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Scandalisée, la droite française quitte le Parlement

Fillon
François Fillon et ses ministres ont quitté le Parlement, après qu'un député socialiste eut évoqué le nazisme en référence aux déclarations de Claude Guéant.
Les membres du gouvernement français, le Premier ministre François Fillon en tête, ont quitté mardi la séance des questions à l'Assemblée, après qu'un député de gauche a évoqué "camps de concentrations" et "régime nazi", en référence à des déclarations du ministre de l'Intérieur.

Lors d'un colloque samedi, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait jugé que "toutes les civilisations ne se valent pas", provoquant une vive polémique.

"Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient (...). Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique", avait-il argumenté.

Ces propos ont suscité un torrent de critiques des associations antiracistes et de l'opposition qui ont accusé le ministre de l'Intérieur de faire le jeu de l'extrême droite.

"M.Guéant, vous privilégiez l'ombre, vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration", a déclaré mardi le député apparenté socialiste de la Martinique (île des Antilles françaises) Serge Letchimy, avant de se référer dans le brouhaha au "régime nazi".

Sarkozy défend son ministre

Merkelsarko2 [REUTERS - � Philippe Wojazer / Reuters]
Merkelsarko2 [REUTERS - � Philippe Wojazer / Reuters]

Le départ des membres du gouvernement s'est accompagné de celui des députés de droite, après que le président de l'Assemblée a vainement appelé au calme. Le président Nicolas Sarkozy avait défendu lundi son ministre. "Nous sommes dans une de ces polémiques ridicules dont le seul milieu politique sait en donner l'illustration", a-t-il déclaré dans un entretien diffusé sur les chaînes françaises et allemandes France 2 et ZDF.

"Le ministre de l'Intérieur a dit qu'une civilisation, un régime, une société qui n'accordaient pas la même place et les mêmes droits à des hommes et à des femmes, ça n'avait pas la même valeur", avait-il poursuivi, ajoutant: "c'est du bon sens".

Plus tôt mardi, Claude Guéant avait écrit au Conseil français du culte musulman (CFCM), qui s'était ému de ses déclarations, pour l'assurer que ses propos ne visaient pas les musulmans français.

Claude Guéant se défend

"Mon propos de bon sens et d'évidence ne visait aucune culture en particulier, ni nos concitoyens de confession musulmane qui respectent et adhèrent pleinement aux valeurs de la République, et dont la République respecte et protège les croyances", selon Claude Guéant.

Pour sa part, le candidat socialiste à la présidentielle et favori des sondages de l'élection d'avril-mai, François Hollande, a jugé que Claude Guéant "ferait mieux de s'occuper de la société plutôt que de faire des phrases sur la civilisation".

Ces derniers mois, Claude Guéant avait déjà suscité la controverse, en déclarant notamment en avril que l'augmentation du nombre de fidèles musulmans posait "problème", ou en désignant Roms ou Comoriens comme principaux acteurs de la délinquance à Paris et à Marseille.

afp/pima

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