Première étape, la jeune Lizzy Grant enregistre un CD qui révèle de réelles capacités vocales. Mais l'album reste dans les tiroirs, la blonde effacée ne convainc pas les producteurs et semble déjà promise à l'oubli.
Deuxième étape, avec l'aide d'un père millionnaire selon certains, l'Américaine de 25 ans se lance dans une opération marketing fulgurante. Elle crée le personnage de Lana del Rey, sulfureuse rousse aux lèvres définitivement trop pulpeuses et elle poste la chanson "Video Games" sur le web, un titre pop vraiment sympa, un brin vintage, où sa voix sensuelle fait merveille.
Troisième étape, deux chansons à la qualité inégale sont dévoilées pour alimenter le buzz soulevée par Lana: "Born to die", digne de la bande originale d'un James Bond, et un "Blue Jeans" vaporeux.
Un album qui joue les montagnes russes
Quatrième étape, après six mois de mystère, il faut lever le voile. Le CD "Born to die" distille 15 titres qui ne rivalisent pas avec les premiers. Ainsi, "National Anthem" prend un virage R&B aussi inattendu que décevant, "Summertime Sadness" n'a aucun intérêt. Seul le grisant "Dark Paradise" sort quelque peu du lot.
Cinquième étape, la critique: on reproche à Lana del Rey d'avoir trompé le public et en outre de jouer les starlettes. L'icône est déjà égratignée. Surtout que ses performances dans les médias ne sont pas à la hauteur.
Sixième étape, et après? Vite écoutée, vite oubliée? Pas forcément, Lana del Rey n'en est qu'à ses débuts. La voix est là, reste une musique et des paroles trop lisses, une personnalité à affiner. Affaire à suivre...
Leonard Cohen, un bâtard en costume
"J'aime parler avec Leonard, c'est un sportif et un berger, un bâtard paresseux vivant dans un costume". Entame du nouvel album de Leonard Cohen, "Going home" sent autant l'autodérision que le bilan personnel, à 77 ans et après une longue tournée de 250 concerts.
Il faut dire que le Canadien devait renflouer les caisses après avoir été ruiné par sa manager. Mais avec 45 ans de carrière, Cohen a su utiliser ce malheur pour repartir encore grandi. Et d'offrir "Old Ideas", CD évidemment sombre et mélancolique, dépouillé et riche à la fois. Avec dix chansons minutieusement ciselées par ce vrai poète, auteur notamment du fameux "Hallelujah" il y a près de 30 ans.
Voix sombre et choeurs en contrepoids
A l'écoute de Leonard Cohen, on a envie de poser sa tasse de café et son journal, de se coucher et d'écouter. La voix caverneuse qui plonge dans le grave sans tressaillir sonne comme une autorité. Lui, le vieux sage comme il se décrit dans ce 12e album studio.
Des chansons presque parlées qui font frémir et des choeurs féminins qui rassurent servent des textes sur la mort, la croyance ou la passion. Comme dans ce "Show me the place", un hymne aux chaînes et aux servitudes de l'amour. Toutefois, à l'image de "Darkness", qui s'appesantit longuement sur un homme sans avenir, gare à la déprime!
Liz Green, une inclassable conteuse
Liz Green fait penser à une gentille Anglaise qui va vous offrir le thé et un gâteau. Et puis on la voit gratter sa vieille guitare avec un sourire, on prête l'oreille et... quelle voix!
L'excentrique Liz Green sort à 29 ans un très british "O Devotion", au son folk, blues ou jazz, inclassable. On est ici dans un cabaret des années 30 et là à l'avant-garde musicale. Ces jolies ballades passent sans crier gare de la douleur à l'insouciance juvénile. Ecoutez le single "Bad Medicine".
Et les paroles? Souvent sans queue ni tête et remplies d'animaux étranges! Mais cette conteuse à la voix douce et prometteuse s'en moque éperdument.
Frédéric Boillat
Les sorties à venir
Paul McCartney, "Kisses On The Bottom" (3 février)
Air, "Le voyage dans la Lune" (3 février)
Mark Lanegan, "Blues Funeral" (3 février)
Van Halen, "A Different Kind Of Truth" (3 février)
The Fray, "Scars and Stories" (7 février)
Boy & Bear, "Moonfire" (10 février)
La grande Sophie, "La place du fantôme" (13 février)
The Cranberries, "Roses" (14 février )
Tindersticks, "Something Rain" (17 février)
Angélique Kidjo, "Spirit Rising" (21 février)
The Tings Tings, "Sounds from Nowheresville" (24 février)
Katie Melua, "Secret Symphony" (2 mars)
Aliose, "Le vent a tourné" (7 mars)
Rufus Wainwright, "Out of Game" (17 mars)
Leona Lewis, "Heart Glass" (23 mars)
Madonna, "MDNA" (26 mars)
Bruce Springsteen, "Wrecking Ball" (30 mars)
Norah Jones, "Little Broken Hearts" (30 mars)
Lovebugs, "Life is Today" (20 avril)
L'info musicale de la semaine
Adele va effectuer un retour très attendu sur scène lors des Grammy Awards, le 12 février à Los Angeles, ont annoncé mardi les organisateurs.
La chanteuse britannique a dû rester silencieuse depuis le mois d'octobre en raison d'une opération des cordes vocales.
Adele, 23 ans, est l'une des favorites de la soirée, avec six nominations, juste derrière le rappeur Kanye West (7 nominations).
"Je suis extrêmement fière qu'on m'ait demandé de chanter aux Grammy Awards cette année. C'est un honneur de participer à une telle soirée, et pour moi, dont ce sera le premier spectacle depuis des mois, c'est à la fois trépidant et stressant, mais c'est une belle façon de faire mon retour", ajoute l'interprète des tubes "Someone Like You" et "Rolling in the Deep".
Son deuxième album, "21", a été le plus vendu dans le monde en 2011, avec près d'un million d'exemplaires écoulés en France, 5,8 millions aux Etats-Unis et 3,8 millions en Grande-Bretagne.
Parmi les autres artistes à monter sur scène lors des 54e Grammy Awards, figurent Paul McCartney, Rihanna, le groupe Coldplay, Bruno Mars et Taylor Swift.