"Excès de béton sur l'Alpe", "laisser-aller dans l'aménagement du territoire", "appât du lucre au détriment du paysage", "nuées de chalets construits de façon désordonnée": la majorité des médias suisses s'accorde sur les raisons qui ont poussé les Suisses à accepter l'initiative de Franz Weber, limitant le taux de résidences secondaires à 20% par commune.
Les promoteurs montrés du doigt
"Le Valais et ses promoteurs de l'extrême paient aujourd'hui pour des décennies d'abus et de bétonnage sauvage", pointe du doigt la "Tribune de Genève". Et "24heures" de mentionner l'"arrogance vindicative" des opposants à l'initiative qui "ont sans doute fait beaucoup pour le succès du texte".
Le "Quotidien jurassien" voit dans ce vote "l'expression d'une certaine lutte des classes". D'une "Suisse du bas" qui "a dit non à l'arrogance des riches, des promoteurs immobiliers du haut qui font leur blé grâce aux fortunés propriétaires suisses ou étrangers".
Divorce ville-montagne
Pour "Le Nouvelliste" au contraire, le scrutin exprime un "divorce" entre la "Suisse citadine" et la "Suisse alpine". Le quotidien valaisan met en garde contre les coûts de "cette jolie et rassurante vision d'un Heidi-Land 'tip-top in Ordnung'", soit des pertes d'emplois, des budgets cantonaux resserrés et un "assistanat accru" des cantons concernés, via la péréquation fédérale.
Victimes collatérales
Les villages périphériques "souvent en panne de développement" situés sur le Plateau suisse et qui "ne font pas l'objet d'un tourisme effréné" seront les "victimes collatérales" du bras de fer de l'écologiste Franz Weber contre "les promoteurs de Verbier, Veysonnaz ou Crans-Montana", déplore "La Liberté".
Cette nouvelle contrainte "aura au moins le mérite de pousser les autorités à la réflexion", relève "Le Matin". Les cogitations ne devraient pas se limiter aux résidences secondaires, toutes les autorités cantonales et communales "seraient bien inspirées de mieux penser (...) le développement de leur propre territoire", suggère le journal romand.
La portée de l'initiative est cependant à relativiser, estime "Le Temps". "La définition même de la résidence secondaire offre une certaine marge de manoeuvre", note le quotidien. Quoi qu'il en soit, "les grues et les bétonneuses ne vont pas quitter de sitôt nos stations de montagne", prédit "24heures" qui rappelle l'initiative des Alpes votée en 1994.
"Près de 20 ans après, les camions continuent tranquillement à traverser les Alpes", glisse le quotidien vaudois. Le pire serait que ce scrutin soit "à nouveau un vote symbole" impossible à mettre en oeuvre, renchérit l'"Aargauer Zeitung".
ats/pym