L'émissaire international Kofi Annan a conclu dimanche une mission en Syrie sans parvenir à un accord pour mettre fin à un an de violences, au moment où les forces du régime intensifiaient leur offensive sur la province rebelle d'Idleb et d'autres bastions de la contestation.
Kofi Annan a quitté Damas après avoir présenté au président Bachar al-Assad une "série de propositions concrètes" en vue d'arrêter le bain de sang, mais sur le terrain, la spirale de la violence a fait plus de 120 morts en deux jours et rien ne montre qu'elle va faiblir.
"La situation est si mauvaise et dangereuse qu'on ne peut pas se permettre d'échouer", a affirmé l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe aux journalistes au terme de sa visite, se déclarant "optimiste" tout en reconnaissant que sa tâche était ardue.
Proverbe africain
Kofi Annan a indiqué avoir présenté "une série de propositions concrètes qui auraient un impact réel sur le terrain", sans en préciser la teneur. "Le seul moyen d'avancer, c'est de faire des compromis et des concessions. Il faut arrêter les meurtres, la misère et les abus commis aujourd'hui, puis donner du temps au règlement politique", a-t-il dit à Damas au terme de son second entretien avec le président Assad.
Affirmant qu'il était impossible de "résister longtemps au vent de changement qui souffle actuellement", Kofi Annan a déclaré: "J'ai pressé le président (Assad) de lire le vieux proverbe africain qui dit +tu ne peux pas faire tourner le vent, donc fais tourner ta voile+".
Les autorités syriennes n'ont pas réagi dans l'immédiat à ces déclarations. Les médias officiels, absents dimanche de la conférence de presse de Kofi Annan, n'ont pas rapporté ses dernières déclarations, se contentant de reprendre celles du président Assad la veille, prévenant que le dialogue était voué à l'échec tant qu'il y aurait "des groupes terroristes oeuvrant pour semer le chaos", en référence aux rebelles. (lire: Le président syrien reste ferme face à l'émissaire Kofi Annan).
agences/lan
Plus de trente morts
Alors que Kofi Annan était reçu à Damas, les forces gouvernementales ont intensifié leur offensive contre les combattants rebelles notamment dans les régions d'Idleb (nord-ouest), de Damas et de Hama (centre), et la répression des manifestations à travers le pays.
Au moins 34 personnes ont été tuées dimanche, dont la moitié dans la province d'Idleb, où les troupes se préparaient depuis plusieurs jours à une offensive semblable à celle lancée contre Baba Amr, quartier rebelle de Homs repris le 1er mars par l'armée après un mois de siège et de pilonnage meurtrier.
Champion de boxe assassiné
Le champion de boxe syrien Ghiath Tayfour a été assassiné dimanche à Alep (nord), la deuxième ville du pays peu touchée par la contestation hostile au régime, a rapporté l'agence officielle Sana.
Un "groupe terroriste armé a tiré sur lui alors qu'il passait en voiture devant la cour de l'Université d'Alep", a précisé l'agence. Il est mort aussitôt, touché par cinq balles à la tête, a ajouté Sana.
Ghiat Tayfour a remporté le championnat national de boxe en 1984, puis il a conservé sont titre jusqu'en 1998, selon Sana.