Une vingtaine d'experts se sont réunis jeudi et jusqu'à vendredi à huis clos au siège de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève. Objectif: établir si les scientifiques impliqués dans le développement d'un virus H5N1 mutant potentiellement capable de se transmettre entre humains peuvent publier leurs travaux.
Parmi les participants figurent les équipes des deux chercheurs ainsi que des représentants des revues "Science" et "Nature" qui auraient dû publier les résultats des études.
Recherche dangereuse?
La réunion vise à atteindre un "consensus" entre les scientifiques et trouver un "équilibre" entre "la recherche scientifique et la sécurité". Les études menées sur des changements du virus de la grippe H5N1 pour le rendre plus transmissible entre humains avaient soulevé des inquiétudes sur les risques et utilisations abusives possibles, notamment par des bioterroristes.
La première équipe de chercheurs est implantée dans un laboratoire au centre médical universitaire Erasmus de Rotterdam (Pays-Bas). Elle avait annoncé en septembre avoir créé une mutation du virus de la grippe aviaire capable, pour la première fois, de se transmettre facilement entre mammifères et potentiellement entre humains. L'autre équipe se trouve à l'Université du Wisconsin (EtatsUnis).
Ces scientifiques se sont toutefois accordés "pour cesser leurs recherches dans ce domaine pendant 60 jours afin de donner du temps à l'opinion internationale de s'exprimer", ont-ils dit dans une lettre publiée le 20 janvier par les revues "Science" et "Nature".
Par voie aérienne
La récente polémique a éclaté lorsque l'équipe hollandaise a annoncé avoir découvert que le virus H5N1 de la grippe aviaire pouvait se transmettre par voie aérienne, comme la grippe saisonnière. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont modifié à plusieurs reprises le virus H5N1 pour créer un virus mutant et ont procédé à des expériences avec des furets. Selon eux, ces mutations peuvent très bien avoir lieu dans la nature et il convient de se préparer à une évolution du virus de la grippe aviaire le rendant transmissible entre êtres humains, via les éternuements par exemple.
Le Bureau national américain de la science pour la biosécurité (NSABB) avait demandé à ce qu'une partie des résultats de la recherche sur le virus ne soient pas publiés dans les revues "Science" et "Nature". Cette initiative a été dénoncée par certains membres de la communauté scientifique internationale comme une censure et une atteinte à la recherche.
ats/cab
Plus dangereux que la grippe espagnole
La grippe aviaire à virus H5N1 est surtout transmissible entre oiseaux.
L'être humain ne peut être contaminé que par contact avec des animaux infectés mais le taux de mortalité de 60% associé à ce virus est l'un des plus élevés.
En comparaison, la grippe espagnole, qui aurait fait entre 20 et 40 millions de tués en 1918-1919, a tué 0,5% des personnes contaminées.