La campagne présidentielle française va enfin pouvoir véritablement démarrer, à deux mois du premier tour le 22 avril. Il fallait pour cela que le chef d'Etat sortant officialise une candidature qui n'était qu'un secret de polichinelle. Nicolas Sarkozy a donc choisi le journal de TF1 pour annoncer qu'il briguait un deuxième quinquennat.
"Oui, je suis candidat à l'élection présidentielle", a déclaré le leader de la droite, précisant qu'il avait pris cette décision il y a plusieurs semaines. Le président a ajouté vouloir poursuivre les changements amorcés dans un contexte difficile. Tout autre décision aurait constitué un "abandon de poste" à ses yeux.
Rencontrer les Français
Nicolas Sarkozy a également décliné son slogan de sa campagne: "Il faut que les Français comprennent que si la France est forte, ils seront protégés", a-t-il expliqué. Il a également fixé les priorités d'un second mandat, de la réhabilitation de la valeur travail, car "l'assistanat n'a pas sa place".
Rencontrer les Français en campagne, "c'est une forme de soulagement", a encore précisé Nicolas Sarkozy, estimant qu'il pourra ainsi s'expliquer clairement sur ses projets et donner la parole à ses concitoyens: "Chaque fois qu'il y aura blocage, je ferai trancher le peuple français." Le chef de file de l'UMP a aussi expliqué que la crise économique et financière l'avait empêché de conduire les réformes qu'il souhaitait lors de son premier mandat.
Au plus bas dans les sondages
Cette annonce intervient alors que Nicolas Sarkozy est en campagne de fait depuis des semaines à chacune de ses sorties publiques, où il s'efforce de décrédibiliser le programme de la gauche.
Le président sortant est toutefois au plus bas dans les sondages à 67 jours du premier tour. Selon les chiffres publiés par l'institut Ifop publié mardi, il ne récolte que 25% des intentions de vote au premier tour. Nicolas Sarkozy est donné largement distancé par François Hollande (30%) et il reste menacé par la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen (17,5%). Au deuxième tour, le leader de la droite serait sévèrement battu par le candidat socialiste (57,5%).
Mais les partisans du président veulent croire que cette annonce marquera une véritable relance de la droite. "Nous y sommes, la vraie campagne va commencer. Tout va changer avec l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy, on va voir projet contre projet", a assuré le chef de la diplomatie française Alain Juppé.
Dans la foulée de son annonce télévisée, Nicolas Sarkozy fera sa première sortie de prétendant dès jeudi à Annecy, où une réunion publique est programmée, avant un premier grand meeting de campagne dimanche à Marseille.
LES ADVERSAIRES POLITIQUES CRITIQUENT
François Hollande a fait mine de s'étonner de cette candidature: "Quelle nouvelle! Quel bouleversement! Quelle sensation!" Et d'ajouter qu'il était déjà "candidat depuis cinq ans". Durant un meeting à Rouen, le socialiste a aussi raillé "les incantations, les plus jamais ça" de son rival sur le chômage, l'industrie ou la finance
Marine Le Pen a exhorté ses compatriotes à donner un "carton rouge" au sortant. Pour la leader du Front national, Nicolas Sarkozy "manque de conviction et cela se voit" et il ne pourra pas facilement faire oublier son maigre bilan. Elle a aussi déploré "trop de trahisons, trop de mensonges, trop de manipulations".
François Bayrou a jugé que le président avait employé "exactement les mêmes mots, les mêmes phrases, les mêmes exemples que depuis des mois. Et le centriste d'ajouter que celui qui se présente comme le capitaine d'un navire en pleine tempête "a mené le bateau dans les récifs" et qu'il était temps de "changer de capitaine".
Les réactions à la candidature de Nicolas Sarkozy:
Jean-Luc Mélenchon, favori du Front de gauche, a dit avoir assisté à un numéro de pur cynisme" qui "fait reculer le pays" et il a applaudi la "fin d'une période ridicule de faux suspense" et s'est réjoui d'assister à la fin de la présidence "la plus antisociale" de la Ve République.
Eva Joly a lâché un "Tout ça pour ça", après la déclaration de Nicolas Sarkozy, ajoutant "Il ne nous a rien dit, c'était le grand vide". La candidate verte a aussi regretté qu'il n'ait rien dit sur l'écologie et la crise environnementale. A ses yeux, le chef de l'Etat est "dans le déni du bilan de son mandat, dans le déni du fait que sa politique a détruit l'emploi dans notre pays, dans le déni qu'il déstabilise notre pays".
François Fillon a salué un Nicolas Sarkozy qui se tourne "vers les Français avec conviction et coeur". "Pour construire cette France forte, je m'engage pleinement au côté de Nicolas Sarkozy", a ajouté le chef du gouvernement.
boi avec les agences