.

Stress très onéreux

Les initiants réclamant 6 semaines de vacances pour tous n'ont pas reçu le soutien du Conseil des Etats. [REUTERS - Pascal Lauener]
Les initiants réclamant 6 semaines de vacances pour tous n'ont pas reçu le soutien du Conseil des Etats. [REUTERS - Pascal Lauener]

Selon le comité, un tiers des personnes actives souffre du stress au travail et cela coûte cher: le Secrétariat d'Etat à l'économie chiffre les frais de santé à 10 milliards de francs par an environ. Sans compter les frais sociaux liés aux conséquences du surmenage sur la vie de couple et de famille, a ajouté le président des Verts suisses Ueli Leuenberger.

"L'excès de travail restreint aussi l'engagement social et parfois la durée de la vie professionnelle. Dès 55 ans, 20% des hommes sont à l'assurance invalidité et 40% des préretraités involontaires le sont pour raisons de santé", a illustré la conseillère nationale socialiste Josiane Aubert (VD).

Récompenser la productivité

Pour les partisans, il est temps que les travailleurs récoltent les fruits de l'augmentation de leur productivité qui a bondi de plus de 20% entre 1992 et 2007. Puisque les salaires réels n'ont progressé que de 4,3% dans le même temps, il faut agir sur les quatre semaines de vacances qui n'ont plus été adaptées depuis bientôt 30 ans. La situation varie déjà selon les branches et les travailleurs bénéficient en moyenne de cinq semaines.

Le comité national en faveur du texte ne dispose pas d'un budget de campagne commun. Travail.Suisse investira un demi à un million de francs dans la bataille. Syna fera surtout du travail de rue. Un site internet a été ouvert.

Vacances en plus, emplois en moins

Une alliance composée de l'UDC, du PLR, du PDC, du PBD et des Vert'libéraux a de son côté fait part vendredi à Berne de son inquiétude. Leur slogan résume leurs craintes: "vacances en plus = emplois en moins". La hausse des coûts induite par l'initiative interviendrait au pire moment, alors que les entreprises suisses souffrent déjà du franc fort et de la crise européenne.

L'argent le nerf de la guerre des vacances.schliernerfotolia [schlierner]
L'argent le nerf de la guerre des vacances. [schlierner]

Les petites et moyennes entreprises seraient particulièrement menacées, s'inquiète le comité interpartis "non à l'initiative sur les vacances", qui compte également parmi ses rangs la faîtière des entreprises economiesuisse et celle des PME: l'Union suisse des arts et métiers.

"Plus les effectifs sont petits, plus les problèmes sont grands pour assurer la suppléance des collaborateurs partis en vacances". Si l'initiative passe, les PME "ne pourront bien souvent pas compenser" le manque de personnel avec des congés supplémentaires. Elles n'auront par conséquent qu'une seule solution: supprimer du personnel. Autre effet pervers: les PME devront demander à leurs salariés d'augmenter la cadence avant et après les vacances.

Compétitivité internationale en baisse

La compétitivité de la Suisse au niveau international souffrirait également, assure le comité. Les entreprises étrangères seront moins promptes à venir s'installer en Suisse devant un coût du travail en hausse. Quant aux compagnies déjà installées, elles n'hésiteront pas à délocaliser.

Par ailleurs, les partis bourgeois voient dans le système actuel un autre avantage: sa flexibilité. Les règles peuvent en effet être négociées entre les partenaires sociaux au cas par cas. Les salariés du bâtiment bénéficient ainsi d'un minimum de cinq semaines de vacances par an.

Enfin, par rapport aux autres pays, la Suisse n'est pas victime d'un déficit de vacances, assurent les opposants. Avec ses quatre semaines de vacances prescrites par la loi, elle se situe dans la moyenne européenne au même niveau que l'Italie, l'Allemagne et la Belgique.

vkiss, avec l'ats

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Un coût de six milliards

L'entrée en vigueur de l'initiative serait échelonnée: dès l'an prochain, le droit légal passerait à cinq semaines pour tout le monde puis, à raison d'un jour de plus par an, à six semaines en 2018. Les entreprises ne devraient en pratique assumer les coûts que d'une semaine de vacances supplémentaire, soit en moyenne cinq francs par jour et par salarié, ce qui représente 2% de la masse salariale ou 6,8 milliards de francs au total.

Parlement et Conseil fédéral opposés

Le Parlement a également rejeté l'initiative "6 semaines de vacances pour tous" l'année passée. Les Etats ont écarté le texte par 28 voix contre 10 en juin dernier et le National par 110 voix contre 61 en mars. De même, le Conseil fédéral a indiqué ne pas vouloir renoncer à la flexibilité qu'offre le système actuel.