Les plongeurs des garde-côtes ont annoncé avoir découvert cinq nouveaux corps dans la partie immergée de la poupe du Costa Concordia, le navire de croisière qui a fait naufrage vendredi soir près de l'île italienne de Giglio.
Le bilan provisoire de la catastrophe passe ainsi à 11 morts et 24 disparus. Les cinq nouvelles victimes sont une femme et quatre hommes qui pourraient être des passagers. Ils ont entre 50 et 60 ans.
Selon les garde-côtes, 14 Allemands, 6 Italiens, 4 Français, 2 Américains, 1 Hongrois, 1 Péruvien et 1 Indien manquaient à l'appel lundi soir. Les six premières victimes étaient deux Français, un Espagnol, un Italien, un homme d'équipage péruvien, ainsi qu'un passager non-identifié. Les 69 Suisses qui étaient à bord sont tous sains et saufs.
Des explosifs pour ouvrir les portes
Pour la recherche de nouveaux corps et d'éventuels survivants dans l'épave, les plongeurs de la marine et des garde-côtes se déplacent avec des plans du navire et posent des micro-charges explosives afin d'ouvrir des passages permettant de circuler plus rapidement et de se déplacer avec davantage de facilité dans le paquebot", a expliqué le porte-parole des garde-côtes.
Ces micro-charges servent à ouvrir les portes étanches des navires. L'espoir des secouristes est de "trouver encore des survivants car s'ils ont trouvé une poche d'air dans une cabine et quelque chose pour se réchauffer, manger, il est possible de survivre", selon le porte-parole. Un spécialiste local de la protection civile rappelle toutefois qu'avec cette température de l'eau, il est impossible de survivre dans l'eau très longtemps, même en ayant de l'air.
Plainte contre Costa Croisières
L'avocat français de rescapés du naufrage du navire Costa Concordia a par ailleurs annoncé le dépôt d'une plainte contre le groupe italien Costa Croisières, propriétaire du paquebot échoué, pour non assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d'autrui, homicide involontaire et manquements aux consignes de sécurité. Ses clients ont lancé un collectif de victimes qui devrait réunir une centaine de noms.
"Le commandant du navire n'était pas là, c'était la désorganisation complète, et là-dessus Costa Croisières devra donner des explications", a estimé l'avocat, alors que de nouvelles preuves de la responsabilité du capitaine ont été dévoilées et que son maintien en détention a été demandé (voir Naufrage du Concordia ).
"On sera toujours plus forts en étant unis plutôt qu'en portant plainte de manière séparée", a estimé l'un des représentants des passagers "Au-delà du fait que la procédure d'urgence ait été déclenchée tardivement, elle a été totalement brouillonne. Ce n'est pas normal que plusieurs d'entre nous se soient retrouvés sans gilet de sauvetage alors que le personnel de service en était équipé", a-t-il raconté, dénonçant "un manque de formation" de l'équipage.
Des compensations prévues
La compagnie Costa Croisière a elle indiqué à l'agence de voyage Hotelplan qu'elle prévoyait "d'éventuelles offres de compensation supplémentaire" pour les rescapés du naufrage. Pour l'heure, aucune précision n'a été formulée par la compagnie sur le contenu des compensations pour les rescapés, a fait savoir la porte-parole d'Hotelplan.
La compagnie italienne compte par ailleurs faire une fleur aux personnes qui, en Suisse, avaient déjà fait une réservation pour naviguer sur le Concordia entre janvier et février. Outre le remboursement de leur réservation, ces personnes "peuvent faire une autre croisière gratuitement sur un bateau Costa entre janvier et mars", précise Hotelplan.
Eviter un désastre écologique
Outre la tragédie humaine, les autorités s'activent pour éviter un "désastre" écologique avec la fuite des 2380 tonnes de carburant, du gazole dense et lourd, encore dans les entrailles du mastodonte. En milieu d'après-midi, un liquide huileux s'est écoulé aux abords de l'épave. Dans la soirée, le ministre de l'Environnement Corrado Clini a indiqué qu'il ne s'agit "apparemment pas d'une fuite de carburant".
Le gouvernement entend toutefois décréter dès cette semaine l'état de catastrophe naturelle sur la zone pour mobiliser un maximum de ressources financières et humaines afin d'éviter une pollution du parc naturel entourant le Giglio. Le maire de l'île Sergio Ortelli a confié redouter cette "bombe écologique".
Une équipe d'experts de la société néerlandaise Smit&Salvage tente ainsi de mettre le navire en sécurité, en disposant des bouées jaunes en forme de saucisses.
Le gouvernement a par ailleurs donné 48 heures à l'armateur du navire pour présenter un plan afin de vider les réservoirs, soulignant le risque que "le navire puisse couler puis ensuite se briser en plusieurs morceaux". Le pompage pourrait commencer dès mercredi déjà.
agences/boi