Le Tribunal de district de Baden (AG) a condamné mercredi Daniel H. à 20 ans de prison, assortis de mesures d'internement simple pour l'assassinat de Lucie, la jeune fille au pair fribourgeoise de 16 ans, tuée en mars 2009.
"Vous avez tué Lucie et agi de manière particulièrement dénuée de scrupule, extrêmement égoïste et sournoise" a lancé à l'assassin le président du Tribunal de district de Baden, Peter Rüegg, lors du jugement. Pour les cinq juges, il était "difficile d'imaginer culpabilité plus lourde". Et d'ajouter qu'"un jeune être humain a été arraché à la vie de manière atroce".
Impassible
Le prévenu est resté impassible à l'annonce de sa condamnation. Son avocat commis d'office, Matthias Fricker, a qualifié le jugement de "peu surpennant". Dans la matinée, il avait réclamé une peine de prison limitée à 18 ans pour assassinat, assortie de mesures thérapeutiques "longues et intensives". La défense a rappelé que le prévenu avait été abusé sexuellement à l'âge de 11 ans par un ami de sa mère. Il s'agit d'une circonstance atténuante, selon elle.
Au terme du premier jour du procès mardi, le procureur avait quant à lui requis la prison à vie et l'internement à vie pour assassinat contre le meurtrier de Lucie. Selon l'accusation, le prévenu a agi "sans aucun scrupule". Cet homme est non seulement extrêmement dangereux, mais c'est aussi un manipulateur, a déclaré le procureur général Dominik Aufdenblatten.
ats/bri
Rappel des faits
Le 4 mars 2009, le jeune homme a abordé Lucie à la gare centrale de Zurich. Il a attiré la fille de 16 ans chez lui, prétextant qu'elle pourrait y gagner de l'argent en posant pour des photos liées à des articles de bijouterie. Le soir-même, il a tué brutalement l'adolescente à son appartement de Rieden-bei-Baden (AG). Le jeune homme s'est rendu à la police quelques jours plus tard. Il avait alors expliqué vouloir retourner en prison. En août 2008, il avait bénéficié d'une libération conditionnelle après avoir purgé 4 ans de réclusion dans un centre éducatif fermé après une tentative d'assassinat.
"Un acte bestial"
Le procès s'était ouvert mardi à Untersiggenthal (AG) presque trois ans jour pour jour après la mort de Lucie. Interrogé en début d'audience, le prévenu avait qualifié son acte de "bestial et épouvantable". Il avait ensuite raconté la journée du 4 mars 2009 avec calme, expliquant ne pas savoir pourquoi il avait tué l'adolescente fribourgeoise de 16 ans dans son appartement de Rieden-bei-Baden (AG).
"Thérapie possible, mais difficile"
Le Tribunal de district de Baden a étudié la possibilité d'interner à vie l'assassin de Lucie avant d'y renoncer. Les deux experts interrogés au procès n'ont pas exclu qu'une thérapie d'une très longue durée puisse être efficace, a invoqué la Cour. Mais elle aurait peu de chances de succès.
Le prévenu est d'une intelligence machiavélique. C'est un manipulateur qui présente des troubles de la personnalité et a une relation perturbée avec les femmes. Les experts estiment aussi que le meurtrier a répondu à des pulsions sexuelles, ce qu'il nie.
Contrairement à l'internement à vie, l'internement simple donne une chance au condamné de recouvrer un jour la liberté. Une fois la peine de réclusion purgée, l'autorité compétente doit réétudier chaque année si l'interné peut être libéré de manière conditionnelle.
Une telle décision n'est toutefois prise que si l'interné ne représente plus aucun danger pour la société. Tous les deux ans, les experts réétudient en outre son cas pour savoir si cette personne peut quitter le milieu thérapeutique stationnaire.