Un soldat afghan tire sur les forces de l'OTAN et tue deux militaires

Un militaire afghan a ouvert le feu sur des soldats de l'OTAN et tué deux d'entre eux jeudi. Les deux victimes sont de nationalité américaine, selon le gouverneur du district de Khogyani, dans la province de Nangarhar, où s'est produit l'incident.

Cette attaque est survenue au troisième jour d'émeutes antiaméricaines qui font suite à l'incinération d'exemplaires du Coran dans la plus grande base militaire américaine du pays. Ces violences ont déjà fait 12 morts parmi les manifestants, neuf mercredi et trois jeudi.

Des milliers de personnes ont manifesté aux cris de "Mort à l'Amérique" dans plusieurs provinces. "Nous voulons que les coupables soient jugés. Les excuses, ce n'est pas assez", scandaient notamment les protestataires dans la province de Kunar. Mercredi soir, le président Hamid Karzaï avait "appelé au calme".

Sentiment antiaméricain au plus haut

Ces manifestations ne pouvaient intervenir à un pire moment pour les Etats-Unis, qui veulent retirer progressivement et sans trop d'embûches leurs 100'000 soldats combattants d'Afghanistan d'ici à fin 2014, en laissant un pays pacifié, notamment grâce aux discussions de paix qu'ils tentent de lancer avec les talibans au Qatar.

Le sentiment antiaméricain n'a jamais été aussi fort dans la population en 10 ans de conflit, au diapason des bavures de l'OTAN qui tue relativement fréquemment des civils et de diverses affaires récentes de profanations ou autres actes jugés blasphématoire à l'égard de l'islam.

Les excuses de Barack Obama

C'est d'ailleurs sans doute pour tenter d'étouffer cette nouvelle flambée de violences que les hauts responsables américains, à Washington comme à Kaboul, se sont confondus en excuses, quelques heures après que des employés de la base de Bagram eurent découvert l'incinération.

Barack Obama a ainsi présenté des excuses au "peuple afghan" dans une lettre envoyée à son homologue Hamid Karzaï, a annoncé jeudi la présidence afghane. Le président américain a invoqué une "erreur commise par inadvertance", selon un communiqué de la présidence afghane.

Hésitation des talibans

Les talibans, de leur côté, hésitent entre colère et apaisement. Jeudi, ils ont appelé les Afghans à "défendre le livre saint" en attaquant les forces internationales. Mais la veille, leur porte-parole, tout en condamnant les actes, avait assuré que la "profanation" du Coran "n'affecterait pas le processus au Qatar", où les rebelles pourraient ouvrir un bureau de représentation pour discuter avec les Etats-Unis.

Dans la nuit de lundi à mardi, des exemplaires du Coran, confisqués à des détenus de la prison de la base américaine de Bagram, à 60 km au nord-est de Kaboul, ont été incinérés parce que, selon des responsables à Washington, ils servaient à faire passer des messages entre prisonniers.

ats/dk