Le PDG de Costa Croisières, propriétaire du Costa Concordia, a imputé à une "erreur humaine" lundi le naufrage du navire au large des côtes toscanes, faisant au moins six morts. Voir Catastrophe maritime
Lors d'une conférence de presse, Pier Luigi Foschi, a affirmé que le paquebot avait passé avec succès les tests techniques et de sécurité de son évaluation 2011. "Si ça avait été un problème technique, il y aurait eu des alarmes. Le bateau n'avait pas de problème de sécurité, il dispose de dispositifs de sécurité ultra-sûrs", a-t-il affirmé.
Selon lui, le capitaine du navire aurait effectué une manoeuvre non autorisée pour changer le cap du Costa Concordia. Accusé notamment d'homicides multiples et d'abandon du navire, le commandant Francesco Schettino a été placé en détention à Grosseto, dans le centre de l'Italie.
Parade trop proche du rivage
"La route suivie par le navire n'était pas la bonne", a indiqué le procureur de Grosseto, en charge de l'enquête. Le commandant "s'est approché de manière très maladroite de l'île du Giglio, a heurté un rocher qui s'est encastré dans le flanc gauche, faisant s'incliner le navire et embarquer énormément d'eau en l'espace de deux, trois minutes", a-t-il ajouté.
D'après les premiers éléments tirés de la boîte noire, le navire était à "seulement 150 mètres du rivage, une distance incroyablement proche", a encore dit le procureur.
Selon certaines médias et divers témoins, au moment du drame, le navire effectuait une sorte de parade surnommée l'"inchino" (la révérence), toutes lumières allumées et à grand renfort de sirènes pour saluer les 800 habitants du Giglio. Une information que tente de confirmer la justice. Selon certains témoins, il semble également que le capitaine n'était pas dans le poste de pilotage au moment du drame, mais en train de saluer des passagers dans la salle du dîner.
Le commandant se serait enfui
Le procureur chargé de l'enquête a également mis en cause la gestion de l'accident par l'équipage. Selon lui, l'alerte a été lancée une heure après l'impact. Selon certains témoignages, le commandement du navire aurait répondu à la capitainerie du port, alertée par des passagers, que la situation était sous contrôle et qu'il s'agissait d'un simple problème électrique.
Les chaloupes étaient en outre pas assez nombreuse, même si elles faisaient des allers-retours entre entre la côte et le navire pour récupérer des passagers. D'autres n'ont pas eu la chance de trouver une embarcation. Un couple français a ainsi dû sauter à l'eau pour rejoindre la rive à la nage, selon le quotidien La Provence.
Elément encore aggravant, les garde-côtes ont demandé à plusieurs reprises, et en vain, au commandant de remonter à bord du navire pendant les opérations de secours, ce qu'aurait démenti l'intéressé. Le commandant "était déjà, un peu après minuit, sur les rives de Giglio" alors que les derniers passagers ont été évacués vers 05h00 GMT, selon les pompiers.
Un enregistrement d'une de ses conversations avec la capitainerie du port aggrave les éléments à charge contre lui en montrant qu'il a quitté le navire bien avant le dernier évacué contre toutes les règles en vigueur dans la marine et a même refusé de remonter à bord.
Un naufrage financier aussi?
Le croisiériste américain Carnival, qui a racheté Costa Croisières en 2000, a chiffré lundi entre 85 et 95 millions de dollars l'impact immédiat sur ses comptes du naufrage de son paquebot amiral Costa Concordia. Cette somme reflète le manque à gagner généré par l'échouement du bateau.
La perte de recettes provoquée par la catastrophe ne faisait pas l'objet d'un contrat d'assurance auprès d'un tiers, le groupe ayant choisi de s'auto-assurer
Le navire échoué, qui semble difficilement renflouable, était couvert par une assurance spécifique, avec une franchise d'environ 30 millions de dollars. Le groupe était aussi couvert pour les dommages infligés aux tiers, avec une franchise de l'ordre de 10 millions de dollars "pour cet incident".
La seule perte de revenus découlant de la perte du navire devrait réduire le bénéfice par action du groupe de 11 à 12 cents pour l'exercice s'achevant fin novembre.
agences/boi/dk
Analyse des boîtes noires
Les enquêteurs analysent l'équivalent des "boîtes noires" embarquées dans le navire, pour tenter d'établir la séquence exacte des événements à l'origine de l'accident survenu vendredi à l'heure du dîner, par mer calme et temps clair.
Koji Sekimuzi, secrétaire général de l'Organisation maritime internationale, a jugé pour sa part qu'il ne fallait pas tirer de conclusions hâtives sur les causes de l'accident.