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Sorties CD: Bruce Springsteen en croisade contre la finance

Bruce Springsteen lors d'une conférence de presse en février 2012 à Paris. [DR - Yann Orhan]
Bruce Springsteen n'a rien perdu de sa combativité à 62 ans. - [DR - Yann Orhan]
Bruce Springsteen et ses chansons engagées, Anaïs et ses étranges reprises et Ed Sheeran, le nouveau chouchou britannique, font l'actualité musique de la semaine.

Bruce Springsteen rue dans les brancards dans son dernier CD et le "Boss" l'affirme dès le titre de son 17e opus: "Wrecking Ball" renvoie à la grosse boule suspendue à une chaîne qui est utilisée pour démolir des immeubles.

Et le chanteur de 62 ans a choisi une cible récurrente pour envoyer ses puissants boulets: le monde de la finance et des banques qui a transformé le rêve américain en cauchemar, affirme-t-il. La plupart des 11 titres vont dans ce sens, à l'image de "Jack of all Trades" et ses paroles très dures: "Si j'avais une arme, je trouverais ces salauds et je les tuerais à bout portant."

Le patriote Bruce continue le combat

La pochette de "Wrecking Ball".
La pochette de "Wrecking Ball".

La traduction des divers titres parle d'elle-même: de "Cette crise" ("This Depression") à "Argent facile" ("Easy Money") en passant par "Nous ne pensons qu'à nous" ("We take care of our own"), Bruce Springsteen s'attaque aux requins de Wall Street qui ont mis l'Amérique qu'il aime tant à genoux.

Une voix qui n'a pas changé ou presque en 40 ans de carrière et des mélodies transpirant la testostérone servent le plaidoyer de l'indigné chanteur. Côté musique, on passe du rock à la pop avec des touches gospel et même du rap. L'effet est là, on admire l'engagement, mais aucun titre ne réussit à s'imposer et le Boss reste encore et toujours associé à ses vieux tubes, "Born in the USA" ou "Nebraska".

Comment faire du neuf avec du vieux

Anaïs ne ressemble à aucune autre.
Anaïs ne ressemble à aucune autre.

Connaissez-vous Marie Dubas, Denise Provence ou Lili Fayol? Non? Pas étonnant, ces chanteuses vedettes des années 30 sont depuis longtemps tombées en désuétude. Du moins jusqu'à ce qu'une jeune artiste décide de les dépoussiérer. Pour son troisième album, l'atypique Anaïs offre en effet une reprise de 15 titres méconnus, qui sont décapés en profondeur, "A l'eau de javel", comme s'intitule ce disque complètement loufoque.

Entre nostalgie et modernité, Anaïs revisite ces vieux tubes, les chamboule et les réhabille. Le son devient rock, soul ou même électro, on s'y perd, on s'y plonge et on s'y délasse.

Mistinguett et Tina Turner réunies!

Anaïs est un peu fofolle et ne s'en cache pas. C'est tout d'abord une initiation déjantée aux télécrochets avec Dédé Manoukian aux manettes qui ouvre le CD. Puis le survolté et excellent "Je n'embrasse pas les garçons" fait écho à son premier tube, "Mon coeur, mon amour", où elle haïssait les couples. Si on aime moins la simulation d'ivresse de "Mon anisette" et la reprise de Piaf ("Mon Dieu"), le tout est sympa.

Et en concluant avec "Danseuse privée", Anaïs joue les schizophrènes anachroniques en réunissant virtuellement Mistinguett et Tina Turner sur un duo encore orchestré par Manoukian.

Ed Sheeran, le nouveau chouchou anglais

Ed Sheeran est le nouvel idole de la jeunesse britannique.
Ed Sheeran est le nouvel idole de la jeunesse britannique.

Celui qui a presque éclipsé Adele lors des derniers Brit Awards avec les trophées de meilleur artiste masculin et révélation de l'année quitte son Angleterre natale pour débarquer dans les bacs du continent. Ed Sheeran, qu'Elton John a pris sous son aile, sort "+", un CD folk tirant parfois sur le hip-hop.

Nouveau chouchou de la jeune génération, ce rouquin hirsute de 21 ans, dont la voix rappelle James Blunt, li vre 12 titres qui évoquent l'alcool, les filles et les problèmes de coeur. Sheeran passe du bon ("The A Team", "Lego House", où Rupert Grint, alias le Ron de Harry Potter, joue de sa ressemblance avec Sheeran) au très moyen ("This", "The City"). A suivre néanmoins.

Frédéric Boillat

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Les sorties à venir

Rufus Wainwright, "Out of Game" (17 mars)

Herbert Léonard, "Déclarations d'amour" (19 mars)

Leona Lewis, "Heart Glass" (23 mars)

Madonna, "MDNA" (26 mars)

Norah Jones, "Little Broken Hearts" (30 mars)

Jason Mraz, "Love is a Four Letters Word" (17 avril)

Lovebugs, "Life is Today" (20 avril)

Ariane Moffatt, "MA" (21 mai)

L'info musique de la semaine

Six grand-mères originaires d'un petit village de la Volga ont fait sensation en étant désignées avec enthousiasme pour représenter la Russie au concours de l'Eurovision en mai avec leur chanson folklorique "Party for everybody".

Le groupe "Bouranovskie Babouchki" (les grands-mères de Bouranovo), bourg de 650 âmes dans la région d'Oudmourtie à 1100 km au sud-est de Moscou, s'est imposé dans la nuit lors d'un concours organisé en Russie devant un public séduit par l'entrain de ces femmes âgées pour la plupart d'environ 70 ans.

Vêtues d'un costume traditionnel rouge et la tête couverte d'un foulard, les mamies se dandinent en interprétant "Party for everybody, come on and dance" ("La fête pour tous, venez et dansez"), refrain en anglais de cette chanson comportant des paroles en russe et en oudmourte, langue finno-ougrienne.

Désignées par des téléspectateurs et un jury professionnel lors d'une soirée retransmise à la télévision russe, les grands-mères en espadrilles traditionnelles ont battu tous les favoris.