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La Grèce réussit son pari de restructurer son énorme dette

Des manifestants devant le parlement grec. Athènes, le 29 février 2012. [ARIS MESSINIS]
"La Grèce n'est pas sauvée pour autant" (Andréas Höfert, chef économiste à l'UBS) / Le Journal du matin / 7 min. / le 9 mars 2012
La restructuration de la dette grecque est un succès: 83,5% des créanciers privés ont accepté l'échange d'obligations souveraines, évitant ainsi une faillite incontrôlée.

L'offre d'échange de dette lancée le 24 février par Athènes a recueilli près de 84% d'acceptation de l'ensemble des créanciers privés, dont 85,8% des seuls détenteurs d'obligations de droit grec, dans le cadre de la restructuration de la dette souveraine de la Grèce de plus de 350 milliards d'euros, selon les chiffres du gouvernement grec publiés vendredi matin.

"Les détenteurs d'approximativement 172 milliards d'euros d'obligations de droit grec" ont accepté la proposition faite par la république hellène d'échanger leurs titres de dette contre d'autres titres dont la valeur faciale a été réduite de plus de moitié, indique le communiqué. Sur la partie des titres de droit étranger, la participation n'atteint que 69%.

Echange imposé

Le taux d'adhésion global est supérieur au seuil minimum défini par la Grèce pour procéder à l'échange, soit 75%, et le pays évite ainsi un défaut incontrôlé. Ce taux est toutefois insuffisant par rapport à l'objectif de 90% que s'était fixé le gouvernement, ce qui explique qu'il ait recommandé vendredi l'activation des clauses d'action collectives (CAC) attachées aux obligations qui doivent être échangées.

Celles-ci imposent aux porteurs rétifs les termes de l'échange acceptée par une partie d'entre eux et devrait porter au final le taux d'acceptation à 95,7%, selon le communiqué du ministère des Finances. La décision d'activation des CAC devrait être examinée en commun par Athènes avec ses partenaires de la zone euro lors d'une téléconférence prévue vendredi à 12h00 GMT.

Des créanciers rétifs

Les partenaires de la Grèce veulent que le secteur privé fasse sa part dans l'effort de sauvetage du pays, avec une contribution suffisante pour assurer une réduction de la dette à 120,5% du PIB en 2020, un ratio censé garantir le retour du pays à la solvabilité.

Parmi les créanciers qui pourraient se voir forcés à radier des créances figurent notamment sept caisses grecques d'assurance santé et retraites, qui ont refusé d'engager leur mise, au total de 3,4 milliards d'euros. Le Premier ministre grec Lucas Papademos avait qualifié leur position de "myope et absurde".

Délai supplémentaire

Si les créanciers privés, qui vont devoir amortir des pertes réelles de l'ordre de 74%, avaient massivement traîné les pieds, le pays risquait une faillite incontrôlée le 20 mars, à l'échéance de remboursements de 14,4 milliards d'euros. Une restructuration réussie ouvre au contraire la voie au déblocage de prêts de 130 milliards prévus par la zone euro fin octobre.

L'échange concret des titres doit avoir lieu lundi 12 mars pour les obligations de droit grec, mais un délai jusqu'au 23 mars à 08h00 GMT a été accordé aux détenteurs de titres de droit non grec pour présenter leur réponse à la proposition. Ce délai signifie que la taux de participation finale pourrait encore augmenter. Il n'autorise pas ceux qui ont déjà adhéré à l'offre à revenir sur leur décision.

afp/dk

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Bourses en hausse

Peu avant l'annonce faite par Athènes, les Bourses asiatiques, le pétrole et l'euro étaient en hausse vendredi matin en Asie, portés par le succès probable de l'opération de restructuration de la colossale dette grecque.

A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei 225 gagnait 1,54% à la pause de la mi-journée. Vers 03h40 GMT, Sydney prenait 0,75%, Séoul 0,46%, Shanghai 0,40% et Hong Kong 1,02%. Toujours vers 03h40 GMT, l'euro progressait face au dollar et au yen. Le pétrole était lui aussi orienté à la hausse.

Jeudi, les marchés ont déjà salué la perspective d'une sortie grecque du tunnel: la Bourse de Paris a terminé en forte hausse jeudi (+2,54%), celle de Londres à +1,18%, et celle de Francfort à +2,45%, tandis qu'à Wall Street, le Dow Jones a pris 0,55% et le Nasdaq 1,18%.

Le résultat de l'opération salué

Le ministre grec des Finances a salué les résultats de l'offre. "Je souhaite exprimer ma gratitude à tous nos créanciers qui ont soutenu notre ambitieux programme de réforme et d'ajustement et qui ont partagé les sacrifices du peuple dans son effort historique", a affirmé Evangélos Vénizélos.

"Le taux de participation de 83,5% prouve le bien-fondé de l'accord trouvé entre le comité de pilotage (de l'IFF, ndlr), les autorités grecques et la zone euro sur les termes et conditions de l'échange volontaire de dette", négocié durant de nombreux mois, a réagi l'Institut de la Finance Internationale (IIF).

Le patron de l'IFF Charles Dallara, qui représente les principales banques de la planète, s'est félicité du fort taux d'adhésion des créanciers privés à l'opération qui, a-t-il rappelé, constitue "la plus importante restructuration de dette jamais entreprise".