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La colère en Egypte après le drame de Port-Saïd

Les affrontements au Caire ont été très violents: deux manifestants sont morts. [REUTERS - Mohamed Abd El-Ghany]
Les affrontements au Caire ont été très violents: deux manifestants sont morts. - [REUTERS - Mohamed Abd El-Ghany]
Deux personnes sont mortes vendredi au Caire lors d'affrontements entre policiers et manifestants réclamant le départ du pouvoir militaire, dans une nouvelle flambée de violences après le drame du match de football meurtrier à Port-Saïd.

Les deux victimes ont été asphyxiées par des gaz lacrymogènes, près du ministère de l'Intérieur. Ces morts viennent s'ajouter à celles de deux manifestants mortellement atteints dans la nuit de jeudi à vendredi dans la ville de Suez, où plus de 30 personnes ont été blessées.

Bâtiment incendié

En début d'après-midi, le ministère de l'Intérieur a fait état de 1482 blessés dans les violences depuis jeudi, jour où les heurts ont fait trois morts et des centaines de blessés dans le pays. Vendredi, des manifestants au visage masqué ont coupé les barbelés pour les franchir et provoquer des incendies dans une rue menant au ministère de l'Intérieur, alors que les pierres volaient dans toutes les directions au-dessus des têtes.

Un bâtiment gouvernemental situé face au ministère de l'Intérieur dans le centre de la capitale, où des milliers de personnes manifestaient encore en début de soirée, a été incendié, a annoncé la télévision publique. L'origine de l'incendie, qui a pris au dernier étage du bâtiment, n'a pas encore été déterminée.

Bagarrovsky [EPA]
Bagarrovsky [EPA]

Un peu plus tôt non loin de là, des centaines de personnes s'étaient rassemblées pour la prière hebdomadaire sur l'emblématique place Tahrir, arborant des drapeaux et scandant des slogans hostiles au régime militaire qui gère le pays depuis la chute du régime de Hosni Moubarak il y a près d'un an.

Heurts aussi à Suez

Des affrontements ont également repris entre policiers et manifestants à Suez. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à la chevrotine pour tenter de disperser les manifestants.

Des organisations pro-démocratie ont appelé les manifestants à se rassembler en masse pour réclamer la démission immédiate du Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui et chargé de la délicate transition démocratique.

Déjà régulièrement accusé de mal gérer cette transition, le CSFA est désormais tenu pour responsable des 74 morts et des centaines de blessés mercredi au stade de Port-Saïd (nord) après la première défaite de la saison pour le célèbre club cairote Al-Ahly face aux locaux d'Al-Masry (3-1).

Ce drame, l'un des plus lourds bilans de l'histoire du football, a déjà provoqué jeudi des manifestations dans le pays contre l'inertie des forces de sécurité, relançant la contestation contre les autorités et l'incertitude sur la transition.

Les raisons de la colère 

Les Egyptiens, qui dénoncent l'inaction des forces de l'ordre mercredi soir à l'issue du match sanglant de Port-Saïd, sont de plus en plus exaspérés par le pouvoir militaire accusé de violations des droits de l'Homme, et réclament depuis des mois la fin des procès de civils devant des tribunaux militaires, une refonte du ministère de l'Intérieur, et le respect des libertés et de la justice sociale.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la Défense de Hosni Moubarak pendant deux décennies, s'est engagé à maintes reprises à céder ses pouvoirs aux civils après la présidentielle prévue d'ici fin juin.

Il avait avancé l'exemple des élections législatives remportées par les islamistes pour preuve de sa bonne foi. Mais cela n'a pas calmé les esprits et maintes personnalités et organisations de défense des droits de l'Homme estiment que les militaires chercheront à garder certains pouvoirs.

  

  

agences/pym

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