Un journaliste britannique a été exfiltré de Syrie, sa consoeur française s'y trouve toujours
Le reporters britannique Paul Conroy, blessé en Syrie, est arrivé mardi au Liban, exfilté de la ville syrienne de Homs, bombardée pour le 25e jour consécutif. Quant à la reporter française Edith Bouvier, des informations contradictoires ont circulé sur son sort, mais elle serait toujours en Syrie.
Paul Conroy, qui collabore notamment avec le "Sunday Times", a rejoint le Liban via un point frontalier illégal, a expliqué un militant qui a participé au transport des blessés. Quant à Edith Bouvier, reporter pour le quotidien français "Le Figaro", blessée tout comme Paul Conroy mercredi dans un pilonnage à Homs, "elle n'est pas au Liban mais toujours en Syrie", a affirmé mardi la direction du journal.
Sarkozy revient en arrière
Le président français Nicolas Sarkozy, après avoir assuré qu'elle avait été "évacuée saine et sauve", a déclaré ne pas être en mesure de confirmer qu'elle soit "en sécurité au Liban". "Les communications sont très difficiles avec Homs", a déclaré le chef de l'Etat, en évoquant une situation "imprécise" et "complexe".
Edith Bouvier et Paul Conroy ont été blessés lors d'un bombardement qui a coûté la vie à la journaliste du "Sunday Times" Marie Colvin et au photographe français Rémi Ochlik le 22 février (lire: Répression en Syrie). Paul Conroy, 47 ans, avait lancé un appel en vue d'être exfiltré de Homs la semaine dernière dans une vidéo. Il était apparu les traits tirés, allongé sur un sofa, et avait déclaré souffrir de blessures à la jambe et avoir reçu des éclats à l'abdomen.
Dans une autre vidéo publiée sur internet, Edith Bouvier, journaliste freelance de 31 ans, grièvement blessée à la jambe, demandait une aide d'urgence, un cessez-le-feu "au plus vite" et une voiture médicalisée pour être évacuée au Liban (lire: Répression en Syrie).
ats/pbug
Les combats continuent
Les violences se sont poursuivies mardi, surtout à Homs, dont le quartier rebelle de Baba Amr est pilonné pour le 25e jour consécutif par les forces du régime, faisant seize morts, dont cinq soldats, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon l'ONU, qui reconnaît qu'elle ne peut donner de chiffres précis, le bilan des victimes de la répression en Syrie est de "certainement beaucoup plus que 7500 morts".
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a estimé qu'il existait des "arguments" qui permettraient de poursuivre le président syrien Bachar al-Assad comme criminel de guerre, mais qu'une telle action compliquerait la recherche d'une solution en Syrie.
Sur le plan politique, le président Assad a ratifié mardi la Constitution adoptée par référendum dimanche par 89,4% des votants, selon le régime. Le référendum, qualifié de "succès" par la presse officielle à Damas qui assure que "la nouvelle loi fondamentale ouvre la voie à une ère de concurrence politique et de consolidation des libertés", a été accueilli avec scepticisme et par des railleries à l'étranger.
Résolution au Conseil des droits de l'homme de l'ONU
La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a exigé de son côté un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" devant les membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, qui doivent débattre d'une résolution appelant le gouvernement syrien à autoriser un "accès libre et sans entrave" à l'ONU et aux organisations humanitaires. La délégation syrienne a quitté la salle, déclarant son "retrait".
Un texte similaire, prévoyant "l'arrêt des violences et l'accès de l'aide humanitaire aux zones les plus touchées", devait être examiné à partir de mardi au Conseil de sécurité à New York. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a appelé "solennellement la Russie et la Chine" à ne pas faire obstacle à ce nouveau projet de résolution.