Après la décision mardi de l'assigner à résidence, il est arrivé vers 2 heures du matin chez lui, escorté par la police et les carabiniers, évitant photographes et cameramen en empruntant une entrée secondaire, selon les médias italiens. Il était accompagné de son épouse et de son frère.
Entendu pendant trois heures mardi par une juge des enquêtes préliminaires, le commandant a "donné ses explications", notamment sur le retard mis à donner l'alerte après la collision du navire avec un rocher à moins de 500 mètres de la côte de l'île du Giglio, a expliqué son avocat, Me Bruno Leporatti.
Selon ce dernier, le capitaine a aussi catégoriquement démenti avoir abandonné le navire avant l'évacuation des derniers passagers et affirmé avoir "sauvé des milliers de vie" en effectuant une manoeuvre pour ramener le navire vers la côte.
Il aurait également expliqué être tombé à l'eau ce qui l'aurait empêcher de se trouver à bord pour organiser les secours. Pour leur part, les magistrats-enquêteurs du parquet avaient demandé son maintien en détention.
Incompréhension du procureur
Dans la soirée, le procureur Francesco Verusio a affirmé "ne pas comprendre" la décision de le libérer. Car les charges contre le commandant Schettino, décrit par des témoins comme "trop exubérant et casse-cou", sont écrasantes.
L'enregistrement d'une de ses conversations avec la capitainerie du port au moment de la catastrophe est accablant. D'un ton faible et hésitant, il fait d'abord croire à son interlocuteur qu'il est à bord alors qu'il a déjà quitté le navire, puis refuse de remonter.
"Remontez à bord, b..... de m....", lui intime Gregorio De Falco, de la capitainerie du port de Livourne, visiblement exaspéré et scandalisé. La phrase, largement reprise sur l'internet, a fait école, au point qu'un petit malin en a déjà fait un tee-shirt ("vada a bordo, C....").
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Analyses toxicologiques
Le commandant Schettino est aussi accusé d'avoir tardé à ordonner l'évacuation, déclenchant selon l'enquête des garde-côtes une "mini-mutinerie" de l'équipage qui a lancé les opérations d'évacuation sans que le commandant ait formellement décrété "l'abandon du navire".
Alors que le navire penchait, ils ont commencé à préparer les chaloupes sans attendre les consignes de leur chef. Enfin, le capitaine est accusé par sa propre compagnie d'avoir lui-même dévié la trajectoire du bateau pour effectuer une parade, tous phares allumés, à proximité de l'île.
Selon des sources proches de l'enquête, il sera soumis à des analyses pour vérifier s'il a absorbé des stupéfiants ou d'autres substances toxiques la nuit du naufrage.
agences/pym
LA PETITE-NIECE D'UNE VICTIME DU TITANIC PARMI LES NAUFRAGES
Valentina Capuano, 30 ans, fait partie des rescapés du naufrage du Concordia mais son histoire est particulière: le frère de sa grand-mère a péri la nuit du 14 avril 1912 quand le Titanic avait heurté un iceberg et sombré en haute mer. "Cela a été comme revivre cette histoire, ça a été terrible, je suis vraiment très choquée", a raconté la jeune femme originaire de la région de Naples, au journal italien Repubblica.
Sa grand-mère Maria lui racontait souvent la terrible histoire qui avait marqué sa vie: la perte de son jeune frère Giovanni, qui avait émigré à Londres à l'âge de 25 ans à la recherche d'un travail.
Giovanni avait embarqué à bord du Titanic, embauché comme serveur sur le paquebot pour sa traversée inaugurale de l'Atlantique. Il pensait émigrer aux Etats-Unis pour démarrer une nouvelle vie mais fut l'une des victimes de la catastrophe.
"Je suis encore secouée et penser à ce que j'ai vécu continue de me perturber, j'ai de la tachycardie et suis encore très agitée", a indiqué la jeune femme qui a survécu au drame de vendredi soir, tout comme son fiancé, son frère et la compagne de ce dernier.
Recherches à nouveau suspendues
Les recherches de la vingtaine de personnes encore portées disparues ont été suspendues durant une bonne partie de la journée de mercredi, a indiqué un porte-parole des pompiers.
Le navire s'est légèrement déplacé et il s'est avéré impossible de s'en approcher jusqu'en début de soirée. Les recherches reprendront jeudi au lever du jour.
Selon les pompiers, le contrôle de la partie en dehors de l'eau avait été pratiquement achevé.
Jusqu'à présent, onze corps ont été repêchés dont six ont été identifiés. Le dernier est un homme d'équipage hongrois.
Par ailleurs, l'une des passagères allemandes qui était portée disparue a été retrouvée dans son pays où elle s'est présentée aux autorités locales.