Les Suisses ne veulent pas accorder six semaines de vacances à tous les travailleurs. Sans surprise, ils ont rejeté dimanche par 66,5% des voix l'initiative populaire du syndicat Travail.Suisse. Aucun canton ne l'a soutenue, même si les Latins y ont été plus sensibles.
Les efforts des milieux économiques ont payé. La centrale syndicale Travail.Suisse encaisse une lourde défaite.
Qui ferait le travail si tout le monde prenait une ou deux semaines de vacances supplémentaires, s'est demandée la ministre des finances Simonetta Sommaruga au nom du Conseil fédéral. La ministre de justice et police a précisé qu'elle partait du principe que les employeurs s'attacheront à des conditions de travail favorables pour réduire les coûts du stress, estimés à 10 milliards de francs.
Les Appenzellois des Rhodes-intérieures ont été les champions du "non", avec un taux de refus de 82,2%. Ils sont talonnés par les Obwaldiens (79,1%). La plupart des cantons alémaniques alignent des scores sans appel, entre 70 et 80% de citoyens opposés.
Au moins 4 semaines
L'idée d'augmenter les vacances a séduit davantage les Romands et les Tessinois, sans pourtant les convaincre. Les Jurassiens ne l'ont refusée que par 50,7% des voix, les Genevois par 52,6% et les Tessinois par 54,1%. Dans le canton de Vaud, le taux d'opposition a atteint 58,9%, à Neuchâtel 59,1%, et à Fribourg, 62,9%. Quelque 69,7% de Valaisans ont dit leur rejet de plus de vacances, tout comme 68,5% de Bernois.
Depuis 1984, la loi accorde un minimum de quatre semaines de vacances par an à tous les travailleurs. Les jeunes ont droit à cinq semaines jusqu'à 20 ans. Mais diverses branches et administrations offrent davantage de jours fériés à leurs employés, portant la moyenne nationale à cinq semaines par an. En comparaison internationale, la Suisse caracole en tête pour ce qui est de la durée de travail hebdomadaire et figure à la traîne pour les congés payés. Une semaine de vacance supplémentaire aurait coûté 2% de la masse salariale ou 6,8 milliards de francs au total.
ats/lan
LES REACTIONS
Josiane Aubert (PS/VD), vice-présidente de Travail.Suisse
"Nous devons prendre acte de la décision du peuple mais nous avons fait émerger une thématique très importante: la pression croissante et le stress au travail. Il faudra bien trouver une solution".
Jean Christophe Schwaab, secrétaire central de l'Union syndicale suisse (USS) et conseiller national (PS/VD)
"Pendant la campagne, nos adversaires ont dit que c'était le rôle des partenaires sociaux de prévoir plus de temps de récupération. Nous allons donc les prendre au mot ".
Le comité bourgeois contre l'initiative
Le comité, qui rassemble l'UDC, le PLR, le PDC, le PBD et les Verts libéraux, se réjouit du résultat clair. Cette décision permet à la Suisse de rester compétitive et de conserver des emplois.
Les organisations patronales
Elles ont réagi avec satisfaction à l'annonce des résultats, en louant le "sens des réalités" des Suisses. Les citoyens se sont rendu compte qu'accorder six semaines de vacances à tous les employés serait trop lourd pour les PME.