Sorties CD: Dolores O'Riordan chante à nouveau pour les Cranberries

Les Cranberries sont de retour avec un bouquet de "Roses". Des retrouvailles attendues depuis la séparation du groupe rock irlandais en 2003 et amorcées en 2009, quand Dolores O'Riordan et ses 3 compères s'étaient réunis. La charismatique chanteuse a profité de cette pause pour se consacrer à ses 4 enfants et pour sortir 2 albums solo ("Are you listening?", "No Baggage").

Le groupe qui avait débuté en 1993 avec "Everybody Else Is Doing It, So Why Can't We?" était devenu un phénomène après le carton de "No Need To Argue" (1994) et surtout son titre "Zombie". Mais la magie s'était estompée avec "Wake Up & Smell the Coffee" (2001).

Un retour attendu mais décevant

Après presque 10 ans silence, Dolores, Mike Hogan, Noel Hogan et Fergal Lawler ont effectivement retrouvé un peu la flamme. Mais "Roses" ne reproduira pas la déflagration de "No Need To Argue". La voix de Dolores est toujours aussi prenante, le style Cranberries reconnaissable. Mais ce n'est qu'un bon album pop-rock, avec quelques moments à savourer ("Tomorrow", "Dreams").

Cranberries, "Tomorrow"

Et si la sauce ne prend pas vraiment, c'est peut-être que plusieurs chansons ("Someday", "Raining in My Heart", "Astral Projections") devaient sortir en 2004 et ont été retravaillées pour l'occasion. Restent les souvenirs.

La Grande Sophie intimiste

Grande fille un peu fofolle le temps de quatre albums très rock-guitare avec des textes enjoués, la Grande Sophie revient avec "La place du fantôme", un sixième opus dans la veine intimiste de "Des vagues et des ruisseaux" en 2009.

Auteur, compositrice, interprète et guitariste, Sophie Huriaux parle de ces absences qui sont si présentes. Comme sur "Peut-être jamais": "la date limite est dépassée" et il faut imaginer "un autre monde, une autre vie" pour ne pas regretter les occasions manquées. Un bilan existentiel et musical, donc forcément mélancolique, mais aussi enjoué tant en paroles qu'en musique.

La Grande Sophie, "Ne m'oublie pas"

Mélanges sonores et introspection

Côté musique, la Grande Sophie mélange les sonorités acoustiques (saxo, orgue, harmonium, contrebasse) et électroniques (synthétiseurs des années 70-80). Sophie varie:funk ("Dans ton royaume"), tons hip-hop ("Quand on parle de toi"), ballades pop ("Tu fais ton âge", "Ecris-moi") ou vaporeux ("Suzanne").

Crise de la quarantaine, peine de coeur? Elle ne le dit pas, mais l'introspection ne se fait jamais morbide. Même si Sophie sait qu'elle finira par "sucrer les fraises" et qu'au jour de la "grande évasion", ses "kilos d'impatience" trouveront "l'innocence". Le tout sur un air pop plutôt guilleret.

Les Tindersticks tout en élégance

Voici 20 ans que les Tindersticks soignent les détails sonores. La bande à Stuart Staples livre cette fois "The Something Rain", dépouillé au possible. Débarrassé depuis 2008 et "The Hungry Saw" d'un côté un peu sirupeux, les Anglais reviennent avec un album jazzy et bossa nova élégantissime et nonchalant. L'opus ouvre sur un "Chocolate" de 9 minutes aux arrangements minimalistes sur lequel le multi-instrumentiste David Boulter raconte un rendez-vous amoureux non conventionnel.

Malgré un côté easy-listening, le résultat est séduisant, comme le prouvent "Slippin' Shoes" ou "This Fire of Autumn". Et puis la voix de Stuart Staples demeure est à l'unisson, obsédante et parfaite dans cet exercice très stylé.

Caryl Bussy